Bienfaits du confinement
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Bienfaits du confinement
Enfin chez soi !
Organiser une visite touristique dans l’appartement.
Redécouvrir ces lieux qu’on ne sait plus aimer.
S’étonner, voilà la clé.
Explorer tous les recoins, tous les meubles, tous les tiroirs, aucun qui soit insignifiant, aucun qui n’ait une malle au trésor de souvenirs hétéroclites, de témoins d’une présence ancienne, d’énigmes vivantes.
Que fait dans le placard cette vieille moitié de brioche ? Notre cœur devrait reconnaître la tendre morsure, il n’en est rien.
Un vieux flacon d’huile essentielle, sans doute aussi éventée que le temps – le temps où le mouchoir d’une amie en était parfumé.
Un vieux billet doux froissé qui laisse ému aux larmes d’avoir pu tant oublier. Tant négliger.
Une clé qui n’ouvre ni ne ferme plus rien.
Un stylo Mont blanc sec qui a dû écrire de bien belles pages perdues.
Une louche « d’époque » (une louche ? sous l’oreiller ? Quel circuit mystérieux de causes et conséquences l’aura déposée là ?).
Une lame de rasoir ébréchée de la période printanière où l’on rasait son jeune visage.
Des alluvions.
La vie une marée qui se retire.
Les mains dans le dos, longer les falaises des bibliothèques, saisir un livre, le feuilleter, le rendre à son encoche, sorte de voyage en 1ère classe pour un touriste de la connaissance,
Choisir une grande œuvre une bonne fois pour toutes.
S’installer dans le fauteuil en cuir, sous la veilleuse.
En apprécier pour une fois le confort, le calme, l’accueil.
S’oublier.
Piocher dans les vinyles et les Cd, si méconnus depuis qu’on se contente des conduits auditifs d’Internet, de la tv, des casques audio.
Se nicher dans le fauteuil.
Ecouter, longuement, enfin, pour de vrai.
Se promener d’une pièce à l’autre d’un pas lent, heureux, décontracté.
S’émerveiller qu’il y ait un canapé là on l’on avait vu jusqu’alors un débarras.
Comment faire la guerre si on n’a pas de canapé ?
N’en pas revenir du nombre de tringles dans l’armoire normande, de sa profondeur, de ce qui s’y trouve et dont on ne savait plus rien.
Ces vêtements qui ont habillé nos promenades, notre vanité, nos chasses amoureuses.
Réfléchir, un peu, pas trop, ça fait trop mal.
Regarder par la fenêtre la ville déserte, et rire.
En dernier lieu, visiter ses poches.
à suivre dans :
http://impeccablemichelcastanier.over-blog.com
[l’image est d’Igor Morski]