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L'invitation: seconde partie

L'invitation: seconde partie

Veröffentlicht am 15, Aug., 2024 Aktualisiert am 15, Aug., 2024 Horror
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L'invitation: seconde partie

Londres, Chambre de Lords

 

La séance avait commencé il y a déjà plusieurs heures, entraînant fatigue et énervement chez les nombreux hommes assemblés dans la salle. La lourdeur de la chaleur de juillet se faisait ressentir, et la grande majorité des Lords avaient ôté leur veste et retroussé leur chemise. Le sujet du jour était les pouvoirs accordés à l’armée, abordés avec véhémence par une dizaine de participants, suivi avec attention par la majorité et boudé par les quelques individus restants.

Edward Carlson s’était vu obligé de participer à la réunion par son frère, d’ailleurs un des plus fervents intervenant dans la dispute à cause de la controverse dans laquelle il s’était retrouvé.

 

-Je t’ai tiré d’affaire. Mais dorénavant, fais-toi tout petit. L’avait sermonné son cadet quelques semaines plus tôt. Et corresponds à ton rang bon Dieu !

 

Le psychiatre avait donc haussé les épaules et avait accepté de suivre Auguste Carlson à la Chambre. Cependant, cela l’ennuyait profondément. Il continuait donc plus ou moins discrètement de noter ses théories concernant les hallucinations d’Élisabeth. Il ne croyait pas aux sciences occultes, mais les mots que l’internée lui avait adressés des mois auparavant l’avaient interloqué, de par leurs allusions à ses travaux.

Et puis faire abstraction de l’assemblée le calmait, l’apaisait.

Trop de monde. Trop de sensations. Trop de bruits. Le cliquetis des montres à gousset. Le froissement du papier. Les murmures. Les grincements du bois. Les voix des débatteurs. Son propre souffle. Son cœur en train de s’affoler. Si bien qu’il ne se rendit pas compte qu’une femme était entrée dans la salle, faisant taire les Lords

 

-Excusez-moi pour cette interruption, gentleman, mais j’ai une lettre urgente pour Lord Carlson.

-Et bien donnez-la-moi, ne nous faites pas attendre Miss, s’impatienta Auguste Carlson.

-Je suis désolé Monsieur, hésita la secrétaire de sa voix fluette, mais elle est adressée à votre frère, Lord Edward Carlson.

 

Elle s’avança vers le dénommé, lui tendant une enveloppe couleur corbeau, cachetée du sceau de la famille royale d’Espagne. Il leva la tête et s’en saisit, impassible.

Tous les regards étaient fixés sur lui tandis qu’il parcourait la lettre des yeux, ses sourcils s’arquant de surprise, puis se fronçant d’étonnement au fil de sa lecture, ce qui changeait radicalement de son expression neutre habituelle.

Au bout d’un moment, il se leva, remercia la secrétaire et se dirigea vers la porte, sous les chuchotements agités de ses pairs. Un homme ventripotent aux cheveux gris dégarnis se mit également debout, criant au déserteur de la tribune où il était perché :

 

-Lord Carlson ! Votre renommée ne vous autorise pas à quitter cette assemblée comme bon vous semble ! Peu importe l’importance de cette missive, vous devez attendre la fin de cette séance, quand bien même si votre présence est aussi remarquée est remarquable que si vous n’étiez pas venu !

 

Il y eut quelques rires, toujours des chuchotements, et un troisième homme se leva, marchant d’un pas furieux vers le psychiatre pour lui saisir le poignet. Cet homme ressemblait comme deux gouttes d’eau à Edward, à la différence qu’il était un peu plus gras, portait à sa main gauche une alliance et conservait une petite moustache sel et poivre qu’il arborait avec fierté.

Auguste Carlson se pencha vers son ainé, pour siffler à voix basse :

 

-Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans « fais-toi tout petit » ? Retourne t’asseoir immédiatement avant que notre honneur à tous les deux n’en soit entaché.

 

Edward le fixa plusieurs secondes, avant de se tourner vers les Lords.

 

-Honnêtement Lord Billwood, asséna-t-il à l’homme qui l’avait interpellé, je n’ai que faire de vos inepties. Je n’ai pas de compte à vous rendre et n’estime pas avoir besoin de restaurer un quelconque honneur, contrairement à certains dans cette pièce. Il jeta un coup d’œil à son frère, qui avait pâli. Des affaires urgentes m’appellent et je n’ai plus de temps à perdre dans cette ruche dégoulinante d’hypocrisie.

 

Il se libéra de la poigne d’Auguste et se dirigea de nouveau vers la sortie.

-Edward Carlson ! s’égosilla Lord Billwood. Si vous franchissez cette porte, nous vous bannissons de la Chambre des Lords et demandons au roi de vous retirer votre titre !

-Soit, soit, soupira le médecin d’un air ennuyé. Faites selon vos désirs.

 

Il allait définitivement partir sous les rumeurs sidérées et outrées qui grondait dans la salle de plus en plus fort, lorsqu’il se retourna une ultime fois, observant l’assemblée de son regard d’orage avant de le poser dans celui de son interlocuteur, devenu rouge, pour ajouter :

 

-Pour votre information, je préfère de toute façon le terme Docteur Carlson pour me désigner, n’en déplaise à mon frère. Sur ce, gentlemen, je vous souhaite à chacun une agréable journée.

 

Et il quitta la salle pour de bon, faisant claquer la lourde porte derrière lui, décidé à mettre ses travaux en ordre avant de partir pour l’Espagne, à Cadix, afin d’y rejoindre une certaine Luzia Ifelis Dela Ria.



Paris, boulevard Voltaire, demeure des De Belleau

 

La patronne l’avait fait demander, l’arrachant à une Marie furieuse que sa mère lui enlève SA demoiselle sans prévenir. Sarah attendait donc devant la porte du petit salon, les bras rangés sur le côté comme ceux d’un petit soldat de plomb, que Madame ne daigne la faire entrer.

Cette convocation l’avait surprise, car Louise De Belleau la méprisait ouvertement et au plus haut point, ne se donnant pas conséquent pas la peine de lui adresser la parole à moins que la jeune fille ne se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment, ou alors qu’il ne se passe quelque chose d’important.

-Entre Sarah.

 

La jeune femme s’exécuta et pénétra dans la pièce. La maîtresse de maison l’attendait, assise dans un canapé recouvert de soie, un long cigare à la main, ses cheveux blonds bouclant élégamment sur ses épaules, et une lettre noire ouverte posée sur la table basse devant elle.

 

-Vous avez besoin de quelque chose Madame ? s’enquit Sarah en tâchant de prendre une voix aussi servile que possible. Dois-je préparer votre fille pour une énième réception ? Me mettez-vous enfin à la porte ?

-Ne sois pas insolente, veux-tu ! renchérit sèchement la femme. Si cela ne tenait qu’à moi, tu ne serais plus ici à te prélasser depuis longtemps. Mais Marie s’est habituée à ta présence et refuse de se séparer de toi, donc ce n’est pas envisageable.

 

Elle tira une bouffée de tabac, l’air fatigué. L’odeur de la nicotine bien présente dans la pièce indiquait que Mme De Belleau fumait déjà depuis au moins une heure, habitude désagréable pour les narines dont son mari et les médecins lui suppliaient de se débarrasser. Sans grand succès.

Après un silence, elle pointa la lettre du menton en ajoutant :

 

-Nous sommes invités à une fête chez un membre influent de la politique et royauté espagnole à Cadix dans une semaine. Chez une certaine Luzia Ifelis Dela Ria.

-En quoi cela me concerne-t-il ? J’imagine que je ne suis pas du voyage.

 

Louise agita ses doigts, agacée

 

-Et bien justement si. Marie aura besoin de toi, et de toute façon, Mme Ifels Dela Ria exige que l’on amène un domestique pour les préparatifs. Tu partiras quelques jours avant nous, à ses frais. Le train quitte la gare mercredi prochain et tu changeras à Bordeaux. À Séville, tu prendras un troisième train en direction de Cadix.

-Bien Madame. Autre chose ?

-Non ce sera tout. Déguerpis maintenant.

 

Elle congédia la jeune femme d’un claquement de doigts. Sarah se dirigea vers la chambre de Marie, légèrement contrariée. Cela lui donnerait du retard sur son programme. Mais soit. C’était le prix de quelques jours de tranquillité.

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Et encore une fois pour cloturer un chapitre, j'ai l'honneur de vous présenter une sublime illustration, réalisée à nouveau par @ElysioAnemo, sans qui je dois bien l'avouer, je ne serai et ne ferai pas grand chose. Je vous présente donc Edward Carlson dans toute sa splendeur !

(Au passage, je veux le même costard. )

 

 

 

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Kommentar (3)

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Claire Brun vor 3 Monaten

Très beau, Edward Carlson!

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Elysio Anemo vor 3 Monaten

J'aime beaucoup Edward qui envoie valser toute la Chambre des Lords dans un calme grandiloquent !

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Cheshire vor 3 Monaten

Crois moi j'ai pris du plaisir à l'écrire, surtout avec ton dessin en tête 😂

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