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15. Clan Destin - Visite

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Pubblicato 16 ott 2024 Aggiornato 16 ott 2024 Young Adult
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15. Clan Destin - Visite

Était-ce parce qu’il n’était pas fier de sa prestation au réfectoire ou parce que Gaoligong avait cette autorité qui ne permettait aucune remise en cause, Élias le suivit sans rien dire et surtout sans rien comprendre. Il lisait dans sa tête que Gaoligong voulait qu’il jouât l’interprète. Cela l’étonna. Avec leur fameuse langue universelle, peu de dialogues leur échappaient.

Ils coururent au petit trot vers le nord de l’île. Élias réalisa qu’il ne devait pas se trouver bien loin de la bergerie. En effet, Gaoligong le mena droit à la crique par laquelle ils débarquaient chaque été. Un Zodiac était en train d’accoster. Au sommet de la falaise, Salween regardait les hommes mettre pied à terre. Mentalement, il expliqua à son jumeau :

—  Elle est clairement en danger. Tu lui en as parlé ?

—  Qu’est qu’on lui raconte ?

—  La vérité. Je lui ai promis la vérité.

—  T’es sûr de toi ?

—  Souviens-toi de ce qu’il a dit : il faut vivre dangereusement ! ajouta Salween avec un petit sourire.

—  Tu es fou ? C’est notre ultime espoir !

—  Oui, mais on le tient ! Après la tirade de ce matin, il n’a déjà plus le choix, détermina-t-il.

 Élias n’entendait que d’une oreille distraite les quelques phrases qu’ils s’échangeaient. Il déduisit qu’il y aurait sans doute un chantage de ce peuple envers lui pour pouvoir sauver les autres. Cela ne le surprit pas. Il avait les yeux fixés sur le groupe qui débarquait plus bas ; il écoutait les dernières consignes données par un long mince vêtu d’une blouse blanche :

—  Dans tous les cas, gardez votre calme ; il ne faudrait pas qu’elle se bloque. Ce sera plus facile pour tout le monde si nous ne devons pas en venir aux grands moyens. Nous ne sommes là que pour voir si cette femme a besoin d’

Élias les observait. Il lisait dans leur tête leurs véritables ambitions. Il n’osait comprendre et murmura à l’intention des jumeaux :

—  De qui parlent-ils ?

—  De Garance.

Élias devint blafard et leur raconta :

—  Le grand et large bonhomme, le grizzli, est promoteur immobilier ; il voudrait construire un ensemble de bungalows sur toute la partie nord de l’île. C’est pourtant une zone protégée, mais une vieille loi permet de bâtir sur un terrain brûlé... Il profite du voyage pour repérer les lieux. Le petit râblé les guide. C’est le plus dangereux : une hyène ! Il en veut particulièrement à Garance, il y a dans ses pensées une envie de vengeance. Le suivant, un médecin, l’échassier déguisé en cigogne, n’est là que pour constater l’état de folie de ma mère et, dans l’affirmative, la placer dans un hôpital psychiatrique sur la terre d’en face. Les deux autres sont des infirmiers ; ils suivent la cigogne pour prêter main-forte si ma mère refuse de les suivre calmement ; dans ce cas, ils l’endormiront avec la tonne de somnifères qu’ils ont dans leur sac.

Élias se tourna vers les jumeaux et leur annonça :

—  Je vous promets que le râblé fera tout pour la rendre folle. C’est pas beau à voir. Où est-elle ?

—  Au village, elle dort.

—  Mais ma parole, vous utilisez les mêmes méthodes qu’eux ! dit-il, avec un brin d’

Salween se crispa intérieurement, déjà énervé par cette petite pique. Gaoligong se tourna vers Élias et le regarda avec attention ; c’était la première fois qu’ils s’approchaient réellement. Il essaya manifestement de lire ce qu’Élias cachait sous sa tignasse. Élias commençait à être très rapide à ce jeu-là et il ne lui présenta qu’une tête de brave garçon qui ne pensait pas plus loin que le bout de son nez. Il consulta également la sienne : Gaoligong n’était pas dupe à son manège et il le soupesait : 

—  Ou il est aussi stupide qu’une poule ou il est très fort. Après ce qu’il a fait ce matin, j’opte pour la seconde hypothèse : ma main au feu qu’il nous visite. Si tu ne lui parles pas le plus tôt possible, il le découvrira par lui-même. Ce sera pire que tout : il nous lâcherait aussitôt.

—  Je ne demande que ça ! Je n’ai uniquement pas eu d’ Depuis l’incendie, on n’a pas eu un moment à nous. Quant à nous «visiter », n’exagère pas !

—  On a combien de temps devant nous ? les coupa Élias tout haut.

—  Le temps d’un repas.

—  Eh bien, à table, alors ! Suivez-moi.

—  Il veut manger ? s’étonna Gaoligong. Dans ce cas, je retire ce que j’ai dit : il est vraiment stupide ! T’es sûr qu’il a compris tout le danger pour Garance ?

—  C’est sa manière de s’exprimer, tu devras t’y habituer ! répondit Salween, en lui emboîtant le pas.

—  Il se marre ! Comment n’as-tu pas vu qu’il entendait d’autres dialogues que ceux qui lui sont destinés ! dit encore Gaoligong en s’élançant derrière eux.

Ils arrivèrent à la bergerie, sans tarder. Un peu malgré eux, les jumeaux  laissèrent Élias prendre les rênes de l’opération. Élias grimpa dans la chambre de ses parents, avec les frères sur les talons. Il puisa dans les affaires de son père et leur donna shorts et tee-shirts. C’était la première fois que Salween et Gaoligong enfilaient des vêtements différents de leurs sarongs. Ils eurent beaucoup de difficultés à s’en vêtir ; Élias renonça à les chausser.  Ils redescendirent dans la grande pièce du bas. Élias alluma la radio, versa une poignée de farine sur la tête de chacun et les installa sur la terrasse, avec une paire de lunettes de soleil et une casquette. Il glissa entre eux une bouteille de bière.

—  Restez là, affalés, les somma-t-il en apercevant le groupe se pointer au début de la prairie. Gaoligong, arrête de jouer avec tes lunettes de soleil !

—  Ça sert à quoi ? s’informa-t-il, curieux.

Élias retourna à l’intérieur de la maison et prépara en vitesse une omelette. Ils étaient maintenant à proximité.

—  Messieurs ? demanda Élias calmement, tout en battant ses œufs dans un bol, pouvons-nous vous aider ?

—  Nous cherchons Madame Ternant, répondit le plus petit d’entre eux, hésitant.

—  Elle n’est pas là. Elle est partie ce matin à l’aube pour Bruxelles.

La Gale pâlit. Il le fixa, se souvint avoir vu sa tête quelque part.

—  Impossible, déclara-t-il enfin, le passeur ne vient qu’à quatorze heures.

—  Quand l’avion est à 7 h 46, quatorze heures, c’est un peu tard ! répliqua Élias avec un demi-sourire. C’est l’épicier, Monsieur El Barim, qui l’a conduite.

En flash, une photo d’Élias prise deux ans plus tôt apparut devant les yeux de la Gale. Élias la capta également.

  • Vous êtes Élias… souffla-t-il, suffoqué.
  • Non Monsieur, réfuta Élias très sec. Je suis son cousin. Le connaissiez-vous ?
  • C’étaient des…

La hyène s’arrêta en pleine phrase. Il allait dire cousins, mais Élias s’étant présenté comme tel, il hésita à continuer dans cette voie.

—  Élias, se reprit-il. Vous êtes Élias Ternant.

—  Ça suffit ! claqua Élias. Élias Ternant est mort. J’aimais beaucoup mon cousin, je ne peux supporter que l’on me confonde avec lui. Quand est-ce que vous l’aviez vu la dernière fois ?

—  Il y a une quinzaine d’années.

—  Quinze ans ? Mais Élias n’était pas né ! C’est de très mauvais goût.

Je suis journaliste, se défendit-il. J’ai fait un article sur la disparition des quatre enfants il y a à peine six mois.

Ces lignes, publiées dans un magazine à sensation, apparurent dans la tête d’Élias. Le titre ravageur lui laissa penser qu’il n’avait pas dû être tendre vis-à-vis de son père. Les quatre autres compères continuèrent à dévisager le petit. Le médecin fut étonné : il le croyait neveu de Garance.

—  Seriez-vous le rat qui a scribouillé ce navet dans le Paria-mouche ? Je l’ai utilisé pour allumer le feu hier soir. Pourquoi avez-vous pondu de telles atrocités sur mon oncle ?

Un petit passage vint s’imprimer sur son front. Élias le lut tout haut :

—  «Bruno, homme taciturne et tyrannique a tout du cerbère. Il martyrise ses élèves, ne vit que pour le plaisir de la persécution. Garance, moineau pour le chat, est étouffée sous son emprise. Ce mauvais vent qui s’est abattu sur l’île n’a pas encore dévoilé tous les secrets de cette sombre affaire ». Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer qu’il est à ce point pervers ?

—  J’ai été son élève.

—  Ben voyons ! Serait-ce la vengeance du cancre vis-à-vis de l’autorité ? J’ai été aussi son élève. Même s’il était sévère, il n’a jamais été craint par aucun de mes condisciples. Si je suis en rupture scolaire actuellement, c’est sûrement pas à cause de lui, mais plutôt malgré lui ! Et il me donne encore une chance. Si je suis ici avec ces deux ouvriers, c’est pour rompre avec une vie qui ne me convenait pas. Je suis en train d’entrevoir le bout d’un long tunnel grâce à la patience du cerbère, à la gentillesse de l’oiseau et à la douceur du vent.

Élias marqua une pause. La dernière phrase qu’il venait de prononcer ne lui ressemblait pas. Ces mots avaient pour lui un double sens, qui le troubla sans qu’il en captât la signification. Il n’osa pas se retourner vers les jumeaux qui, dans son dos, restaient impassibles, voire satisfaits. Il approfondirait plus tard. Élias dévisagea ceux qui l’accompagnaient et il les apostropha froidement :

—  Et vous autres, vous êtes aussi journalistes ?

—  Je suis psychiatre : docteur Karim Barristi, se défendit immédiatement la cigogne. Monsieur Vereert s’est présenté à moi comme étant le neveu de Garance Ternant. Très affligé par l’état de sa tante qui, depuis la disparition de ses enfants, n’a plus toute sa raison, il m’a prié de lui venir en aide. Je suis ici pour constater et pour agir si nécessaire avec ces deux infirmiers.

—  N’importe quoi ! Un neveu, pointa Élias en scrutant la Gale. Nous serions cousins, vu que Garance n’a pas de famille. Vous êtes un imposteur. Quel aurait été le titre de l’article : «la folie emporte le moineau, Ternant toujours pas inquiété » ? Montrez-nous cet appareil de photo que vous dissimulez si mal dans votre sac à dos.

Le médecin avisa le sac et découvrit l’objectif, astucieusement placé et relié à une télécommande cachée dans la ceinture du bonhomme. Il était furieux de s’être laissé duper ; il n’approfondit pas comment Élias avait pu le démasquer. Il ne le quittait pas des yeux tandis qu’il retirait rageusement le dispositif, qu’il donna à l’un de ses infirmiers. 

—  Docteur, reprit Élias plus calmement, je peux vous rassurer : Garance va très bien ; elle vit dans une sérénité que je lui envie souvent.

—  Vous parlez arabe ? s’étonna l’échassier dans cette langue.

Élias en fut aussi surpris que lui.

—  Tu viens d’utiliser le langage universel, lui souffla Salween.

—  Oui, mon parcours est un peu particulier.

—  Excusez-nous de vous avoir dérangés ! s’exclama le médecin avec un petit sourire gêné.

—  Il n’y a pas de mal !

Il tourna les talons, suivi de ses deux subordonnés. Le grizzli les regarda partir en hésitant à les suivre. Il se retourna vers Élias et tenta :

—  Croyez-vous que les Ternant comptent vendre cette bergerie ?

—  Un brin charognard ? répliqua-t-il en levant un sourcil sarcastique.

—  Non, non... bien sûr que non...  c’est juste que monsieur…

—  Vereert vous a dit que… prolongea Élias.

—  Sorry ! se morfondit l’ours en rejoignant les autres.

Vereert se maintint encore face à eux, seul, les mains sur les hanches. Il scruta Élias d’un regard mauvais :

—  Je suis sûr que tu es Élias ! Je te promets que je n’en resterai pas là ! cracha-t-il.

—  La larve ! déclara Élias aux jumeaux. Il investiguera à Bruxelles et il découvrira qu’il a raison ; je le lis dans sa tête.

—  Pas de panique, petit frère ! dit Gaoligong, On s’en charge !

Salween et Gaoligong se dirigèrent vers le journaliste et l’encadrèrent. Le râblé les dévisagea, apeuré. Ils empoignèrent chacun un bras.

—  Place-toi derrière lui, l’enjoignit Gaoligong. Écarte les doigts sur son crâne et regarde ce qu’il a comme souvenir. Je vais lui ordonner d’oublier cette entrevue. Quand tu ne verras plus rien de cette visite, fais-moi signe.

L’opération ne fut pas très longue mais impressionnante. Au fur et à mesure, les traces de l’entretien s’estompèrent comme un écran dont l’image rétrécit lentement. Les jumeaux laissèrent l’homme rejoindre les autres.

Leurs yeux flottaient sur le groupe qui s’éloignait. Adossé au chambranle de la porte, Élias se perdit dans les mots qu’il avait lui-même prononcés et qui l’avaient perturbé, ceux avec lesquels il avait affirmé sa mort et cette petite phrase « Je suis en train d’entrevoir le bout d’un long tunnel grâce à la patience du cerbère, à la gentillesse de l’oiseau et à la douceur du vent », qui signifiait clairement autre chose mais dont il ne comprenait pas le sens. Encore un cap ? Il en avait marre, il était lassé d’être surpris par ses propres facultés sans en maîtriser les limites. D’autre part, Élias avait apprécié que Salween jouât franc-jeu, qu’ils eussent protégé sa mère. Cela ne servait plus à rien d’incarner l’autruche.

—  Qu’attendez-vous de nous ? lâcha-t-il.

—  Je vais tout te raconter ; asseyons-nous là-bas, imposa calmement Salween.

—  Tu ne peux lui apprendre qu’une partie, intervint Gaoligong. L’autre doit se révéler en présence du reste de la famille.

—  Eh bien, expliquez-moi déjà ça ! C’est tellement dur ?

—  Tu nous entends depuis longtemps ? demanda Salween.

—  Surprise ! répliqua Élias avec un petit sourire.

—  Il ne fait pas que nous entendre, ajouta Gaoligong ; on vient d’avoir la preuve qu’il nous visite…

—  Et le reste ! déclara Élias, goguenard.

Salween et Gaoligong le scrutaient, vaguement mécontents. Ils avaient tous les deux le même regard, sourcils froncés. Élias en rit doucement.

—  Prenons le temps de nous mettre à l’aise, proposa Gaoligong en enlevant son tee-shirt. C’est chaud, ces vêtements ; comment peuvent-ils les supporter toute la journée ?

Élias les regarda se déshabiller, légèrement moqueur. Il tourna les talons et entra dans la bergerie. Les jumeaux s’en inquiétèrent et suspendirent leur mouvement dans un ensemble qui amusa l’ado.

—  Où vas-tu ?

—  Je ne pense pas devoir entamer une grève de la faim ! leur lança-t-il de loin.

Tandis que les frères débattaient silencieusement de la réaction d’Élias, en se demandant quelle stratégie adopter pour récupérer le garçon, celui-ci revint avec une omelette fumante et de la vaisselle qu’il avait emportée machinalement.

—  Rassure-toi, Gaoligong, pas besoin de commencer ton chantage !

—  On n’a jamais fait de chantage ! s’offusqua-t-il.

—  Jamais ? Même pas ce matin pour défendre les grands ?

Les jumeaux avalèrent leur chique de travers. Élias en jubilait franchement. Il servit les trois assiettes et entama la sienne. Gaoligong et Salween découvrirent le couvert avec curiosité. Ils étaient fascinés par son savoir-faire et ils l’observaient en ouvrant la bouche chaque fois qu’Élias enfournait une bouchée. Tout à leur exploration, ils oublièrent complètement le but du repas improvisé. Élias les rappela à l’ordre :

—  Alors, les carpes, si on passait à cette première partie ?

Sortant de sa contemplation, Gaoligong tritura sa fourchette en décrétant :

—  C’est Salween qui parle ! Moi, je vais jouer avec ce morceau de métal !

—  D’accord, je te raconte le début de notre histoire. Celle-ci n’est pas terminée, elle se déroule en plusieurs phases, en plusieurs Lunes.

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