21. Clan Destin - la décision
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21. Clan Destin - la décision
— Normalement, signala Salween en arrivant au village, le retour ne devrait pas poser de problème ! J’avais quand même testé le sol avant de construire !
Ils inspectèrent, de hutte en hutte, l’état des fondations. Toutes étaient debout, sauf une, écrasée sous un arbre. C’était celle des invités. Gaoligong regarda la case détruite et déclara :
— Pas grave, elle n’était que provisoire.
— Provisoire ? s’étonna Élias.
— Mahani, à partir de maintenant, tu fais partie de notre famille. Tu dormiras avec nous, décréta-t-il, sans l’ombre d’un doute.
— Et je deviens moine ? lança Élias, sarcastique.
— Mais non, voyons ! s’indigna-t-il. Nous ne sommes pas des moines !
Élias le dévisagea avec une mine légèrement moqueuse. À prendre toutes ses répliques au pied de la lettre, Gaoligong l’amusait ; Salween sourit, complice.
— Dans ce cas, Manon intégrera notre hutte, annonça Élias, péremptoire.
— Quoi ? s’offusquèrent les frères ; Manon chez nous ?
— Ce n’est pas prévu au programme, ça ! s’insurgea Salween.
— Écoute Salween, vous n’avez pas le choix : on est d’accord pour jouer dans votre jeu pour autant que nous restions ensemble. Manon fait partie de ma famille, c’est comme si c’était ma sœur
— Ta sœur ? Allumons plutôt les lucioles ! releva Salween, gouailleur.
— Salween, le sermonna Lisu, veux-tu que je raconte toutes tes conquêtes ?
— Pas besoin, je les vois ! répliqua Élias en fixant le front de Salween avec un sourire narquois.
Cela déclencha un éclat de rire des deux autres triplés ainsi qu’une mine ennuyée de Salween. Élias conclut :
— Donc, je vais chercher mon hamac ainsi que celui de Manon et on peut rapatrier le clan.
La décision des deux aînés ne se fit pas trop attendre. Ils discutèrent longtemps avec Lisu qui les guida dans les méandres de leurs hésitations. Partir : revenir en arrière, retourner au lycée, se forger une place à Bruxelles, en ville, avec tout le confort qu’ils avaient toujours connu, manger trois fois par jour, sortir le samedi, pourquoi pas ? La vie qu’ils menaient n’était pas désagréable ni mauvaise. Les bons côtés étaient divins et les moins heureux terriblement supportables. Ou bien rester : laisser leurs copains mais ne pas perdre leur frère ou leur sœur. Vivre au grand air n’avait pas été pénible non plus et cette période dans ce village avait été extrêmement plus formatrice qu’une année à l’école. Pourraient-ils supporter encore le bruit, le tumulte citadin ? Pourraient-ils tolérer toutes les petites mesquineries du quotidien urbain et lycéen ?
C’était endurer le « paraître » quand on a vécu dans « l’être »...
Élias était dans le jardin de Bégawan. Félix tournait autour de lui sans oser l’approcher.
— De quoi as-tu peur, Félix ? lui demanda Élias doucement, toujours à quatre pattes entre ses plants de thym.
— Ce n’est quand même pas évident d’annoncer à son frère qu’on ne le reverra plus !
— Voilà qui est lâché ! déclara-t-il avec un triste sourire, en se relevant. Félix, je maintiens qu’on n’en discutera pas. Ne t’inquiète pas, ce n’est pas un adieu définitif. Ne fût-ce que pendant les vacances, je pourrai me montrer à la bergerie uniquement quand Bruno aura digéré la pilule et, tu le connais, ce sera dur ! Mais on se débrouillera pour se retrouver. Tu es le dernier à te décider : Manon reste et Zoé part.
— Tu sais quand et comment on rejoindra la bergerie ?
— Très vite, une de ces nuits. Les triplés sont un peu trop prudents. Ils vous reconduiront pendant votre sommeil. Cela m’amuse : ils vont jouer à «Man in black » en nettoyant quelque peu vos souvenirs pour que vous oubliiez le chemin du village.
— On ne se rappellera rien ?
— Juste les quelques éléments qui garantissent notre clandestinité.
— Ouf ! Je n’ai vraiment pas envie d’oublier quoi que ce soit !
Félix était profondément triste. Élias aussi. Quelques larmes au fond des yeux, ils se dévisagèrent longtemps comme s’ils devaient, pour l’un comme pour l’autre, imprimer leur image au creux de leur cœur. Élias connaissait la décision depuis que son frère l’avait prise. Il savait également que son retour à Bruxelles serait difficile et bancal. Il reviendrait. Il serait forcé de revenir. Le jeune Mahani ne lui dévoila rien ; il fallait que son frangin tâtât le pavé bruxellois pour s’en convaincre.
Élias le fixait toujours, tout à coup accablé par la tâche qui l’attendait. Dès que les grands seraient rendus à leur ancienne vie, il recevrait les deux bracelets de Mahani. Sa première obligation serait de juger Borhut et ses sbires. Il devra être juge alors qu’il ne pouvait pas être neutre. Cela l’angoissait déjà.
D’autre part, Borhut voulait sa mort, il en était sûr et les triplés ne l’avaient pas démenti. Ceux-là étaient assez heureux que cet homme affaiblisse ses pouvoirs au fur et à mesure qu’Élias les accaparait. Quand Élias demanda à Salween la raison de cette allégresse, il lui répondit seulement :
— C’est le bien contre le mal et c’est le bien qui gagne ! On ne va pas s’en plaindre !
— J’suis pas un ange ! avait répliqué Élias, de mauvaise humeur. C’est quoi, la vraie raison ?
— Ça, j’avais remarqué que tu n’étais pas un ange ! rétorqua Salween, éludant la seconde partie de la question.
Élias avait soupiré en tournant les talons. Il sentit dans son dos que Salween était un brin ennuyé d’avoir détourné le propos mais qu’il était soulagé qu’Élias n’approfondisse pas plus loin. Depuis le petit coup de gueule d’Élias, Borhut avait dû se retirer du village, et ce jusqu’au départ des grands.
Élias regarda une dernière fois son frère et lui demanda :
— Félix, penses-tu que je serai à la hauteur de ce truc ?
— Je n’en doute pas un instant. Tu feras ça bien !
— Je te laisserai une lettre pour Garance. Merci de jouer le messager.
« Garance,
J’ai glissé mon carnet de croquis dans la grange, pour toi. Félix te le donnera. À toi de voir si tu veux le partager avec les autres adultes, pour les aider à accepter notre départ. Je sais que tu comprendras le non-choix qui s’est imposé à moi.
Tu m’as offert ma première vie et tu l’as remplie d’amour et de joies. Merci. Remercie Bruno pour tout ce qu’il m’a apporté : vous êtes mes bases pour cette nouvelle existence.
Le temps dure ce que le temps doit durer. Que sont les minutes, les jours, voire les années, si ce n’est une perte de temps à calculer ! Cette vie à côté de vous s’est éteinte irrémédiablement au sommet de la plus haute montagne. Je suis sans amertume, sans regret, sans peine, si ce n’est celle de vous quitter.
Ma seconde vie a débuté quand j’ai accepté que le temps n’ait plus d’importance.
Hier soir, autour d’un grand feu, Manon et moi avons brûlé notre short et nous avons drapé le sarong autour de nos hanches.
Nous avons brûlé les lambeaux de notre ancienne vie et nous nous sommes fondus à celle du clan.
Salween, Lisu et Gaoligong ont retiré leur médaillon et ils l’ont incrusté dans un des bracelets que j’ai enfilés devant le clan.
Je suis devenu Mahani. Et, même si je redoute de ne pas être à la hauteur de ce rôle, je suis fier de faire partie de ce peuple"