

Chapitre 11 : Entre ombre et lumière
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Chapitre 11 : Entre ombre et lumière
Dès lors, les tensions dans mon cou se sont, quelque peu, dénouées. J’avais le sentiment d’avoir pu m'alléger du fardeau que je portais, je l’avais confié. À la police certes, et une part de moi sait que l’affaire sera probablement classée, si toutes les preuves patiemment accumulées leur semblent trop minces, s'ils jugent que ce n’est pas vraiment grave, qu’il n’y a pas eu de crime ou de délit, que sais-je ? Mais je n’étais plus la seule dépositaire du fléau qui me collait à la peau, et d’une certaine manière, ça me soulageait. À ce moment-là, je ne craignais plus la suite. Je me sentais en paix, auréolée de cette harmonie fragile que l’on puise dans le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait. Du côté du “stalker”, c’est le calme plat, il semble presque m’avoir oubliée… Derrière les éclats de son masque d’enfoiré désormais brisé, William fait toujours grise mine. Je le vois sombrer, devenir presque translucide, éteint, comme s’il prenait à peine conscience de m’avoir définitivement perdue. Lorsqu’il vient chercher la petite pour le week-end, il paraît livide, spectral, fragilisé. Cet homme qui avait eu tellement d’emprise ne semble être, désormais, que douleur et colère grise, un cœur putréfié. Un samedi soir sur deux, c’est le même ballet : il sonne, monte, écoute, en dévisageant ses chaussures mes quelques mots de résumé de la semaine, prend le sac de la petite, une main dans la sienne, et ils partent, tous les deux, à quelques centaines de mètres d’ici, dans une rue voisine. Des yeux, je suis leur parcours par les fenêtres pour apercevoir ma fille le plus longtemps possible.
Chaque fois, je suis saisie par la même image qui teinte mon cœur d’une aura lavande grisée : une petite fée tourbillonnante qui s’en va, sa jolie petite main dans celle d’un croquemitaine, tout de noir vêtu. Lorsque la porte se referme sur elle, l’atmosphère tourne au sombre, écrasée par le poids d’un silence intrus. Alors, je remplis l’espace de bruit, de musique, de chaleur, défiant l’ennui, tentant de rythmer mes minutes sans Fleur. Pendant des heures, en maman solo, je brique, je frotte, je nettoie, je change les draps, je fais les courses, et tout le tralala. Mais il y a toujours un moment où la solitude me frappe, me fait le coup du lapin. Je tourne en rond, telle une lionne en cage, ressassant les images de Will dans un si mauvais film qu’on en espère, impatiemment, la fin. Je revois, en pensée, ses traits, à la fois durcis et paradoxalement presque effacés, ils hantent mes pensées. L’orage dans ses yeux, le désarroi dans sa démarche… Tout en moi le déteste viscéralement, mais malgré tout ce qu’il m’a fait subir, il restera à jamais le géniteur de mon enfant. Nous serons liés à la vie à la mort, d’une certaine manière. Je le vois s’enfoncer chaque jour un peu plus dans des abysses dont j’ignore la profondeur. Pourtant, je dois lui laisser Fleur… Parce que c’est la loi, parce que c’est son père, et parce que je ne veux pas lui retirer la chance de devenir, peut-être un jour, un super-papa. J’espère qu’il trouvera en son cœur suffisamment d’amour pour vouloir changer, pour s’amender, pour sa fille. Mais ma confiance en lui est enterrée, à jamais. Certaines phrases résonnent encore et résonneront sans doute pour l’éternité, m’étreignant d’angoisse. Elles me serrent la poitrine, m’empêchent de respirer. Elles m’étouffent, m’engloutissent comme si un poids invisible m’écrasait, me paralysait. Les questions tourbillonnent dans mon esprit, sans réponse, sans répit. Je me sens naufragée, engloutie par les vagues de cette angoisse glacée, incapable de reprendre mon souffle. Piégée dans un tourbillon d’incertitudes noir corbeau.
Je m’effondre finalement sur le canapé, épuisée par cette agitation stérile. Le silence revient, plus dense que jamais. Je prends mon téléphone, hésitant à appeler quelqu’un, n’importe qui, pour combler ce vide. Mais je sais que personne ne pourra vraiment comprendre ce que je ressens, à cet instant. Impuissante, je me contente de regarder les photos de Fleur, l’innocence de son sourire me rappelant pourquoi je continue à me battre chaque jour et je serre fort son oreiller pour m’enivrer encore un peu de l’odeur de ses cheveux espérant ainsi dénouer le nœud qui continue de se serrer.
Pourtant la sensation de vide persiste, s’instille insidieusement dans mes veines et ces murs, que j’aime pourtant tellement quand la petite fée y papillonne, me semblent subitement si cruellement déshabités qu’ils m’en deviennent presque hostiles. Tout à coup, c’est comme s’ils se rapprochaient de moi, m’enserraient tout doucement, inexorablement. Je tâche de me raisonner, de respirer, de lâcher prise, mais c’est comme un refrain assourdissant, quoique je fasse. La peur que Will déconne, qu’il n’arrive pas à gérer, la crainte que Fleur s’inquiète, qu’elle ne soit pas en sécurité, fait son nid et grandit, prend racine, me broie le cœur, le fait tachycarder. Mes mains tremblent, une sueur froide perle sur mon front tandis que l’anxiété, compagne silencieuse mais implacable, me rappelle sans cesse la précarité de mon fragile équilibre. Je vis le téléphone vissé à la main, guettant la moindre nouvelle de ma fille, le moindre message de William, me tenant informée du déroulement de leur journée. C’est assez ironique quand j’y pense. Pendant des mois, cet homme m’a envoyé des centaines de messages menaçants, insultants, cruels, bien planqué derrière le masque de l’anonymat. Et maintenant que la vérité avait éclaté, il semble étrangement moins friand des claviers.
Pour échapper à mes éternelles rengaines, je me force à sortir. Ces pensées obsédantes qui tournent en boucle dans ma tête : les inquiétudes pour ma fille, les souvenirs des messages anonymes, la dislocation apparente de William, et cette constante sensation de marcher sur un fil résonnent trop à l’intérieur. Je vais chez mes amies, en soirée, au cinéma, faire du shopping. Le genre de choses que font les mamans quand elles n’ont pas leurs enfants, paraît-il. Je vérifie mon portable toutes les cinq minutes, mais je me plie aux codes. Je me maquille, mets des talons, une jolie jupe, et fais la conversation. Puis, immanquablement, je trouve des prétextes pour rentrer plus tôt, par flemme de sociabiliser. En soirée, j’ai l’impression de jouer un rôle, de porter un déguisement trop étroit. Au début, on essaie de ne pas y prêter attention, mais au fil des heures, il semble de plus en plus étriqué. Alors, on fait tout pour y échapper et on s’enfuit, en essayant de ne pas partir trop vite pour ne pas attirer l’attention.
Et puis, au bout d’une éternité d’heures anthracite, une idée germe, impérative et folle. J’essaie de la balayer d’une pichenette, mais elle persiste, bourdonne, se rapproche, m’entête et m’obsède. J’essaie de l’asphyxier à grands coups de nicotine ; elle tousse un peu, fait une pirouette et revient à la charge. Alors, je m’engueule à voix haute, chausse des baskets, prends mon sac, mon portable, mes clopes et file dans la nuit pour me faufiler sous le balcon de nos amours maudites. Je m’appelle Juliette, et ce soir, dans l’obscurité complice, je rejoue l’antinomie d’une scène mythique racontée en tragédie, pour une célèbre homonyme de prénom. Cette nuit, c’est Juliette qui se tapit dans l’ombre sous
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