Chapitre 38: La fissure .

Le commissariat était étrangement bondé pour un jeudi matin. Le brouhaha, malgré l'espace spacieux, était perceptible. On pouvait entendre l’impatience des gens, entre colère que c’était long et manque de réactivité des agents, le bruit des claviers, les téléphones qui sonnaient quelques minutes d’affilée. Amélisse tapotait nerveusement du doigt sur la table de la salle d’attente. Elle n’avait parlé de ce rendez-vous à personne.

— C’est juste une vérification de routine. Ils ont sûrement reçu un signalement flou. Rien de grave. C’est ce qu’elle se répétait pour se rassurer.

Mais au fond, elle savait que Carl avait parlé. Ou plutôt, qu’il avait envoyé quelque chose. Et que ça n’allait plus s’arrêter maintenant.

Une porte s’ouvrit parmi tant d’autres. L'inspecteur Martin en sortit, vêtu sobrement, tenant un dossier dans les mains. Il avait une expression imperméable qui ne laissait rien paraître.

— Mademoiselle B., veuillez me suivre, s'il vous plaît. Merci d’être venue.

Ils marchèrent dans le couloir. D’un geste, il lui fit comprendre d’entrer dans un petit bureau des années 90, équipé d'appareils informatiques modernes. Une petite fenêtre se trouvait sur le côté, avec des dossiers éparpillés sur le bureau. Il l’invita à s’asseoir, ce qu’elle fit, puis il s’assit à son tour et reprit la parole :

— Nous aurions juste quelques précisions à vous demander au sujet de votre présence dans un gîte, l’hiver dernier…

Elle sentit son ventre se nouer et sa jambe gauche bouger nerveusement. Amélisse prit sur elle malgré le stress et le trac, les mains tremblant faiblement, la boule à la gorge.

— À propos de quoi ?

— Un décès a été enregistré ce jour-là. Félicia L. Ça vous dit quelque chose ?

Amélisse ravala sa salive.

— Oui… c’est la mère de… Cyril.

L’inspecteur Martin ouvrit le dossier. Dans le feu du stress et de la nervosité, pendant que l’inspecteur ouvrait le dossier, elle tapota rapidement sur son téléphone pour le dire à Marbella, car impossible pour elle de le cacher. Elle qui pensait leur cacher cette info, à croire que les émotions nous font souvent perdre le contrôle de nous-mêmes.

— Nous avons reçu une vidéo anonyme. Et une autre source… qui suggèrent que sa mort ne serait peut-être pas aussi “accidentelle” qu’on nous l’avait présenté.

Elle garda le silence, luttant pour ne pas perdre contenance.

L’homme ferma doucement le dossier.

— Vous comprenez pourquoi nous avons besoin de clarifier certains points.

Elle acquiesça, la gorge

À quelques rues de là, Marbella recevait un message sur son téléphone :

Amélisse : “Ils m’ont convoquée. Je n’ai rien dit… pour l’instant.”

Marbella blêmit. Elle montra le message à Yoann.

— Ça commence.

Yoann ferma les yeux, tendu.

— On n’a plus beaucoup de temps.

Écrit le 23/04/25

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Barbara Wonder