Chapitre 2 - BROCELIANDE, juillet 491
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Chapitre 2 - BROCELIANDE, juillet 491
Les deux hommes cheminaient à présent l’un derrière l’autre, le plus âgé en tête. Il portait autour du cou un lourd torque d’argent terminé à chaque extrémité par une tête de serpent 1 et ses cheveux décolorés étaient noués en deux longues tresses entrelacées. Il revêtait un ensemble composé d’une tunique rouge et orange et d’un pantalon à carreaux verts et jaunes attaché au-dessus de ses bottes en cuir. Un léger manteau fixé à l’épaule par une fibule en argent également complétait son accoutrement. Si le plus jeune avait lui aussi une longue chevelure bouclée et huilée, ramenée en fines tresses au-dessus des tempes, en revanche il ne portait pas de torque, et, en comparaison, les couleurs qu’il arborait semblaient plus sobres, le vert de sa chemise plus tendre, le jaune de ses braies plus pâle et le rouge de son manteau moins vif.
Leurs pas les menaient dans la direction du soleil levant.
Les ardeurs de l’astre solaire déjà en place étaient le plus souvent contenues par la rangée de troncs rectilignes qui se déroulait devant eux mais parfois une brusque hésitation du sentier prenait leur alignement en défaut et un rayon rasant surprenait alors les marcheurs, les obligeant à lever la main ou baisser le regard comme dans un geste de soumission.
Le long du sentier végétaient quelques fougères-aigle au plumage délité sous le soleil de l’été et dont les frondes effrontées se rabougrissaient en petites pelotes rousses. Parfois une clairière inattendue étalait ses herbes jaunies en touffes rapprochées et la bouffée de ciel qui se découpait était une respiration dans la partition que jouaient les hêtres et les chênes à l’unisson.
« La fontaine n’est plus très loin, Merlin », dit enfin Gwench’lan, le plus âgé des deux.
L’autre acquiesça d’un revers de gorge. Il n’avait pas encore trente ans et la poussière que ses pieds levaient retombait bien loin de la terre qu’ils foulaient d’ordinaire, sur les côtes du Gwynedd ou celles du Dyvet. 2 Il avait embarqué depuis les rives de la mer d’Irlande, avait remonté la Manche jusqu’à Aleth 3 sur un bateau de commerce et s’était dirigé vers l’antique cité des Redones 4 avant de s’enfoncer dans la forêt de Brocéliande. S’il était déjà venu à plusieurs reprises en Petite-Bretagne, la mission de ce jour était autrement plus importante.
Les supérieurs de son ordre étaient parvenus à renouer le contact avec un peuple disparu depuis longtemps, les Tuathas Dé Danann 5. Ce peuple, après être resté un millénaire en Irlande, avait renoncé à son territoire sous la pression des Hommes 6 et était reparti, au-delà des mers, ou en dessous des terres, nul ne savait très bien ou situer ‘l’Autre-Monde’ que les récits leur attribuaient. La croyance populaire en avait fait des Dieux malgré leur soi-disant défaite et les Hommes furent fiers de leur succéder. La tradition expliquait même leur disparition par un partage de la terre d’Irlande, partage qui aurait laissé la surface aux
Hommes 7 et donné le sous-sol et les lointaines îles du Nord aux Tuathas. Cette tradition racontait encore qu’après ce partage les Tuathas auraient obtenu de Manannán Mac Lir, souverain bienveillant et lumineux de l'Autre Monde transmarin, d’une part son don d’invisibilité et d’autre part ses cochons fabuleux qui leur auraient assuré une nourriture éternelle. Tués le soir et mangés la nuit ces cochons avaient en effet la particularité d’être de nouveau vivants le lendemain matin. Les Tuathas auraient également bénéficié des pouvoirs de la bière brassée par Goibniu, leur dieu forgeron, qui les aurait préservés de subir les atteintes de l’âge 8.
A l’époque quelques hommes conservèrent néanmoins des liens avec eux, les considérant comme des pères nourriciers. Ils bénéficièrent de leur enseignement et c’est ainsi qu’apparut un ordre d’initiés, le druidisme 9. Ces hommes atteignirent un degré de sagesse et une aptitude à la prophétie élevés, ce qui leur permit pendant quelques siècles de prendre place auprès des gouvernants de toutes les tribus réparties sur la terre celtique, en Irlande, sur l’île de Bretagne 10, en Armorique mais aussi dans le reste de la Gaule si l’on souscrivait à la parole de Jules César 11. Les druides et les rois formaient alors un couple garant de la bonne marche du royaume. Merlin, tout comme Gwench’lan, appartenaient à cet ordre et le jeune druide avait été désigné pour parlementer avec l’un de ces sidhés 12, après plus de sept cents ans de séparation… Il avait conscience de l’honneur qui lui était fait et ne doutait pas que le rétablissement des relations aurait une portée considérable pour les deux Bretagne, la Grande et la Petite.
On entendait à présent le babillage de l’eau naissante, heureuse de se libérer enfin de l’entrave de la roche et de laisser libre cours à son impatience. Enfin la fontaine fut là, modeste résurgence entourée de blocs de pierre qui lui donnaient malgré tout une certaine contenance. Elle était abritée par un taillis de chêne lui-même dominé par un pin altier, sorti de nulle part et semblant empreint d’un orgueil démesuré.
« Mais, il n’y a personne ! » s’étonna Merlin.
Son compagnon répondit :
« Un sidhé se dévoile quand l’envie lui en vient ! Mais rassure-toi, je perçois les signes de sa présence. »
Il montra de la main les nombreux oiseaux installés dans les branches au-dessus de la fontaine, des rouges-gorges, mésanges et rossignols, mais aussi quelques merles et un couple de pies, tous étonnamment silencieux.
« Elle est là… » dit encore Gwench’lan tout en s’adossant à un arbre en bordure de la petite clairière.
« Elle ? » s’étonna le jeune homme qui préférait rester debout en examinant attentivement les lieux.
Une jeune femme lui apparut soudain, assise sur la margelle, une insolite dalle de granit dans cette région de schiste et de grès. Ses pieds nus reposaient dans l’eau froide et elle peignait délicatement ses longs cheveux qui semblaient ruisseler le long de son corps ondoyant. Les oiseaux manifestèrent, timidement au début, puis leurs chants s’amplifièrent joyeusement.
« C’est elle que les Tuathas nous ont déléguée pour ambassade ? » se demanda Merlin.
Elle était vêtue d’une longue robe blanche soyeuse brodée au col et aux manches, qui attisait les reflets de l’eau et les diffusait à nouveau dans chacune de ses fibres. Un reste de couleur rejaillit furtivement sur le drapé à ses pieds dans un parfait accord de ton et de mouvement avec la mousse qui ondulait sous le courant léger et, le temps d’un battement de cils, le bas de la robe s’estompa à nouveau, laissant l’œil chercher en vain à reconstituer un corps qui jouait avec le regard. Une ribambelle de bulles en profita pour frétiller jusqu’à la surface et se volatiliser dans un crépitement évanescent. L’idée extravagante que c’était là tout ce qui restait des pieds de la jeune fille vint à l’esprit désorienté de Merlin.
« Elle possède le Feth Fiada 13! » pensa-t-il.
La sidhée leva la tête avec grâce vers les visiteurs. Son cou, blanc et délicat comme celui d’un cygne, se passait de toute ornementation.
« Je suis ravie de te revoir Gwench’lan, dit-elle.
— Le plaisir est pour moi, noble demoiselle, et je suis certain que Merlin, mon compagnon, partage mon avis.
— Je suis heureuse de faire ta connaissance, Merlin. Mon nom est Viviane et c’est bien moi que notre roi, Penn Awnfnn, a envoyé pour te rencontrer.
— Je te souhaite le bonjour Viviane, dit enfin le jeune druide encore déconcerté par cette soudaine apparition et ne sachant plus quelle attitude adopter alors que le chant des oiseaux était devenu une douce harmonie à ses oreilles 14.
— Mets-toi à ton aise, je t’en prie, reprit Viviane,j’ai hâte de t’écouter. »
Merlin resta debout devant elle, hésitant sur la conduite à tenir.
« J’avais préparé un discours, mais tu es si jeune que je crains de te lasser avec nos pitoyables affaires humaines !
— J’ai vécu plus de printemps que toi, ton père, ton grand-père et encore au moins dix générations avant toi n’en ont accumulés à eux tous. Et je suis curieuse de votre Histoire car s’il est vrai que mon peuple dissuade habituellement les bateaux qui croisent parfois autour de nos îles d’aborder sur nos terres, j’ai eu l’occasion, il y a de nombreuses années, de m’entretenir avec un jeune prince d’Irlande qui s’appelait Bran et qui avait eu l’autorisation de s’amarrer. J’étais à peine sortie de l’enfance mais ses récits sur vos querelles lancinantes et vos étonnants et tragiques destins m’ont émue. »
Un ancien chant revint en mémoire du druide, un chant qui vantait en effet le périple d’un certain Bran, fils de Febal. Il aurait apparemment atteint et visité ces îles du Nord, pourtant engluées dans une mer immobile qui décourageait toute navigation 15. Son histoire était encore à ce jour racontée par les bardes qui se la transmettaient de maîtres à élèves depuis des générations.
« Je te prie de pardonner mon impolitesse et je remercie Penn Awnfnn de t’avoir choisie car en vérité je ne désirerais à présent nulle autre que toi pour m’écouter. »
Elle s’était mise à tresser ses cheveux et le va-et-vient hypnotique et régulier de ses mains était comme le flux et le reflux d’une vague apaisante dans l’esprit de son interlocuteur.
« Tu es tout excusé, Merlin, Gwench’lan m’avait d’ailleurs prévenue que j’allais rencontrer le plus jeune des druides au service du Haut-Roi de Bretagne…
— J’officie en effet dans l’entourage d’Uther Pendragon.
— Alors j’imagine que tu as beaucoup de choses à raconter et je suis impatiente car, si j’ai suivi les péripéties de votre race en Irlande grâce aux contacts que nous avions maintenus dans ce pays, je connais bien moins son évolution sur l’île de Bretagne. Sommes-nous encore considérés comme d’anciennes divinités ? Redoute-t-on de nous voir surgir et revendiquer notre place ? »
Elle avait demandé cela d’un air ingénu, n’attendant probablement pas de réponse positive à ses questions.
« Mes compatriotes, du moins la classe la plus lettrée, ont depuis longtemps cessé de croire en des dieux vivant ensemble dans les cieux, dans les îles lointaines ou dans un monde souterrain. Ils ont remplacé la vénération de la déesse-mère par l’étude des sciences, la pratique de la philosophie et une conception plus ordonnée du monde. A cette époque les cultes du passé n’étaient déjà plus que la manifestation des différentes formes que prend la divinité unique, celle que nous ne nous autorisons pas à décrire.
— Tant mieux, je n’appréciais pas beaucoup que le nom de mes parents se retrouve clamé au cours de vos guerres intestines !
— Au début nous avons néanmoins continué à assurer la cohésion entre ces nouvelles doctrines philosophiques et les croyances populaires de nos concitoyens, empreintes de dieux locaux, de magie et de cultes telluriques. Nous devions nous placer au-dessus des rites religieux, à mi-chemin entre le divin et les Hommes. Pour le peuple nous fréquentions l’au-delà et avions la compréhension des choses divines. Celui qui ne respectait pas le jugement d’un druide ou qui n’honorait pas sa peine se condamnait lui-même à être définitivement écarté des cérémonies.
— Ainsi les affaires religieuses sont devenues un outil d’administration pour votre ordre ? demanda Viviane.
— En quelque sorte, mais notre objectif était la reconstruction de la société divine idéale car ce qui est en haut doit se retrouver en bas. Nous voulions changer les esprits, combattre la loi du plus fort afin d’installer des comportements de solidarité.
— Le rêve est louable mais la tâche est phénoménale !
— Elle l’était, mais notre ordre était pluridisciplinaire, composé de bardes, chargés de louer ou de blâmer les rois, d’arbitrer les conflits privés et d’assurer la mémoire collective, de vates, pratiquant la divination, les augures et procédant aux sacrifices et enfin de druides, dont le rôle était de diriger le culte, d’élaborer les lois, de pratiquer la médecine et bien sûr de transmettre leur savoir aux plus jeunes. Vingt ans étaient à peine suffisants pour maitriser l’ensemble de nos connaissances…
— Tout réapprendre, à chaque génération… un travail colossal…
— Nous enseignions les différents domaines du droit, le droit civil, le droit de propriété, le droit international, mais également toutes les disciplines que vous nous aviez fait connaître ; l’astronomie, le calcul, les mathématiques, la physiologie 16, la médecine, la chirurgie, la thérapie par les plantes, le dessin, la construction, la généalogie... »
Viviane écoutait attentivement le résumé rapporté par Merlin.
« Tu parles au passé et le timbre de ta voix est empli de regrets.
— Il est vrai que cette période glorieuse n’a duré qu’un temps, jusqu’au moment où les légions romaines ont cherché à s’accaparer nos terres.
— J’ai entendu parler de la soif de conquête d’un dénommé César. »
Gwench’lan eut un geste de la main comme pour balayer le nom du proconsul romain et intervint d’une voix méprisante :
« César était un ambitieux avide de pouvoir, qui cherchait la gloire à l’extérieur de son pays afin de s’imposer ensuite à Rome ! »
Merlin reprit :
« Ses deux expéditions en Bretagne furent repoussées sans trop de difficultés mais il faut avouer qu’il n’avait jamais vraiment eu l’intention de se lancer à la conquête de notre île. Il s’agissait pour lui d’une simple opération de prestige. Par contre ses successeurs 17 revinrent avec l’intention de s’installer définitivement par contre. La résistance fut âpre et après la destruction de notre sanctuaire le plus précieux, sur l’île de Môn 18, la révolte fut à son apogée et toucha presque tous les peuples, sous la conduite de la reine Boadicée.
— Une femme à la tête des armées ?
— Héroïque était sa conduite, son nom signifiait « Victoire ». Elle mena son propre char, ses deux filles avec elle. Malheureusement, dans leur dernière confrontation avec les légions, les troupes romaines, plus légères, eurent l’avantage et firent un carnage 19. »
L’émotion était palpable dans la voix de Merlin à l’évocation de cette époque douloureuse. Il continua néanmoins.
« Puis, comme en Gaule, l’énorme machine à opprimer les peuples qu’était l’administration romaine a fonctionné et a écrasé toute velléité d’indépendance. Les romains apportèrent avec eux leurs dieux et, plus grave encore, des représentations à l’image de leurs dieux. Les nobles bretons disposèrent ainsi à l’entrée de leur demeure de multiples statuettes chargées de protéger leur foyer ; ils pratiquèrent les rites religieux individuellement, dans des petits temples recevant au passage les dévotions des habitants aux alentours. Ainsi, dans ce domaine également, ils se sont peu à peu affranchis de leur dépendance envers notre ordre.
— Il en fut de même ici, en Armorique, intervint Gwench’lan, les nobles délaissant également le dur apprentissage que nous leur proposions au profit d’un enseignement à la romaine, moins exigeant. Notre institution disparut complètement.
— En Bretagne notre influence dura plus longtemps, reprit Merlin, mais à son tour notre pouvoir concernant les affaires judiciaires et politiques s’effrita lui aussi, inexorablement. Alors que jusque-là notre rôle de médiateur entre les différentes nations avait toujours été respecté, nous fûmes de moins en moins sollicités et confinés petit à petit dans nos peuples respectifs, réduits au rôle de vulgaires devins.
— Je suis triste pour vous, dit Viviane.
— Puis la puissance de Rome a faibli à son tour au bout de quatre siècles, mise à mal sur le continent par des hordes de Germains qui repoussaient constamment les légions ce qui amena les empereurs à délester l’île de Bretagne de ses troupes pour les rapatrier plus près de leur base 20. Après le départ des soldats et l’affaiblissement du pouvoir central, les multiples roitelets bretons reprirent leur indépendance et leurs anciennes habitudes. Les derniers membres de notre ordre profitèrent de l’occasion pour tenter de se rapprocher du pouvoir. Aujourd’hui il est temps pour nous de renouer avec les anciennes alliances afin de restaurer les valeurs qui furent les nôtres.
— Noble ambition de la part des druides, précisa Viviane.
— Je ne sais pas pourtant pas aujourd’hui si nous avons même seulement le droit de reprendre à notre compte le nom de druides. Certes, le peuple nous y invite, espérant ainsi le retour des coutumes ancestrales qui lui rendraient sa fierté d’antan car il n’a jamais suivi nos élites dans leur assujettissement aux mœurs et aux usages de Rome. Mais les braises de notre culture sont-elles encore assez chaudes pour rallumer les flammes et éclairer les chemins de demain ?
— Pourtant ne viens-tu pas toi-même des régions montagneuses au Nord de la Bretagne, là où la tradition druidique était la plus forte ?
— Oui, je suis originaire de ces terres rudes que Rome a confiées à mon peuple afin qu’il contienne les Pictes 21 et les Scots 22, ces tribus qui avaient refusé d’ouvrir leurs frontières aux commerçants romains et à leurs métiers d’argent et qui ont toujours empêché Rome d’étendre son influence comme dans le reste de l’Empire. Mais après le retrait des légions romaines, il a été impossible à nos forces de repousser seules l’ardeur de ces guerriers belliqueux, et la famille de mon père, comme d’autres, s’est résignée à migrer vers le Sud 23.
— Je suis bien désolé pour toi, Merlin, que nos successeurs ne se soient pas assagis. »
Viviane prononçait son nom avec tant de grâce et de douceur que le jeune druide sentait son cœur s’emballer à chaque fois et qu’il avait du mal à garder en tête l’objectif de la conversation d’autant plus que son esprit était bercé par le chant de l’eau vive. Il prit un peu de temps pour retrouver le fil de la discussion.
Gwench’lan en profita pour intervenir à nouveau :
« Entretemps le christianisme s’est répandu dans l’empire romain en suivant la filière administrative et l’évêque de Rome a pris tout naturellement une grande importance dans l’administration ecclésiastique. Aujourd’hui les Chrétiens nous accusent de vouloir restaurer les pratiques anciennes, trop païennes à leurs yeux. Ils sont allés jusqu’à interdire l’adoration du culte des arbres, des fontaines et des pierres ! 24 »
Gwench’lan semblait plus en colère contre les Chrétiens que contre les Romains.
« Le temps est loin, poursuivit-il, où, pendant les banquets, on réservait la première catégorie du cochon aux rois et aux druides laissant les nobles se partager les autres morceaux en fonction de leur titre. A présent les théologiens ont remplacé les druides à la table des rois, et nous nous sommes vus offrir, au fur et à mesure du temps, des morceaux de catégorie de plus en plus basse, le second choix du filet, la cuisse, l’épaule, les côtelettes, la jambe, le pied et pour finir parfois, des morceaux de troisième choix… Ces théologiens baptisent à tour de bras 25, le message chrétien de la résurrection n’est finalement pas très éloigné de notre propre philosophie et nombreux sont ceux qui se sont convertis tout en gardant bien souvent leur mode de vie antérieur. La nouvelle religion leur promet la même vie après la mort dans un Paradis qui semble être un domaine enchanté derrière des grandes murailles d’or et de pierres précieuses avec des bois toujours verts, des fruits toujours mûrs, et des oiseaux qui chantent… Un repentir même tardif suffit à en ouvrir l’accès, alors que nous avons, pour notre part, toujours prôné l’importance des efforts et de la droiture. »
Gwench’lan avait levé la voix, et son ressentiment était palpable.
Merlin reprit :
« On ne peut pas en vouloir aux missionnaires, quand ils convertissent un chef de clan ce dernier leur donne un terrain pour bâtir une église et leur habitation.
— Une simple église en bois, recouverte de chaume, renchérit Gwench’lan. Ils dressaient tout autour des cabanes précaires sans aucun confort, généralement en pierres sèches, avec une toiture en encorbellement, comme pour reconstituer les anciens tumulus et faire le lien avec les croyances ancestrales ! »
Viviane laissa passer quelques instants et demanda :
« J’ai entendu dire qu’en Irlande ces théologiens ont souvent été issus de vos propres rangs. Est-ce exact ?
— Oui, reconnut Gwench’lan. Certains d’entre nous, profitant de leur instruction, sont devenus moines et ont fondé des ermitages. Des fidèles se sont groupés autour d’eux, formant des communautés quasi autonomes. Un de ces monastères est d’ailleurs installé à quelques lieux d’ici reprenant à son compte un ancien nemeton 26.
— Nombreux sont les moines qui, après s’être instruits en Irlande ou en Galles, ont eu le désir de se lancer à l’assaut des régions restées païennes à leurs yeux, non pas pour accomplir une œuvre de propagation mais pour affirmer leur zèle militant et prouver qu’ils étaient capables d’aller loin « pour l’amour de leur Dieu », dit Merlin.
— Ici, en Armorique, il en débarque tous les jours ! s’emporta presque Gwench’lan. Il faut lire les règles auxquelles ils se soumettent de leur plein gré. Je ne tiendrais pas une journée dans leur monastère, à cultiver humilité et patience la nuit et fruits et légumes le jour, sous le commandement de leur abbé qu’ils craignent comme leur Dieu et aiment comme leur père. Je les ai vus s’endormir avant même d’atteindre leur couche, se forcer à se lever avant d’avoir achevé leur sommeil, accepter injustice et iniquité sans jamais contester la décision des plus anciens 27.
— Ils cherchent avant tout à se dépasser, à devenir des héros, continua Merlin. Certain moines s’imposent de partager le lit de jolies femmes pour résister à la tentation de la chair !
— Ils jeûnent pour expier les fautes qu’ils admettent en confession et quand ils ne le peuvent pas, remplacent la diète selon un barème à bases de psaumes à réciter et de génuflexions à répéter dans le froid et l’obscurité de leur cellule. Certains d’entre eux accomplissent des peines avant même d’avoir péché afin d’obtenir un capital d’impunité ! Ils rachètent ainsi leurs erreurs à venir car comme toute erreur est susceptible d’être corrigée, tout péché est donc susceptible d’être pardonné, oublié et racheté moyennant certaines obligations.
— C’est par leur seule volonté qu’ils veulent atteindre le paradis, précisa Merlin, car contrairement aux autres Chrétiens, les moines bretons ont gardé de leurs anciennes croyances la notion de libre arbitre et rejettent celles de la faute originelle et de la grâce divine. Pour eux, l’homme est engendré sans mérites ni pêchés, chacun est capable de se sauver lui-même et est donc seul responsable du devenir de son âme.
— Ne pouvez-vous pas faire cause commune avec ces moines ? demanda Viviane. Vous avez visiblement encore des valeurs en commun.
— Ils sont jaloux de leur autorité, répondit Gwench’lan. Depuis leurs monastères ils ont développé une activité économique, politique, militaire et intellectuelle et ils ne voient en nous que le rebut de leur ancienne condition. »
Merlin intervint à nouveau, cherchant à calmer le débat.
« Il est vrai qu’ils sont imbus de certitudes et n’acceptent aucune intervention extérieure, en contradiction avec ce qui se passe ailleurs ou c’est un évêque qui donne son approbation. Ici l’abbé a même parfois préséance sur le roi comme au temps des anciens druides 28 ! Ils se sont même mis à dos le chef spirituel que les Chrétiens se sont donnés 29 !
— Pour eux le pape doit être présent à l’image d’un roi celtique, renchérit Gwench’lan, mais il doit bien se garder d’intervenir et de les gêner au quotidien, alors quand il fut rapporté à l’évêque de Rome que des femmes étaient autorisées à célébrer la messe au côté des abbés, le schisme s’est encore renforcé 30.
— Ces dissensions dans leur Eglise ne font-elles pas votre affaire ? demanda Viviane en s’adressant à Merlin, car Gwench’lan était accablé.
— Au contraire, répondit le jeune druide, elles sont dangereuses pour notre ordre comme pour la Bretagne car le pape ne verrait pas d’un si mauvais œil que les Saxons s’emparent de notre île, ces païens étant plus faciles à convertir et devenant des fidèles dévoués au contraire des Bretons 31 ! »
Il y eut un silence. Les deux hommes laissèrent Viviane réfléchir.
« Donc aujourd’hui, tout autant que votre conception de la spiritualité, c’est votre influence politique que ces chrétiens redoutent de vous voir restaurer.
— En effet.
— Et qu’attendez-vous de nous ?
— Nous sommes venus évoquer le destin d’un jeune homme, né sur l’île de Bretagne mais qui vit en ce moment auprès du roi de Bénoïc, ici, en Armorique.
— Je connais votre coutume d’envoyer les fils de roi se former auprès de leurs futurs voisins.
— Tu l’as dit, ce garçon est noble, il a pour père le Haut Roi de Bretagne, Uther Pendragon lui-même, mais nous sommes peu nombreux à le savoir.
— A ce petit nombre de personnes tu devras néanmoins ajouter sa sœur qui n’ignore rien de sa conception ni de sa naissance. »
Merlin se raidit.
« Comment saurais-tu de qui je parle ?
— Je me suis récemment entretenu avec une jeune fille sur nos îles et elle a évoqué ses rêves dans lesquels apparait son frère, Arthur, que tu as discrètement enlevé à sa mère le jour même de sa naissance. Elle m’a annoncé un destin hors du commun pour lui... »
Merlin ressentit de la peine à l’évocation de la sœur ainée d’Arthur, disparue trois ans plus tôt, à peine sortie de l’enfance, et que lui-même avait deviné en partance pour Avalon, Ile mythique des Pommiers, où vivaient les héros et les divinités celtiques et que l’on situait au sein du royaume des Tuathas.
« Morgane ! Et comment va-t-elle, si tu peux me le dire ?
— Je le peux et je ne te le cacherai pas car elle prophétise déjà malgré son jeune âge. Je ne serais pas surprise qu’elle prenne la première place parmi les Sœurs et qu’elle dirige Avalon quand le temps sera venu… »
Le druide prit quelques secondes pour se remémorer les heures passées à répondre aux incessantes questions de la jeune fille sur la nature du Monde puis il chassa cette évocation de son esprit, se promettant de réfléchir plus tard aux implications de ce que Viviane venait de lui révéler. Il reporta son attention sur le sujet du jour.
« Morgane a raison, le Docteur 32 de l’île de Bretagne a également perçu les présages liés au fils d’Uther. Nous avons besoin d’un chef de guerre qui soit capable de faire taire les divisions entre les Bretons du parti romain, désireux de perpétuer l’empire pour leur propre compte et les Bretons du parti indépendant, prêts à faire alliance avec les Pictes et les Scots pour éliminer toute influence romaine. Grâce à ses qualités sur le terrain Arthur pourra devenir ce chef, d’autant plus que son ascendance royale restera cachée et qu’il ne semblera pas revendiquer le titre de son père.
— Et quelle voie choisirez-vous une fois la concorde retrouvée entre les rois ?
— Ni celle de Rome qui n’est pas à notre goût, ni celle des Saxons que le précédent Haut-Roi 33 a encouragés à s’installer sur nos côtes à l’Est, croyant pouvoir les contenir et les utiliser à son service contre les Gaëls et les Pictes.
— Ne seriez-vous alors pas tentés par reconstituer enfin ce fabuleux âge d’Or des origines, l’œuvre majeure que vos prédécesseurs ont longtemps recherché ? »
Viviane avait l’esprit vif et perçant. Merlin lui répondit :
« Nous pensons en effet que le Monde à son origine était plus proche de la perfection qu’il ne le sera jamais, que l’Homme ne doit pas oublier la terre dont il est sorti, qu’il doit rester humble devant la Nature et s’émerveiller de ses miracles au lieu de rechercher le luxe et le confort et céder à l’appât du gain.
— Allez-vous reconstituer vos fameuses assemblées, comme du temps des Carnutes ?
— Il est trop tard pour cela, le temps a un pouvoir de dégénérescence, mais nombre de nos confrères viennent encore se ressourcer aujourd’hui auprès des doctrines druidiques anciennes conservées par les peuples du Nord. »
Viviane sembla soudainement nostalgique.
« Nous aussi avons eu ce rêve, autrefois… »
Gwench’lan s’étonna :
« Devons-nous comprendre que nos propres précepteurs déplorent leurs rêves déçus ?
— C’est peut-être notre longévité qui nous pousse parfois à des sursauts de lassitude… Mais c’est l’heure des Hommes désormais, et c’est à vous de croire en ce but.
— Il nous faudrait obtenir votre soutien, reprit Merlin, c’est cela que nous demandons à Penn Awnfnn aujourd’hui.
— L’une d’entre nous pourrait épouser Arthur afin qu’une nouvelle alliance soit scellée entre les Hommes et les Sidhés. Il parait que tu as le pouvoir de provoquer l’attachement entre deux êtres…
— Tu n’auras nullement besoin de mes charmes si tu décides de le séduire ! s’exclama Merlin, une pointe de jalousie dans la voix. Les tiens suffiront amplement !
— Non, Merlin, je ne parle pas pour moi, en ce qui me concerne, c’est toi que j’attendais. »
Viviane avait répondu avec une indulgence teintée d’une douce patience à l’égard du druide. Elle nouait à présent ses tresses avec une coquetterie ingénue qui rehaussait encore sa beauté. Son front était blanc et poli comme la pierre des sommets lavés par de continuels orages. Ses yeux étaient couleur de la violette des champs 34.
Cette déclaration eut raison des dernières résistances du druide et Merlin sentit brusquement monter en lui une sensation nouvelle qui, il le devina, allait l’emporter à jamais.
« Alors je serai à toi Viviane. Je poursuivrai ma mission auprès d’Uther, puis de son fils tant qu’ils auront besoin de moi mais je reviendrai régulièrement à tes côtés. »
Viviane lui sourit et son sourire était une promesse. Elle avait légèrement remonté le bas de sa robe, déniant le droit au courant de goûter au tissu et le galbe de ses mollets était une invite à la caresse.
« Je t’attendrai Merlin, peu importe le nombre de nuits 35 séparant tes visites car le temps n’a pas la même emprise sur moi.
— T’installeras-tu ici, sur la terre des Hommes ?
— Il y a, non loin d’ici, une vieille bâtisse, sur les berges d’un lac aux rives tranquilles et apaisantes... »
Merlin parut étonné.
« La demeure dont tu parles est-elle encore habitable ? demanda-il.
— Il est vrai qu’elle a besoin de restauration... »
Gwench’lan prit la parole:
« Viviane m’a déjà parlé de cette maison et je suis intervenu auprès du roi Ban pour qu’elle soit rachetée à son propre bouvier car ses murs d’enceinte ne servent plus qu’à contenir du bétail. Les artisans de Ban ont restauré les fossés qui avaient été comblés de terre et ils vont s’attaquer bientôt à la réfection de la toiture.
— Pourquoi as-tu choisi cet endroit ? demanda Merlin.
— Cette demeure a appartenu à ma marraine, une certaine Diane, que les hommes ont fini par confondre avec la Diane de Rome…
— Je connais cette histoire ! reprit Gwench’lan. On raconte en effet que cette Diane vivait au temps de Virgile 36 et a choisi de s’installer ici, dans la plus belle de toutes les forêts où elle avait chassé. Elle fréquentait le fils d’un roi, Faunus, mais cette liaison se termina dans la trahison, le jour où Diane, qui entretemps s’était amourachée d’un autre que lui, l’a incité à se coucher dans une fontaine après avoir vidé cette dernière de son eau, sous prétexte de le recouvrir d’herbes qui guériraient ses blessures faites la veille à la chasse. Au lieu de cela elle fit retomber une dalle de pierre sur le corps de son ancien amant pour s’en débarrasser… »
Viviane fit la moue à cette évocation.
« Je comprends maintenant pourquoi il y a un tombeau au bord du lac où l’on peut lire cette étrange confession ‘Ci-gît Faunus, l’amie de Diane. Elle l’aima de grand amour et le fit mourir vilainement.’ »
Elle resta songeuse un instant avant de reprendre.
« Aujourd’hui Diane n’est plus aussi férue de vénerie que dans le passé mais elle est toujours la maitresse des cerfs. Elle n’a qu’à les regarder dans les yeux pour qu’ils baissent la tête. Quelques-uns d’entre eux tiraient même le char dont elle se servait ici. »
Merlin avait du mal à assimiler que Viviane évoquait Diane au présent… Elle reprit.
« Elle a un caractère entier et a pu tomber amoureuse d’un homme, mais je ne la crois pas capable d’une telle vilenie, même si elle s’était lassée de lui.
— Moi, je te ferai pousser un jardin dont les arbres porteront autant de fleurs que de feuilles, et donneront autant de fruits que de fleurs, s’enflamma Merlin.
— J’aime cette idée, ce sera notre jardin secret 37.
— Et je demanderai aussi au roi Ban des guerriers sans reproches pour assurer ta protection !
— Pour me protéger des hommes ou les protéger de moi ? Aurais-tu peur que je te sois infidèle, Merlin, à l’instar de la Diane évoquée par Gwench’lan ?
— Pardonnes-moi, tu sembles si fragile !
— Ta prévenance me touche, mais comme tu as pu le remarquer, je puis moi aussi échapper aux regards, si je le souhaite.
— Me révéleras-tu le secret de ton invisibilité ? demanda-t-il.
— Nous aurons beaucoup de choses à nous raconter, Merlin, et du temps pour partager nos réalités.
— Mais ne risques-tu pas de regretter tes îles ?
— Il fut un temps où mon peuple, après avoir abordé les rivages d’Irlande, a foulé le sol de Bretagne et rien de ce pays ne lui est étranger, ni sa mer ni ses côtes, ni ses forêts ni ses champs, ni même ses pierres dressées qui surprennent tant tes contemporains !
— Je serais heureux de connaître enfin leur signification…
— Un jour je te conterai l’histoire de mon peuple, sa provenance, ses migrations, son installation dans les îles au Nord du Monde… »
Viviane sortit délicatement les pieds de l’eau, et une frêle empreinte marqua la pierre d’une trace éphémère. Gwench’lan sourit et ne put s’empêcher de regarder le ciel au-delà des plus hautes branches du pin.
« Je me demande ce qui t’amuse ainsi... dit Viviane d’une voix innocente.
— Il est dit que si l’on vient à répandre un tant soit peu de cette eau sur la margelle, l'air se condense immédiatement en épais nuages chargés de grêle, se met à mugir des éclats soudains du tonnerre, et s'épaissit en obscures ténèbres avant de se répandre en une pluie battante 38 !
— Il faudra cultiver cette croyance, répondit Viviane, je serai ainsi assurée d’être toujours tranquille quand je m’y baignerai… »
Puis elle se tourna vers Merlin.
« Je rencontrerai ce jeune Arthur et je rapporterai tes propos à Penn Awnfnn.
— Nous t’en remercions grandement », répondit Merlin.
Gwench’lan reprit la parole en se relevant :
« Pour l’heure, nous allons rejoindre les nobles de Bretagne que j’ai convoqués et qui nous attendent au lieu-dit du Tertre Rouge, un ancien sanctuaire de ton époque je pense, dont les blocs de pierre ne soutiennent plus aujourd’hui qu’un léger faîtage, mais suffisant pour accueillir cette généreuse assemblée 39. Tous les rois à l’exception d’un seul ont répondu à mon invitation et ont envoyé une ambassade, il nous faut maintenant les convaincre de donner sa chance à Arthur ! »
Avant de partir Viviane fit une dernière proposition qui resterait, de nos jours encore, un élément incontournable de la légende arthurienne :
« Je peux faire autre chose pour toi, Merlin, si tu le veux.
— Je t’écoute.
— Je peux demander à Penn Awnfnn qu’il daigne confier son épée à ce jeune noble afin que tous reconnaissent sa légitimité. »
[1] Un torque est un collier honorifique porté par les Celtes entre autres.
[2] Le Gwynedd et le Dyvet sont deux régions du Pays de Galles.
[3] Premier emplacement de Saint-Malo.
[4] Rennes
[5] La ‘Tribu de la Déesse Dana’.
[6] Les Fils de Milé, ancêtres mythiques des Irlandais.
[7] Les Gaëls.
[8] Nous aurons plus tard d’autres explications des pouvoirs des Tuathas.
[9] Dans la mythologie celtique, le druidisme est en effet originaire des ‘îles du nord du Monde’.
[10] La Grande-Bretagne actuelle.
[11] Jules César, Commentaires sur la guerre des Gaules. César ne fait que rapporter d’anciennes déclarations des druides en Gaule, pratiquement disparus à son époque.
[12] L’Autre-Monde celtique est également désigné sous le terme de Sidh.
[13] Don d’invisibilité, privilège des sidhés.
[14] Rhiannon, la déesse aux oiseaux, qui connait leur langage est un des aspects de Viviane. Elle possédait des oiseaux magiques, qui, croyait-on, pouvaient apaiser les vivants dans un sommeil profond, ou réveiller les morts de leur sommeil éternel.
[15] Platon fait état de cette mer immobile dans les textes du Timée en évoquant la disparition d’une île qu’il appelle Atlantide : « En un seul jour, une seule nuit fatale, tout ce qu’il y avait de guerriers chez vous fut englouti à la fois dans la terre entrouverte, l’île Atlantide disparut sous la Mer. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, on ne peut ni parcourir, ni explorer cette mer, la navigation trouvant insurmontable obstacle dans la quantité de vase que l’île a déposée en
s’engloutissant ».
[16] Science qui comprenant la physique, la chimie, la biologie, la botanique et la géologie.
[17] Sous le règne de Caligula puis de Claude, au début de notre ère, en 43 après JC.
[18] L’île de Mona, au Nord du Pays de Galles.
[19] Boadicée préféra s’empoisonner plutôt que d’être capturée.
[20] En 410 l’édit d’Honorius informa les cités bretonnes qu’elles auraient désormais à se défendre seules.
[21] Les Pictes étaient une confédération de tribus vivant dans ce qui est devenu l'Écosse du Nord et de l'Est, présents avant la conquête du reste de l'île de Bretagne par les Romains et jusqu'au X siècle lorsqu'ils se réunirent avec les Gaëls. Wikipédia.
[22] Les Scots étaient le nom que se donnait un peuple originaire de l’est de l’Irlande qui commença à s’établir sur l'île de Bretagne, aux IIIème et IVème siècle de l'ère chrétienne.
[23] Vers 410 les Gaëls montent des expéditions sur la Bretagne et fondent des établissements sur la côte occidentale de l’île, notamment le royaume d’Argyll. Ils imposent véritablement leur nom générique de Scot à ce qui deviendra l’Ecosse d’où la migration des Bretons du Nord vers le Pays de Galles.
[24] Concile d’Arles en 452
[25] Saint-Augustin proclamait lui-même « Qu’on les baptise d‘abord. Ensuite on leur apprendra ce qui concerne le comportement et les mœurs. »
[26] Le nemeton est un lieu sacré chez les celtes, souvent en plein air, dans une clairière au plus profond de la forêt.
[27] Extraits de la « Règle de Saint Colomban », moine d’origine irlandaise qui a évangélisé les populations campagnardes de Gaule, d’Allemagne, d’Helvétie et
d’Italie au VIème et VIIème siècle.
[28] Les monastères étaient à la fois des refuges et des centres intellectuels et économiques. L’abbé était le véritable évêque. Cette habitude se répandit en dans le Nord de l’Armorique (Saint Pol, Tréguier, St-Brieuc, Aleth et Dol). Ces monastères étaient très différents des évêchés gallo-romains de Vannes et Quimper. (Jean Markale, Les Celtes).
[29] Pélage, né vers les années 360 en Bretagne, fut excommunié par le pape Innocent au cours du concile de Carthage en 417 à force de professer sa croyance dans le libre arbitre.
[30] Lettre des évêques de Tours en 515 ou 520 adressée à deux prêtres armoricains : « Vous ne cessez point de porter chez vos compatriotes, de cabane en cabane, certaines tables sur lesquelles sous célébrez le divin sacrifice de la messe, avec l’assistance de femmes auxquelles vous donnez le nom de conhospitae. Pendant que vous distribuez l’Eucharistie, elles prennent le calice et administrent au peuple le sang du Christ. C’est là une nouveauté, une superstition inouïe ».
[31] En cela Merlin avait vu juste car après 500, l’Eglise de Rome ne put tolérer l’existence de communautés celtiques indépendantes et se dépêcha à convertir les saxons avant que les celtes ne le fassent.
[32] Aurélien avait peut-être voulu éviter que soit cité le titre de « Haut-druide », car les historiens s’accordaient sur le fait que le druidisme en tant qu’institution avait disparu de Bretagne à cette époque.
[33] Il s’agit de Vortigern, que les deux frères Uther et Ambrosius Aurelianus ont combattu et déchu de son titre et qui est rangé parmi les trois hommes de
déshonneur de l’Ile de Bretagne.
[34] Description de Viviane rapportée par Edgar Quinet dans Merlin l’enchanteur.
[35] Les celtes comptaient en nuits, plutôt qu’en jours.
[36] Virgile était un poète romain ayant vécu au I er siècle avant Jésus-Christ.
[37] Le Jardin de Joie, décrit ‘comme un endroit qui ne contenait ni mouches, ni bêtes venimeuses’ est évoqué ainsi par Théodore Hersart de la Villemarqué dans Myrdhin, ou l'Enchanteur Merlin.
[38] Une prophétie attribuée à Merlin disait qu’après Arthur viendrait en Gaule un prince presque aussi grand que lui, qu’il serait si bon et si débonnaire que
Dieu ferait par lui maint miracle, et que rien qu'en y plongeant la main il calmerait la fontaine qui bout. Dans la prophétie il n’est mention que d’un certain ‘K’. Il semblerait que Charlemagne, que l’on appelait Karlemagne, soit venu et ait modéré le bouillonnement de la fontaine de sa seule et puissante main. Félix Bellamy, La forêt de Bréchéliant, Tome 2.
[39] Merlin fait probablement allusion au ‘Jardin des moines’, site mégalithique situé sur la commune de Néant-sur-Yvel, composé de blocs de quartz et de schiste pourpré et décrit pour la première fois en 1825 par l’abbé Mahé.
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