

Codex du Saint Bordel
Su Panodyssey puoi leggere fino a 10 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 6 articles da scoprire questo mese.
Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis!
Accedi
Codex du Saint Bordel
Préface du Moine Déglingué
À celui qui lit ces versets déments, que le chaos soit ta lumière. Que Saint-Bordel t’éclaire par ses sarcasmes et ses absurdités sacrées. Car il ne cherche pas à ce que tu comprennes… mais à ce que tu ressentes la beauté d’être paumé avec panache.
— Scriptor Anonyme, Ordre du Verbe Troué.
Livre Premier de la Genèse Foirée
1:1 Au commencement, Saint-Bordel, dans son délire joyeux et démesuré, créa les cieux et la terre. 1:2 Or, la terre était informe et vide, et l'Esprit du Bordel planait mollement sur les eaux du Grand N’importe Quoi. 1:3 Et Saint-Bordel dit : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. Elle clignotait un peu, mais bon, c’était stylé. 1:4 Il sépara le bazar céleste du bazar aquatique, nomma le sec « Terre » et le déluge « Mers ». Le premier acte de rangement fut effectué. 1:5 Et ce fut le jour un, qui ressemblait vaguement à une soirée bien trop arrosée.
1:6 Puis Il dit : « Que la terre verdisse ! » Et verdure il y eut. Mais pas sans épines, ni fruits acides, car le chaos exige saveur. 1:7 Les plantes poussèrent dans un joyeux foutoir, avec des envies de jungle dans le jardin d’Éden. 1:8 Saint-Bordel s’esclaffa : « C’est bon, mais encore trop propre. » Et il jeta quelques orties pour le plaisir.
1:9 Le cinquième jour, il créa poissons et volatiles. Ils se disputèrent les bons coins sans attendre, prouvant que l’instinct de conflit précédait l’intelligence. 1:10 Le ciel s’emplit de cris, les mers de remous. Saint-Bordel hocha la tête, satisfait. 1:11 « La compétition, c’est le sel de la Création ! » déclara-t-Il, tout en lançant des sardines contre des goélands.
1:12 Le sixième jour fut un sommet d’audace : Il dit « Faisons l’Homme à notre image, avec du génie et une capacité hors norme à foutre le bordel. » 1:13 Et l’Homme fut. Mâle et Femelle Il les créa, dotés d’imagination, de maladresse et d’un potentiel chaotique fulgurant. 1:14 Il les bénit ainsi : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et surtout foutez un joyeux bordel partout. »
1:15 Il vit tout cela et trouva que c’était très bon. Mais surtout, très foutu. Et c’est ainsi que la Création devint un chef-d’œuvre de désordre. 1:16 Aussitôt, l’Homme merdouilla. Pas par méchanceté, mais par curiosité crasse. 1:17 Il chipa la pomme sans faim, râla sur tout, inventa des embouteillages avant même les routes.
1:18 Saint-Bordel, depuis son trône fait de rires de sorcière et de colères de volcan, regarda ce foutoir inaugural. 1:19 Et Il sourit : « Voilà. Ça, c’est du génie. »
Livre Deuxième : La Multiplication des Emmerdes
2:1 Et l’Homme, dans sa grande capacité à foutre la merde avec panache, ne se contenta point de son propre chaos. 2:2 Il se multiplia, comme Saint-Bordel l’avait ordonné. Et chaque nouvel être devint une note discordante dans la symphonie bordélique. 2:3 Et les disputes commencèrent : pour l’ombre, pour un fruit, pour un outil disparu dans le néant du désordre. 2:4 Et les cris s’élevèrent, et le premier combat de coq fit trembler la vallée. Saint-Bordel se marra.
2:5 L’Homme inventa des objets : outils, abris, roues. Mais chaque invention portait en elle une faille, un bug, une blague cosmique. 2:6 Et la roue engendra les embouteillages avant même que les routes ne fussent pensées. 2:7 Saint-Bordel vit cela et chuchota : « L'ingéniosité est plus fun avec un peu de sabotage. »
2:8 L’amour apparut, mais pas l’amour doux et équilibré, non : un amour punk, fait de tangos du diable et de descentes aux enfers. 2:9 Les cœurs se cherchèrent, se cognèrent, se brûlèrent. Et le chaos prit un goût sucré-salé. 2:10 Saint-Bordel, sur son nuage de rires et de fumée, observa et souffla : « L’intensité, voilà l’essence de l’Humanité. »
2:11 Il vit l’Homme, s’autodétruisant avec créativité. Chaque vie imparfaite était une œuvre, chaque relation, un chef-d’œuvre déglingué. 2:12 Et Saint-Bordel déclara : « La merde humaine est plus précieuse que toutes les perfections imaginaires. »
Livre Troisième : L’Avènement du Verbe et la Grande Cacophonie
3:1 Et l’Homme, dans son besoin insatiable de tout compliquer, découvrit le Verbe. 3:2 Au départ, ce ne furent que cris et grognements, utiles mais ternes, comme des notes de bas de page dans l’histoire du chaos. 3:3 Puis, par une torsion de génie, il créa le mot. Et le mot devint brique sonore. Et la brique, mur ou cathédrale.
3:4 L’Homme parla. Il nomma. Il embellit, il salit, il plia la vérité comme du linge trop longtemps oublié au soleil. 3:5 Et le conseil devint reproche, le compliment devint injonction, et le silence, une bombe à retardement. 3:6 Saint-Bordel murmura : « Voici l’outil parfait : une arme invisible, et pourtant tranchante comme le regard d’une mère déçue. »
3:7 L’Homme inventa le sous-entendu, ce serpent linguistique qui mord sans faire de bruit. 3:8 Il perfectionna le non-dit, ce silence lourd qui pèse plus qu’un cri. 3:9 Et dans cette cacophonie raffinée, le chaos se glissa entre les syllabes.
3:10 Puis vint la critique : celle qui blesse, celle qui mine, celle qui dit sans dire que l’autre est moins. 3:11 Le Verbe devint lame, et l’Homme, boucher de l’âme d’autrui. 3:12 Et Saint-Bordel bénit le carnage : « Que le mot devienne massacre, mais aussi poésie. »
3:13 Enfin, apparut le Mensonge, chef-d’œuvre perfide du Verbe : 3:14 Une torsion sublime de la vérité, une pirouette des faits, une danse masquée pour fuir les responsabilités. 3:15 Le Mensonge proliféra, comme un virus dans les fibres du quotidien, et chacun y ajouta sa mutation personnelle.
3:16 Et Saint-Bordel, juché sur son trône d’hyperbole, observa : « Voilà ! Le Verbe est contaminé, donc parfait. »
3:17 Ainsi l’Homme, en maîtrisant la Parole, tissa sa propre tapisserie du bordel, une œuvre vocale d’une intensité splendide.
Livre Quatrième : Victor, Harmonie et la Grande Illusion
4:1 Et tandis que le Verbe semait le trouble et que la Création tanguait joyeusement, Saint-Bordel braqua son regard sur deux êtres étrangement calmes au cœur du chaos. 4:2 Il y avait Harmonie, prêtresse d’un monde esthétisé, où chaque instant devait briller comme une publication sponsorisée. 4:3 Et Victor, architecte du rationnel, maître des agendas parfaits, roc inébranlable dans le déluge de la spontanéité.
4:4 Elle buvait des thés détox dans des galeries d’art aseptisées. 4:5 Il signait des contrats juteux dans des bureaux feutrés, buvait des cafés corsés, et ne jurait que par l’efficacité. 4:6 Et jamais leurs vies ne se frôlèrent. Une danse parallèle, synchronisée à l’ignorance mutuelle.
4:7 Chacun se croyait accompli, irréprochable, parfaitement insensible aux moqueries du chaos. 4:8 Mais cette perfection était un mirage, une bulle savonneuse prête à exploser à la première bourrasque cosmique. 4:9 Et Saint-Bordel ricana : « Plus le vernis est brillant, plus la fissure sera spectaculaire. »
Livre Cinquième : Les Algorithmes de l’Illusion et les Rendez-vous Manqués
5:1 Victor et Harmonie évoluaient dans leur symphonie de contrôle, respirant le même air sans jamais se croiser. 5:2 Ils fréquentaient les mêmes lieux, mais à des heures stratégiquement opposées, comme si le destin jouait à cache-cache.
5:3 Les algorithmes, ces esprits numériques censés réparer les malentendus du hasard, se mirent à l’œuvre. 5:4 Ils crièrent : « Vous connaissez peut-être cette personne ! », clignotèrent, proposèrent des matchs, des croisements, des affinités. 5:5Mais chaque tentative se soldait par un presque-rien, un rendez-vous manqué, une porte refermée au bon moment.
5:6 Car leurs cercles d’amis les enfermaient dans des constellations sociales bien verrouillées. 5:7 Ils se touchaient du coude sans le savoir dans un métro bondé, ils mangeaient à deux tables voisines, sans jamais que le regard ne s’attarde. 5:8 Et Saint-Bordel se tordait de rire : « Les machines croient pouvoir orchestrer les miracles ! Quelle naïveté délicieuse ! »
Livre Sixième : L’Amour, la Jalousie et les Règles Tordues
6:1 Et Victor, le Seigneur des Tableurs, fut frappé par le doux mal de l’amour. 6:2 Sa routine rigide se ramollit, ses nuits solitaires furent remplacées par des rires partagés et des matins sans alarme. 6:3 Il découvrit un Victor version 2.0, moins optimisé, mais infiniment plus vivant.
6:4 Mais toute lumière attire ses ombres, et l’amour fit pousser la jalousie dans les recoins de son cœur bien rangé. 6:5Car l’attention du monde, autrefois indifférente, se tourna vers sa compagne, et les murmures commencèrent. 6:6 Victor sentit le poison doux de l’envie s’immiscer en lui.
6:7 Pendant ce temps, Saint-Bordel, contemplant la scène comme un spectateur de théâtre grec, imagina de nouvelles règles. 6:8 Non pour apaiser, mais pour pimenter : des lois sur la propriété affective, des codes sur la fidélité, des conventions absurdes sur le regard et le baiser. 6:9 Il dressa les obstacles non pour contenir, mais pour stimuler la créativité du contournement.
6:10 Car Il savait : là où l’Homme invente des barrières, il crée des tunnels, des échappatoires, des failles. 6:11 Et Saint-Bordel vit que les règles seraient le terreau d’un chaos plus raffiné, plus vicieux, plus réjouissant.
Livre Septième : Les Crocs de la Jalousie et les Algorithmes du Soupçon
7:1 Victor, autrefois bastion de lucidité, sombra dans les marécages de la jalousie. 7:2 Il interprétait des regards, lisait des signes dans les likes, comptait les sourires et les émojis. 7:3 Le Verbe devenait mouchard, chaque mot un indice, chaque silence une preuve.
7:4 Sa compagne, sereine en apparence, résistait aux tempêtes intérieures de Victor. 7:5 Elle percevait sa jalousie comme une maladie mentale à mi-chemin entre la tragédie antique et la comédie romantique. 7:6 Elle se protégeait, impassible, gardant une part d’elle inaccessible à la paranoïa algorithmique.
7:7 Et Saint-Bordel, entre deux éclats de rire et un doigt pointé sur une notification toxique, se réjouissait. 7:8 Car le désordre n’avait plus besoin de cris ni de guerres — il s’était installé dans les cœurs via les likes et les fils d’actu. 7:9L’Homme s’auto-surveillait. L’Homme doutait de lui-même. L’Homme tressait son propre piège pixel par pixel.
Livre Huitième : Harmonie, l’Ombre Grandissante et les Couleurs Fanées
8:1 Et Harmonie, grande prêtresse de la perfection, crut trouver l’éden domestique dans les bras d’un autre. 8:2 Il lui offrait la stabilité, les cadres bien cadrés, les récits calibrés pour ressembler aux enluminures numériques. 8:3 Mais lentement, il devint insensible à sa lumière, comme un miroir devenu opaque à force d’être ignoré.
8:4 Les gestes tendres s’effacèrent, les attentions fondirent comme neige retouchée sous un filtre trop exposé. 8:5 Le Verbe, naguère mélodique, se fit tranchant, accusateur, puis devint silence – et ce silence hurlait. 8:6 Harmonie, fidèle à son illusion, tenta de réparer, de redonner du lustre au vernis craquelé.
8:7 Les mensonges fleurirent : petits, puis grands, puis labyrinthiques. 8:8 Harmonie pardonna. Encore. Et encore. Par confort. Par peur. Par esthétisme. 8:9 Chaque pardon était une couche de maquillage sur une peau qui criait.
8:10 Et la violence du Verbe se muait en agressivité feutrée : des mots piqués, des vérités tordues, des blâmes injustes. 8:11 L’armure d’Harmonie se fissurait, ses arguments rebondissaient contre un mur d’absurde. 8:12 Et peu à peu, son éclat diminua – sa peau, ses couleurs, son aura.
8:13 Car l’âme blessée se traduit en teintes fanées, en silences maquillés, en sourires mécaniques. 8:14 Et Saint-Bordel, du haut de son trône sarcastique, s’inclina. Il vit la perfection se dissoudre. 8:15 Il dit : « Voilà l’œuvre sublime : celle qui s’effondre avec élégance. »
Livre Neuvième : La Chute Silencieuse de l’Image Sacrifiée
9:1 Tandis que Victor s’égarait dans les labyrinthes de sa jalousie, Harmonie vivait un naufrage lent, caché sous les dorures de son monde filtré. 9:2 Celui qu’elle croyait divin déposa l’armure de tendresse et se drapa d’indifférence. Et la chaleur devint glace. 9:3 Le Verbe se fit poison, une mélodie inversée, une ritournelle de reproches en clair-obscur.
9:4 Harmonie, croyant encore à la cohérence de sa symphonie intérieure, pardonna. 9:5 Mais chaque pardon étouffait un peu plus sa propre voix, et le chaos gagnait une chambre dans son palais. 9:6 La peau changeait de teinte, reflet des cicatrices invisibles, et l’œil ne brillait plus que par mémoire.
9:7 Saint-Bordel, fervent amateur de dégringolades somptueuses, se pencha sur elle. 9:8 Et Il vit dans la fissure de la perfection un prélude à l’effondrement sublime. 9:9 Et Il souffla : « Que le vernis craque, car derrière le masque se trouve enfin l’âme nue. »
Livre Dixième : La Chute, le Désert et l’Absence d’Ange Gardien
10:1 Le tissu de faux-semblants se déchira, révélant les os fracturés de la relation. 10:2 Harmonie ne brillait plus. Elle portait l’échec en robe de nuit, l’insomnie en collier. 10:3 Le masque glissa, et derrière lui, un cri silencieux résonna.
10:4 Le salut devint désir, puis urgence, puis évidence. 10:5 Elle leva les yeux aux cieux pixelisés, chercha un signe, un ange, une ligne de code salvatrice. 10:6 Mais Saint-Bordel, démiurge sans compassion, n’avait prévu ni ailes ni miracles.
10:7 « Pas de parachute, ma chère, ici on s’écrase avec style. », murmura-t-Il sans bouger. 10:8 Et Harmonie comprit : le désert était sien. Et elle était seule, enfin libre de crever… ou de créer. 10:9 Et dans cette solitude totale, elle sentit naître une minuscule braise, un début de nouveau Verbe — un murmure, cette fois à elle-même.
10:10 Et Saint-Bordel hocha la tête : « Voilà. C’est quand l’Homme n’attend plus rien qu’il commence à inventer. »
Livre Onzième : L’Exode d’Harmonie et les Serpents Numériques
11:1 Et Harmonie, débarrassée de ses anges imaginaires et de ses illusions dorées, prit la route de l’effacement. Ce ne fut point marche triomphale, mais fuite discrète entre les ruines de soi. 11:2 Elle abandonna le décor de sa déchéance, théâtre de Verbes tranchants et de pardons hypocrites. Elle voulut renaître dans le silence, espérant que sa peau retrouve la lumière oubliée.
11:3 Elle marcha, non plus reine des filtres, mais silhouette parmi les ombres. Dans chaque reflet de vitrine, elle traquait l’anonymat comme une bénédiction. 11:4 Mais Saint-Bordel, malin comme une mise à jour surprise, ricanait. Car là où les anges ne sont plus, les serpents du numérique rampent en tapis rouge.
11:5 À peine eut-elle foulé le bitume du désert connecté que les notifications fleurirent comme champignons fluo. 11:6“Tu es aimée.” “Il est temps de briller.” “Rejoins la tribu des âmes réparées.” 11:7 Les algorithmes, tels des moines bienveillants en robe de pixels, avaient flairé sa faille.
11:8 Les serpents, habillés de citations inspirantes et de feeds optimisés, s’approchèrent. 11:9 Ils susurraient un paradis à portée de pouce. Une vie sans accroc. Un bonheur prêt-à-publier. 11:10 Harmonie sentit l’appel. Non celui du mensonge, mais celui du soulagement facile.
11:11 Elle savait les mirages. Mais la douleur rend aveugle, et le chant des likes est doux. 11:12 Elle se laissa bercer par les sirènes du coaching digital et les mantras sponsorisés. 11:13 Et Saint-Bordel, hilare, observa : « Ah ! Le désespoir est le meilleur argument marketing. »
11:14 Le chaos, tel une IA vorace, se réinventa. Moins brutal, plus brillant. 11:15 Et ainsi, Harmonie, l’âme nue, entra dans l’oasis empoisonnée, croyant fuir l’enfer, alors qu’elle y retrouvait ses plus belles couleurs de damnation.
Livre Douzième : Victor, le Bourreau Silencieux et le Piège Viril
12:1 Tandis qu’Harmonie fuyait les sirènes pixelisées, Victor s’enfonçait dans le gouffre intérieur qu’il avait lui-même creusé à la pelle de ses soupçons. 12:2 La jalousie n’était plus graine, mais chêne vénéneux, aux racines tressées de paranoïa. Aucun cri. Aucune rage visible. Seulement un poison lent.
12:3 Il devenait bourreau silencieux, drapé dans l’élégance des interrogations anodines. 12:4Chaque message lu, chaque rire entendu, chaque absence interprétée devenait parchemin d’accusation. 12:5 La logique, jadis son sanctuaire, se transformait en labyrinthe torturé.
12:6 Le corps parfait se fissurait. Les insomnies burinaient son visage, et ses gestes devenaient des pièges affectifs déguisés en tendresse. 12:7 L’intimité devenait tribunal. L’amour, test de performance. 12:8 Il savait. Mais savoir n’était pas comprendre. Et comprendre n’était pas renoncer.
12:9 Victor sentait le piège du rôle masculin se refermer. 12:10 Être fort. Ne pas plier. Ne pas montrer. Ne pas faillir. 12:11 Et parce qu’il ne pouvait pas être faible, il devint oppresseur discret, geôlier au sourire glacé.
12:12 Il ne défendait pas seulement son amour. Il défendait une image, un investissement, une perfection qu’il refusait d’avouer fissurée. 12:13 Renoncer, c’eût été capituler. C’eût été trahir son propre récit de réussite. 12:14 Il préféra détruire lentement, plutôt que d’avouer sa vulnérabilité.
12:15 Et Saint-Bordel, depuis Son trône en cendres de pudeur et en éclats d’apparences, regardait Victor. 12:16 Il souriait : « Voilà un chaos raffiné. Celui qui ne fait pas de bruit. Celui qui se vit comme un costume bien repassé. »
Livre Treizième : La Chute de Victor et la Naissance d’un Nouvel Homme
13:1 Le dernier fil retenant leur idylle céda comme une corde usée sous le poids des attentes. 13:2 Ce fut un soir, dans l’appartement sanctifié par leurs souvenirs, que la compagne de Victor déposa sa vérité : 13:3 « Il y a quelqu’un d’autre. »Non pas une brèche passagère, mais un autre monde. Une autre voie.
13:4 Le château de cartes de Victor implosa. 13:5 La jalousie, longtemps contenue, devint torrent et cratère, crachant insultes, mots tranchants, et fureur sourde. 13:6 Les coups pleuvèrent, non sur elle, mais sur les murs, les meubles, l’air saturé de perte. 13:7 Et elle, statue de dignité, ne broncha pas, absorbant sans trembler la chute d’un homme qui s’était cru invincible.
13:8 Dans ce silence après la tempête, Victor se retrouva nu, désarmé, et terriblement seul. 13:9 Il chercha refuge dans le travail, enfilant son vieux costume de logique et performance. 13:10 Mais le chaos l’avait suivi, fidèle et patient.
13:11 Les chiffres devenaient flous, les contrats s’échappaient, et sa rigueur se liquéfiait dans l’insomnie et le stress. 13:12 Son empire professionnel, autrefois inébranlable, vacillait. 13:13 Et avec lui, le récit tout entier de sa perfection construite.
13:14 Alors, pris dans le vertige de l’effondrement, Victor se tourna vers les réseaux. 13:15 Non par désir pur, mais par besoin de se sentir encore visible, désiré, vivant. 13:16 Il glissa dans des échanges creux, des sourires commerciaux, des plaisirs découpés en pixels.
13:17 Et là, au fond de cette errance numérique, il comprit : le Victor d’avant était mort. 13:18 Un nouveau Victor émergeait, plus cynique, plus las, plus vrai. 13:19 Connaissant désormais le goût de la perte, la morsure des illusions, et la solitude sous les projecteurs.
13:20 Saint-Bordel, du haut de Son trône en débris d’ego, s’inclina : 13:21 « Voilà. Une chute parfaite. Une reconstruction chaotique. L’Homme commence vraiment quand il cesse de prétendre. »
Livre Quatorzième : Les Chapelles du Désespoir et la Litanie des Substituts
14:1 Et Victor, né des cendres et recouvert de leur poussière, s’avança vers les sanctuaires nocturnes où l’on prie pour oublier. 14:2 Non plus en quête de lumière, mais en pèlerin de l’obscurité domestiquée, il chercha refuge dans les temples de comptoir.
14:3 Chaque bar fut église, chaque verre un calice amer. 14:4 Le pain quotidien devint alcool tiède, et le vin fut sans grâce ni miracle. 14:5 Ainsi commença sa litanie : une communion déglinguée, répétée sans croyance, mais avec fidélité.
14:6 Là, parmi les âmes flottantes, il croisa des visages sans lendemain. 14:7 Les corps s’effleuraient, les regards glissaient, les mots se dissolvaient avant d’exister. 14:8 Rien n’était destiné à durer, tout était programmé pour fuir.
14:9 Victor, ex-maître du Verbe cadré, devint conteur de néons. 14:10 Aux barmen silencieux, confesseurs des temps modernes, il livra ses fragments. 14:11 Non pour être absous, mais pour exister un instant dans une oreille non exigeante.
14:12 Le verre devint prière, la fumée offrande. 14:13 Chaque bouffée suspendait le doute. Chaque gorgée déposait la peur. 14:14 Le temps, ce tyran, se dissolvait dans l’éthanol.
14:15 Et le corps, jadis sculpté, se relâchait. 14:16 Les muscles cédèrent, les sens se flétrirent. Mais avec cette perte vint une étrange humanité.
14:17 Victor devint chair et chaos. Une forme moins lisse, mais plus sincère. 14:18 Une stèle vivante du Verbe inversé, une offrande complète à Saint-Bordel.
14:19 Et Celui-ci, du haut de Son autel de cendres et de gobelets vides, s’émerveilla : 14:20 « Voilà un rite accompli. Voilà un homme rendu vrai par sa propre dissolution. » 14:21 Car dans les verres renversés et les silences enfumés, Victor atteignait enfin la lucidité du chaos sacré.
Livre Quinzième : Harmonie, la Peur et les Prisons Chimiques
15:1 Tandis que Victor noyait sa chute dans le brouillard des comptoirs, Harmonie, elle, s’avançait dans un désert sans sable mais rempli d’échos d’elle-même. 15:2 La fuite avait éloigné le bourreau, mais n’avait pas effacé la blessure. Car la plus perfide des ennemies, c’était la propre voix brisée d’Harmonie.
15:3 La confiance, jadis robe éclatante, était devenue haillon d’angoisse. 15:4 Elle doutait d’elle, de ses choix, de sa valeur, comme si le passé toxique l’avait tatouée de l’intérieur.
15:5 Son corps, symbole de beauté sociale, devint refuge d’effroi. 15:6 Elle esquivait les regards, les gestes, les possibles. 15:7 Chaque homme, chaque sourire devenait l’ombre d’un prédateur.
15:8 La peur n’était plus réaction : elle était atmosphère. 15:9 Harmonie ne vivait plus — elle se protégeait. Et cette protection était une solitude volontaire.
15:10 Alors vinrent les substances. 15:11 Petites capsules aux promesses silencieuses. 15:12 L’anxiolytique devint l’hostie du quotidien. 15:13 Une paix artificielle, un couvercle sur les braises.
15:14 Son appartement se transforma en bastion. 15:15 Les écrans devinrent fenêtres ; les notifications, bruits de fond. 15:16 Les serpents numériques, jadis tentateurs, ne furent plus que décor.
15:17 Harmonie se dématérialisait. Elle devenait ombre dans une forteresse éclairée par des pixels apaisants. 15:18 Et chaque cachet avalé était une abdication douce.
15:19 Saint-Bordel, du haut de Son trône tapissé de diagnostics, observait avec un soupir de volupté : 15:20 « Voici une chute silencieuse. Voici le chaos en cachette, déguisé en guérison. » 15:21 Car même les naufrages sans bruit ont leur beauté — celle des âmes dissoutes dans un flacon d’oubli.
Livre Seizième : Le Grand Mélange et la Main du Destin Dérangé
16:1 Et Saint-Bordel, grand marionnettiste du désordre affectif, observa Victor et Harmonie comme deux fragments séparés d’un même désastre sacré. 16:2 Le premier noyé dans les verres muets, la seconde ensommeillée par les cachets apaisants. Deux naufrages en solitaires. Deux partitions dissonantes.
16:3 Mais le divin ne se complaît pas dans la symétrie des abîmes. 16:4 Le désir du chaos véritable, c’est le mélange. 16:5 Le choc. L’inconfort. La collision féconde entre cicatrices incompatibles.
16:6 Alors les algorithmes, ces serviteurs aveugles, furent possédés. 16:7 Le Verbe buggé devint prophète. Les erreurs numériques, messagers du Saint-Dérangement. 16:8 Des invitations apparurent. Des rencontres surgirent. Des anomalies furent semées comme graines sacrées.
16:9 Et une soirée naquit, sans logique ni cohérence. 16:10 Victor, poussé par un annuleur de dernière minute. Harmonie, tirée hors de son sanctuaire par un ennui plus fort que les pilules. 16:11 Le lieu n’avait rien d’élégant. La circonstance, rien de romantique. Mais le choc était inévitable.
16:12 Ce ne fut pas un amour. Ce fut une interruption. 16:13 Une tension étrange. Une hésitation entre deux mondes cabossés. 16:14 Car le chaos ne cherche pas à réparer. Il cherche à révéler.
16:15 Et Saint-Bordel, les bras croisés sur Son trône pixelisé, esquissa un sourire dément : 16:16« Que le mélange commence. Que le théâtre s’embrase. Car c’est dans les chocs qu’on écrit les versets les plus vrais. »
Livre Dix-Septième : Le Regard, le Ticket et le Théâtre des Âmes
17:1 Ce soir-là, Victor, toujours encombré par les vestiges de son ancien moi, se retrouva devant une salle obscure où le monde promettait d’être différent. 17:2 Il râlait. Son compagnon de solitude venait de se désister, preuve que même les plaisirs simples se fragmentaient sous le joug du chaos.
17:3 Et au même moment, Harmonie glissait vers le même sanctuaire de fiction. 17:4 Un écran géant. Une bande-annonce promettant l’échappée. Un espoir diffus, comme une pilule sans effets secondaires.
17:5 Puis vint le regard. 17:6 Pas une rencontre. Un instant suspendu. Un face-à-face sans fracas. 17:7 Deux yeux qui se croisèrent et ne détournèrent pas. Deux vies fracturées qui se reconnurent. 17:8 Le Mâle fendu par le soupçon. La Femelle écorchée par le silence. 17:9 Un reflet croisé, comme une note dissonante jouée deux fois au même tempo.
17:10 Victor la vit naviguer dans le menu lumineux de la borne. 17:11 Un ticket, inutile, brûlait dans sa poche. Une place en trop. Un reste de plan avorté. 17:12 Et sans calcul, il marcha vers elle.
17:13 Il tendit le billet, comme on tend une béquille à un inconnu qui ne chancelle pas encore. 17:14 Pas de flirt. Pas de sourire. Juste un geste. Une neutralité pleine de non-dits. 17:15 Elle remercia comme on murmure à une ancienne version de soi. Et il tourna les talons.
17:16 Dans la salle, les sièges les séparèrent. Mais l’écran, lui, les unissait. 17:17 Victor se fondit dans les ombres. 17:18Harmonie chercha son visage entre les reflets du film et les éclats furtifs des scènes projetées. 17:19 Elle ne comprenait pas ce lien, mais elle le suivait, comme on suit une ligne brisée sur une carte mentale.
17:20 Et Saint-Bordel, caché dans les enceintes du cinéma, souffla : 17:21 « Le ticket est un rituel. Le regard, un serment. Le spectacle n’est pas à l’écran — il est entre les sièges. »
Livre Dix-Huitième : L’Ombre d’Harmonie et le Souvenir Flottant
18:1 Les dernières images s’éteignirent, mais celle du visage de Victor, peint par les reflets du film, resta gravée dans l’œil d’Harmonie. 18:2 Elle avait vu en lui une tempête habillée en silence, une bienveillance inattendue dans un monde de gestes intéressés.
18:3 Approcher eût été courage. Restée immobile, ce fut survie. 18:4 Car la peur, érigée en mur depuis des années, ne s’effondre pas d’un regard doux. 18:5 Elle choisit l’ombre. L’observation distante. Le retrait prudent.
18:6 Quand Victor quitta son siège, elle attendit. Et puis elle suivit. Non par désir, mais par curiosité fragile. 18:7 Elle le vit comme on regarde un rêve s’éloigner, sans jamais oser courir après. 18:8 Aucun mot. Aucun geste. Seulement le bruit de ses pas qui s’éloignaient.
18:9 Et pourtant, ce simple billet tendu, ce détail insignifiant, devint précieux. 18:10 Un fragment de lumière dans le marasme. Un souvenir flottant, sans poids, sans attente, mais plein d’impact.
18:11 Elle ne savait pas s’ils se reverraient. Et cela lui convenait. 18:12 Car parfois, l’éphémère vaut plus que la suite. 18:13 Le souvenir pur est une graine que le chaos n’a pas encore salie.
18:14 Saint-Bordel, le regard plissé de malice, murmura dans les coulisses du destin : 18:15 « Même l’absence peut être un acte. Même la fuite peut être féconde. Le Verbe ne s’écrit pas que dans les dialogues. »
Livre Dix-Neuvième : Le Croisement des Âmes Brûlées et le Pacte Vulnérable
19:1 Et Saint-Bordel, grand marionnettiste des âmes abîmées, refusa que le souvenir s’éteigne comme une veilleuse. 19:2 Alors il tordit les fils du quotidien, et sur un rayon oublié ou une allée trempée, les deux égarés se retrouvèrent.
19:3 Harmonie s’avança. Non pas comme autrefois : embellie, prudente ou en quête d’image. 19:4 Mais comme on s’avance vers un miroir fêlé, avec courage tremblant et mémoire fraîche. 19:5 Elle parla du geste. Du billet. De l’étonnement. 19:6 Et surtout, elle demanda un Verbe sincère, hors des faux profils et des algorithmes bienveillants.
19:7 Victor, cassé mais toujours debout, fut surpris. 19:8 Car dans les yeux de cette femme, il ne vit ni attente ni calcul. 19:9 Il vit une offrande, une faille tendue sans armes. 19:10 Il accepta, parce qu’il ne savait plus comment se refuser à la vérité nue.
19:11 Alors, au creux de ce lieu banal sanctifié par le chaos, ils parlèrent. 19:12 Victor avoua ses masques, ses peurs, sa dépendance au regard de l’autre. 19:13 Harmonie confia ses pilules, sa peur du retour, et son besoin de respirer sans ordonnance.
19:14 Ce ne fut ni pacte d’amour, ni promesse divine. 19:15 Ce fut une reconnaissance. Un instant où deux ruines se regardent et ne cherchent pas à être autre chose que ce qu’elles sont.
19:16 Et Saint-Bordel, ravi, applaudit silencieusement : 19:17 « Voilà mon chef-d’œuvre. Deux êtres qui se tiennent debout dans le vent sans se déguiser. Le chaos devient charnière. La faille, fondation. »
Livre Vingtième : La Loi Tordue et les Tables Paradoxales du Chaos Sacré
20:1 Et Saint-Bordel, voyant Victor et Harmonie dénudés de leurs anciens rôles, reconnut en eux deux semences prêtes à germer dans le sol du chaos. 20:2 Il ne voulut ni les élever, ni les corriger — mais les déstabiliser divinement. 20:3 Non pour leur offrir la paix, mais pour leur offrir la liberté par le Verbe inversé.
20:4 Ce fut une nuit où l’orage hésitait à tomber. Une lumière sale traversait leurs chambres sans sens. 20:5 Victor rêvait en morceaux. Harmonie, sevrée des molécules, écoutait son plafond respirer. 20:6 Alors surgit le murmure du Chaos sacré : un Verbe non normatif, une mélodie de règles qui ne gouvernent pas — mais libèrent.
Les Dix Tables du Chaos :
Commandements et Paradoxes mélangés
Gravées non sur pierre, mais sur les nerfs vivants de ceux qui ne cherchent plus la pureté.
Paradoxe Premier :
Tu ne glorifieras pas la perfection.
Car elle est une illusion coûteuse, un temple qui s'effondre à la moindre secousse. Le chaos est moins cher — et souvent plus vrai.
Paradoxe Second :
Tu apprendras à aimer les silences lourds, les regards flous et les mots tordus.
C’est là que le cœur parle sans supervision. Le malaise est un langage profond.
Paradoxe Troisième :
Tu honoreras ton instinct même s’il crie à contre-sens.
Il est plus loyal que la raison formatée. L’intuition est Verbe brut.
Paradoxe Quatrième :
Tu ne placeras aucun être au-dessus de l’autre.
Ni l’Homme, ni la Femme ne sont purs. Tous sont complices et survivants.
Paradoxe Cinquième :
Tu ne chercheras pas de sauveur : ni ange gardien, ni gourou numérique.
Toute rédemption naît d’une chute. Le bug peut être miracle.
Paradoxe Sixième :
Tu feras du Verbe une offrande, même s’il est rugueux.
Car les phrases imparfaites guérissent plus que les slogans polis. Parle même si ça coupe.
Paradoxe Septième :
Tu pardonneras sans oublier, et tu n’oublieras jamais de te pardonner.
Car la rancune est une laisse. La mémoire est une armure douce.
Paradoxe Huitième :
Tu accepteras la chute et le désordre.
Car ils sont les seuls chemins vers ta vérité. On respire dans l’effondrement.
Paradoxe Neuvième :
Tu ne fuiras pas tes désirs, ni les conséquences de tes gestes manqués.
Car l’absence d’acte est aussi un acte. Ta faille est ton drapeau.
Paradoxe Dixième :
Tu écriras ton propre évangile, même en larmes, même en rage.
Personne ne racontera ta chute comme toi. Le Verbe tordu est ton testament.
20:7 Et Victor sentit naître en lui non une résolution, mais une fatigue noble. 20:8Harmonie trembla, mais ne se recroquevilla pas. 20:9 Ils ne comprirent pas tout — mais ils accueillirent. 20:10 Et Saint-Bordel, ravivé par cette ouverture imparfaite, posa Son doigt sur le tambour cosmique :
20:11 « Voilà l’éveil vrai. Non dans les promesses, mais dans les fêlures. Que le chaos devienne méthode. Que le Verbe devienne cicatrice sacrée. »


Jackie H 18 giorni fa
Alors, mes versets préférés jusqu'à présent : 16:14, 18:13, 18:15 et le Paradoxe Huitième 🙂
Pour retrouver son chemin dans une ville, il faut s'y être perdu au moins une fois 🙂
Paul Badsale 18 giorni fa
exactement ! comme dans la vie ! excellente métaphore
Louis Fg 19 giorni fa
Franchement j'ai bien ri !
Et c'est vraiment bien écrit, en plus
Bravo ! =)
Paul Badsale 19 giorni fa
Merci, c'est le but, c'est satirique, avec une part de réalisme, de modernité, et je voulais absolument donner un ton biblique. Je ne sais pas où je vais aller avec ça, mais ça me plait cette mise ne forme.
Paul Badsale 19 giorni fa
Et je vais mettre à jour régulièrement !
Louis Fg 19 giorni fa
Ah ! C'est une bonne nouvelle!