En petite communauté au Monténégro
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En petite communauté au Monténégro
3 jours à 6 dans le Trafic sur les routes monténégrines. 3 jours inoubliables. Au Guca nous avons rencontré des gens qui partagent le même goût de l'aventure et cette même quête de liberté. Nous en avons embarqué 4 pour jouer les prolongations. Nos deux amies belges sont musiciennes professionnelles, violon et violoncelle, à Bruxelles et dans le monde. Nos deux espagnols sont professeur d'EPS et en phase de reconversion après avoir travaillé dans des formes d'enseignement nouvelles. Les unes s'intéressent au voyage ; l'autre à la Gestalt thérapie ; l'autre encore aux spiritualités du monde. Tous partagent un esprit de découverte et la priorité donnée aux rencontres humaines. Nous voici déjeunant dans un restaurant au bord d'un lac. S'engage entre Javier et un vieux serbe une discussion de plusieurs heures, l'un parlant espagnol et quelques mots d'anglais, l'autre parlant le serbe et quelques mots de russes. Mais la volonté de communiquer leur permet de dépasser cette barrière de la langue au delà des mots.
Nous trouvons à poser le camion dans un champ à la nuit bien tombée. Nous y passerons une nuit de communion entre tous, à partager ce que nous avons dans nos sacs, toasts improvisés, vin ramené de France, à écouter, reprendre en choeur et danser tous ces hymnes intemporels qui continuent de nous faire vibrer aujourd'hui. Dire Straits, Cat Stevens, Janis Joplin, The Doors, Beatles ou Rolling Stones, Dylan ou Joan Baez, le « Perfect Day » de Lou Reed.... Ces musiques respirent l'espoir et l'engouement des années 60-70's, et s'accorde parfaitement à notre état d'esprit, tous ensemble sous les étoiles au fin fond des gorges du Monténégro.
Nous reprenons la route le lendemain, en suivant le canyon pour rejoindre Podgorica la capitale, puis la côte. Il y a une énorme tirolienne tendue entre les 2 parois de la montagne, et nous trouvons à nous baigner dans ces gorges fraiches. La route se poursuit, au gré des virages et des paysages, alternant entre Salif Keita et chants au son du Yukulélé que les filles ont ramené, grandes discussions et franche rigolade. « Quand il me prend dans ses bras, Il me parle tout bas, Je vois la vie en rose » sera notre hymne. Pour ma part, sans sommeil depuis bientôt deux mois, je suis dans un tel état d'épuisement que je somnole sans parvenir à dormir ; mais je retrouve mes forces et de l'entrain chaque soir comme depuis le début du voyage.
Nous galérons sur la côte pour trouver un lieu où nous poser. Mais les espagnols nous donnent encore une leçon de vie, par leur élan et leur persévérance, à ne jamais cesser d'y croire et de croire en leur bonne étoile, comme seul rempart au ras-le-bol quand les évènements nous résistent. Cette force personnelle si précieuse en voyage, pour affronter et s'adapter aux difficultés qu'on rencontre inexorablement, et desquelles il faut parvenir à se sortir.
Et c'est sur un terrain dominant un superbe village côtier, construit sur une presqu'ile lui donnant l'image d'un paquebot amarré, que nous allons passer notre dernière soirée ensemble. Le cadre est somptueux. Les discussions, riches de cette complicité qui nous unit, se prolongent en profondeur dans le partage de nos réflexions, de nos apprentissages, et du sens que nous voulons donner à nos propres vies. On trinque, on joue de la guitare, on cherche la symbiose avec la magie du lieu qui nous est offert pour la nuit. A la belle étoile, j'arriverai même à m'assoupir pour quelques heures. Ce soir là, nous étions sous la bonne étoile.
Lendemain. Solène est malade. Nous leur trouvons une chambre avec le confort suffisant pour qu'elle puisse se reposer et à proximité d'un cabinet médical, et nous nous séparons. Nous passons la frontière croate non sans fouille avec deux autostoppeuses hongroises dans le camion. Le trafic en version auberge espagnole attire hélas l'attention. Dernière nuit à la belle étoile ? Nous nous faisons chasser dans la nuit. Les espagnols veulent gagner l'intérieur des terres, direction Mostar, dépités de la mentalité azurienne des gens de la côte. Nous les laissons avec de grandes embrassades à Dubrovnik. C'est ainsi que le petit chapitre communautaire du camion se clôt. 1500Km nous attendent pour rejoindre Chambéry, et là c'est décidé nous traçons.
Je retrouve mes parents et c'est pour eux la première occasion de rencontrer mon vieux compagnon d'armes, el Argentino. Ce voyage a été dur, éprouvant, compliqué à bien des égards, brassant tous nos doutes et nos interrogations quant à la vie que nous souhaitons, pour lui comme pour moi. Et nous repartons chacun de notre côté avec notre fardeau, encore plus lourd qu'au départ.
Mais il a aussi été beau, ponctué de moments magiques et de rencontres riches, sur lesquels il nous faudra nous appuyer pour continuer d'y croire et écrire les prochaines pages de notre vie. Il n'a pas été le voyage espéré, celui de pur plaisir et liberté, mais une confrontation régulière aux chaînes qui emprisonnent nos esprits. Nous avons persévéré, malgré tout, dans l'adversité, luttant contre soi-même et nos doutes, nous serrant les coudes, tous deux, compagnons de fortune et d'infortune, Alvaro et moi. Une amitié est scellée, et je lui suis redevable de beaucoup. Pour l'instant c'est à chacun de reprendre sa propre route.