Chronique d'un recueil de nouvelles à découvrir 😊
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Chronique d'un recueil de nouvelles à découvrir 😊
Salut Panodyssey !
Je vous livre telle quelle la chronique littéraire que je viens d'écrire au sujet d'un recueil de nouvelles qui m'a enthousiasmé : "les Invisibles", paru chez La p'tite Hélène. Auteur : Jonathan Chardin, un grand ami.
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Voilà, cher ami, je reviens vers toi après avoir lu ton recueil de nouvelles « Les Invisibles ».
Il nous faut simplement espérer que ce recueil ne soit pas autant invisible que les personnages qu’il présente, tant il possède une profondeur et une beauté qui m’ont enthousiasmé au plus haut point.
Je n’écris pas cela par amitié pour toi, car, comme tu le sais, l’amitié ne mérite ni ne tolère l’hypocrisie et si je n’avais pas aimé, je te l’écrirais avec la même honnêteté.
Les multiples époques, lieux et personnages qui peuplent ce recueil toujours réaliste, malgré quelques balades fantastiques que les errements de l’âme du personnage peuvent expliquer, frappent l’esprit par la vérité de leur peinture. On s’attache à tel point à ces personnages que l’on éprouve l’envie, à peine la dernière phrase lue, de vérifier si tel ou tel d’entre eux a réellement existé, comme je l’ai fait pour Mademoiselle Alice, le colonel Dickman ou encore cet Adolf Heinrich aussi effrayant que profond. A priori, aucun n’a vécu en ce bas monde, excepté Jan Hus dont la nouvelle que tu lui consacres permet fort justement de le faire découvrir au profane inculte que je suis.
Tous ces « invisibles » offrent également une percée saisissante vers ces valeurs nobles et si belles qui t’animent : le respect de toute vie, y compris celle animale que le commun – dont je fais partie, à ma grande honte – limite à la consommation de sa viande, la conviction profonde que l’écoute de l’autre – quelle que soit sa certitude – doit être un préalable à tout échange, la nécessité de plonger dans les méandres de l’âme humaine pour seulement espérer en saisir les contours.
On est également frappé par ta capacité à capter l’instant précis, celui qui signifie réellement, quand tant et tant de pages que je peux écrire ou lire ne font que tourner autour, chercher l’entrée éventuelle vers une scène riche, utile et signifiante. Chaque mot, chaque scène, dans ces nouvelles, ont leur utilité et leur richesse. Je ne peux que m’incliner !
Certains récits, comme c’est le cas de tout bon conte, ont une visée éminemment universelle et intemporelle, quand bien même on a l’impression qu’ils sont écrits avec l’encre la plus récente, celle-là même qui peint l’actualité de notre triste monde. Ainsi, je pense à Libre, à Bella évidemment, mais aussi à L’Extinction qui semble le parfait trait d’union entre les textes précédemment cités. Les questions soulevées, à la fois d’ordre éthique et philosophique, viennent percuter l’esprit du lecteur avec la fougue d’un mustang et la délicatesse d’un chaton : qu’il soit humain ou animal, qu’on le bâillonne ou qu’on veuille le briser, qu’on le destine à la lame de la guillotine ou à celle du boucher, le prisonnier retrouve dans ces lignes toute la dignité et l’animalité humaine ou l’humanité animale que l’on œuvre à lui retirer. Les frontières arbitraires et invisibles, justement, entre les être sensibles sont ainsi abolies au profit d’une égalité tellement moderne qu’elle en donne le vertige.
Certains personnages, je l’ai dit, donnent au lecteur le regret qu’ils n’aient pas existé mais l’on se dit qu’ils nous rappellent combien tous ces individus que l’on voit sans regarder, que l’on entend sans écouter, que l’on respire sans humer, que l’on bouscule sans s’en rendre compte, peuvent être de ceux-là et combien lourde et belle est notre chance de les croiser.
Enfin, l’art de la chute, toujours si difficile à maîtriser, est ici particulièrement réussi. Je ne m’attendais pas à celle de L’Odyssée ! Jusqu’à la dernière ligne, je pensais à une femme aimée et non à la Marie biblique. Bravo ! La chute de Un Homme libre est, elle, simplement, éblouissante. Forte, inattendue, sublime… Les adjectifs manquent. Cette chute, présentant un SS fanatique frappé et ébloui par les lumières dont l’humain est porteur quoi qu’il lui arrive, rappelle que les apparences de l’âme humaine ne sont que des leurres et qu’est bien réducteur et naïf celui qui considère comme évident que nul ne pourra jamais changer. Comme le confesse le personnage, « l’homme[qu’il était] à cette époque est mort », terrassé par le glaive de Saint George, anéanti par la lumière de l’Espoir, et si la Justice des hommes finit par détruire le corps, l’âme, elle – que l’on y soit favorable ou non – aura été sauvée par un Monseigneur Myriel descendu au fond du cul de basse fosse qu’est la haine de l’autre.
Seule la chute de Le Marionnettiste m’est apparue attendue et déceptive. J’aurais plus vu un ultime pied de nez du destin à cette âme jouet de l’humanité. Par exemple, un chien des beaux quartiers aurait pu venir pisser sur la couche macabre du malheureux sans même faire ciller sa riche propriétaire.
Voilà, à grands traits, rapidement esquissée l’impression que ce recueil laisse en moi.
Il doit être lu, c’est une certitude, et même relu.
Ceux qui viendront après nous et qui, comme nous avec nos anciens, auront la charge de trier le bon grain de l’ivraie littéraire, se tromperaient s’ils le laissaient de côté. Notre époque est aussi formidablement laide que monstrueusement sublime et ces textes-là en sont un écho drapé de l’intemporalité qui sied aux grands textes.
Si la P’tite Hélène de Luc Eyraud a accepté ton texte, c’est parce qu’il s’agit d’une perle qui brillera bien après nous et qui sera tout sauf invisible aux yeux de ceux qui savent lire.