Slovénie m'était contée...
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Slovénie m'était contée...
Première étape, l'Italie. Nous passons par les terres, première nuit à la frontière dans la vallée de l'Ubaye, au milieu des montagnes et sous la voûte étoilée, magnifique. Que demander de plus quand on se retrouve dans un tel cadre ? La paix, la majestuosité des lieux, le rapprochement avec les éléments de la Nature amène cette sérénité qui permet de relativiser les difficultés de nos existences, les nombreuses conditions que l'on met à notre bonheur, et nous replace dans une union avec le grand Tout qui apaise l'esprit. Cela me permet aussi de relativiser la nuit blanche que je passe, à contempler les étoiles et à rêvasser à défaut de dormir.
Quand j'ai l'aspiration de tracer pour rejoindre rapidement l'Europe de l'Est, Alvaro lui veut profiter du passage pour visiter les villes d'Italie. Milan, camping au bord du lac de Garde, puis Venise. Sensation étrange de se trouver au milieu d'une des villes les plus renommées au monde, d'en voir et d'en comprendre le charme, mais de ne pas la ressentir ! Je retrouve pourtant avec plaisir ces décors de canaux dans lesquels j'ai circulé d’antan virtuellement en hors bord à grande vitesse dans la peau de Lara Croft, mais je ne perçois pas cette joie et cette excitation qui caractérise la découverte de lieux magiques.
Ljubljana le lendemain, capitale de la Slovénie ; là encore, mon insensibilité m'effraie et m'inquiète, je ne parviens pas à me laisser bercer par ce qui m'entoure, envahi par un vide intérieur et des préoccupations multiples, conséquence de mon état d'épuisement avancé. Si les journées sont très difficiles, je retrouve ma vitalité pendant les soirées.
Quartier de Metelkova. Quel lieu extraordinaire ! Quartier alternatif par excellence, ce sont de vieux hangars désaffectés, entièrement tagués et transformés en débit de boisson et en boites de nuit, où la jeunesse de Ljubljana se retrouve pour passer le week-end. Un vrai quartier underground, où se retrouvent diverses conditions et nationalités, les rencontres sont faciles, c'est le genre d'endroit que j'affectionne tout particulièrement en temps normal, et je parviens à trouver les ressources en moi pour profiter du lieu et de la soirée.
Direction Bled, le lendemain, nord-est de Llubjana. Petit havre de paix, il s'agit d'un lac centré par une île sur laquelle s'est construit un monastère. Nous y passons une journée de détente au bord de l'eau. Alvaro se lance dans l'idée de rejoindre l'île à la nage, au moins 1 km aller ; pour ma part, j'hésite, je renonce, je regrette, la journée sera reposante et apaisante pour moi. Dominant le lac, une falaise tombant à pic, et surplombant cette falaise, une forteresse. Nous constatons qu'un festival de musique ethnique a lieu le soir même ici, et nous décidons de rester.
C'est là que nous assisterons à un petit moment de grâce. Imaginez un peu : le château illuminé à la nuit tombée, la vue sur le ciel et la lune se reflétant dans le lac, et en face de nous, la rencontre entre deux grands de la musique classique de deux continents différents : Catrin Finch, harpiste galloise, et Seckou Keita, joueur de kora sénégalais. Merveilleux mélange que la rencontre de ces deux instruments à cordes pincées ! Nous écoutons ce concert, bluffés, avec l'impression de vivre un de ces moments magiques où tout respire l'harmonie et la perfection. On est le soir, je respire moi aussi. Le sourire éclatant et le regard généreux de Seckou Keita parfait ce petit instant de bonheur. Mais plutôt que de chercher à décrire, je préfère vous laisser écouter...