

Chapitre 2 amitié ambigüe
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Chapitre 2 amitié ambigüe
Marie-Elisabeth
Guillaume me fixe encore, attendant une vraie réponse. Je prends une inspiration :
— Si tu dois partir dans un mois, je ne veux pas gâcher le temps qu’on a à ruminer. Profitons-en pour nous faire des souvenirs. Ça va passer si vite…
— Comment tu fais pour toujours voir le positif ? demande-t-il, admiratif.
Je souris, légère :
— Mon petit secret… Je t’apprendrai, si tu es sage !
Il rit, attendri, m’attire contre lui, son front contre le mien :
— Toi et ton optimisme, vous allez tellement me manquer !
Sa main caresse la mienne, ses yeux bleu-vert plongent dans les miens. Mon cœur s’affole. On est si proches, son souffle effleure mon visage. Mes lèvres s’entrouvrent, je suis sous son charme, béate. Il me fixe, ses yeux glissent vers ma bouche. Mon souffle se coupe, va-t-il m’embrasser ? Je ferme les yeux, prête. Mais ses lèvres se posent sur ma joue, tendres, pas plus.
— On devrait y aller, fillette, la salle est ouverte. Si on tarde, adieu les bonnes places, dit-il doucement.
J’ouvre les yeux, me traite d’idiote en silence. Évidemment, il ne m’embrassera pas. Je suis la sœur de Jérôme, la fille de son parrain et sa marraine. Je me ressaisis, chasse ma déception. Il se lève, me tire par la main. Une lueur étrange brille dans ses yeux, ai-je rêvé ce moment ? Je le suis, m’accroche à son bras alors qu’on fend la foule pour entrer.
Guillaume
Le film démarre, et je me détends enfin. L’action, les rebondissements, l’humour, parfait pour échapper à cette épée de Damoclès au-dessus de nous. Mon bras reste autour du cou de Marie-Élisabeth pendant deux heures. Elle pose sa tête sur mon épaule, grignote les popcorns que je tiens, comme une petite souris. Son rire s’envole à chaque scène drôle, clair et doux comme un chant d’oiseau. Ça me réchauffe le cœur. Je la regarde souvent, amusé par ses yeux bleus qui pétillent, bordés de cils interminables, et son sourire lumineux.
Quand le générique défile, on se lève d’un bond. Dehors, le soleil de fin juin cogne fort. Je l’entraîne vers un stand de glace italienne :
— Tu as décidé de m’engraisser ? Popcorn, et maintenant glace ! plaisante-t-elle.
— Juste de te gâter un peu. C’est gentil de m’accorder ton après-midi. Tu aurais pu préférer la piscine avec tes sœurs ou voir une amie…
— Je suis en vacances, j’ai du temps pour ça plus tard. Et puis, tu avais besoin de parler.
Je souris, reconnaissant. La vendeuse me tend deux cornets vanille-fraise. J’en donne un à Marie-Élisabeth. En marchant vers le parking où ma moto attend, je lui pose des questions sur son bac. Tout ce qui la touche m’importe. Elle aime aussi m’entendre parler de mon métier, de mes sauvetages, de mes passions.
Notre amitié n’a pas toujours été si proche. Longtemps, elle n’était qu’une gamine adorable, la petite sœur de Jérôme, mon “Little Brother”, et un peu la mienne. Une enfant pétillante, drôle, talentueuse, qui me suivait partout. J’étais gâteux d’elle, de ses jeux, de son affection débordante. Avec elle, je redevenais un gosse, et ça me faisait du bien. Mais depuis que Sandra est morte, tout a changé. Marie-Élisabeth m’a soutenu comme personne, avec sa sensibilité, son écoute. Aujourd’hui, elle est ma confidente, aussi essentielle que Jérôme.
Je regarde Marie-Élisabeth dévorer sa glace italienne, ses lèvres roses brillent de gourmandise sous le soleil de juin. Elle lèche une goutte de vanille qui coule sur son poignet, et je perds le fil de mes pensées. Sa présence à mes côtés, c’est mon ancre, mon équilibre. Elle semble ressentir la même chose, quand on ne se voit pas, nos téléphones chauffent avec des appels à n’en plus finir. On marche vers un parc, riant encore des scènes du film Marvel qu’on vient de voir. Elle, d’habitude si réservée, pétille en ma compagnie. Sa joie communicative me rend léger, presque insouciant.
On s’assoit sur un banc, discute des héros et des explosions. Elle imite un des dialogues, et son rire éclate comme une cascade. Je me sens bien, tellement bien avec elle. On finit par reprendre la moto, direction la caserne. Il est presque 18h quand on arrive. Je l’entraîne à l’intérieur, là où Jérôme bosse avec ses collègues, occupé à entretenir le matériel. Je tape dans son dos :
— Alors, cette journée, pas trop dure ?
Il se retourne, essuie ses mains sur son uniforme :
— Tu parles ! On n’a pas chômé : un feu dans une écurie au centre équestre et un accident de la route. J’aurais bien aimé que tu sois là !
Je souris, désigne Marie-Élisabeth derrière moi :
— Regarde qui je t’amène.
Ses yeux s’illuminent :
— Mon petit bouchon !
Il l’étreint, embrasse son front. Elle se laisse faire, puis demande, inquiète :
— Tu as réussi à sauver les chevaux ?
— Oui, tous mis en sécurité dans le pré. Pas de morts, mais l’écurie a pris cher.
Elle caresse son uniforme :
— Ça te va bien !
Un collègue interpelle Jérôme :
— Hé, tu finis à quelle heure ?
— 18h, je vais me changer.
— Un pot avec nous ? propose un autre.
Jérôme hésite :
— Guillaume est passé me chercher avec ma sœur. On allait rentrer.
Antoine arrive à ce moment, me salue :
— Salut, Guillaume ! Bah, venez boire un verre avec nous. Cinq minutes pour une bière, non ?
— OK, ça me va !
Marie-Élisabeth se rapproche de moi, glisse sa main sous mon bras. Elle est intimidée, je le sens. Je lui souris, mais remarque qu’Antoine la fixe avec un intérêt trop évident.
— Tu ne me présentes pas ? C’est qui, cette beauté stupéfiante ?
— Lisa, la sœur de Jérôme, dis-je en jetant un œil à Marie-Élisabeth, qui rougit.
— Enchantée, mademoiselle, dit Antoine, charmeur.
Jérôme intervient, taquin :
— Ne fais pas attention, Lisa. Antoine est le pire dragueur. Il pense que son uniforme fait tomber toutes les filles !
— Tu m’avais caché que ta sœur était aussi ravissante, ajoute Antoine, donnant un coup d’épaule à Jérôme.
— Calme-toi, Antoine, je conclus, un peu sec.
Jérôme rit, mais Antoine s’approche encore, serre la main de Marie-Élisabeth. Une irritation monte en moi. OK, elle est sublime, sa silhouette élancée, son visage doux et rare, ça saute aux yeux. Mais c’est ma confidente, pas une conquête. Son éducation stricte, héritée de son père bourgeois, la rend modeste, presque aveugle à son charme. Elle baisse les yeux, gênée.
Puis Philippe et Clément débarquent, et en deux minutes, elle devient le centre d’attention des trois gars. Ils restent corrects, mais leur curiosité me tape sur les nerfs. Je coupe court, brusque :
— Dépêchez-vous de vous changer, on va boire ce verre !
Ils me regardent, surpris. Jérôme s’esclaffe, Marie-Élisabeth fronce les sourcils, perplexe. Les quatre pompiers filent aux vestiaires. Je souris à ma meilleure amie, ses joues encore cramoisies :
— Désolé, je ne pensais pas qu’ils se comporteraient comme des chiots en rut.
Elle rit, légère, et je passe un bras autour de ses épaules pour la guider dehors.
On traverse la rue, direction l’Entracte, le bar face à la caserne où les pompiers se retrouvent. La conversation s’anime vite, cordiale et bruyante. Marie-Élisabeth, un jus d’orange à la main, écoute avec curiosité, amusée. Elle ne dit presque rien, soulagée de ne plus être sous les projecteurs. Mais Antoine la reluque encore, ses yeux s’attardent sur ses courbes. Ça m’agace. Jérôme, lui, reste zen, protecteur avec sa sœur, mais pas dérangé par ce manège. Il semble même s’amuser de ma tension, de mes regards noirs à Antoine.
Il décide qu’on ne rentre pas tout de suite, envoie un texto à Aurore : pas de dîner à la maison, Marie-Élisabeth reste avec nous. Elle acquiesce, et on lance des parties de baby-foot. Elle fait équipe avec Jérôme et moi. Son rire cristallin éclate à chaque coup tenté, ses joues rosissent d’excitation. Elle galère un peu, ses mèches châtaines tombent sur son front. Puis elle marque un but, ses yeux bleus brillent de joie. Elle se tourne vers moi, rayonnante. Je la soulève, la fais tournoyer :
— Bravo, championne !
Elle s’esclaffe, entoure mon cou, indifférente aux regards de Philippe, Antoine et Clément. Jérôme hausse les épaules :
— Tant de bruit pour un but…
On reprend, et avec Jérôme, notre duo devient redoutable. On enchaîne les points, la victoire est écrasante. Les perdants, bons joueurs, payent la tournée. On revient à la table, Clément hèle la serveuse pour une nouvelle commande. Marie-Élisabeth s’éclipse discrètement vers les toilettes. Je la suis des yeux, un sourire idiot sur les lèvres.
Quatre paires d’yeux se braquent sur moi. Je fronce un sourcil :
— Un problème, les gars ?
— À toi de nous dire. Tu nous caches quelque chose ? lance Antoine.
— Hein ?
— La jolie Lisa, c’est ta petite amie ?
Je ris, nerveux :
— Non, pas du tout. Juste une amie. Je la connais depuis ses 8 ans. On s’adore, mais c’est platonique.
— Oui, bien sûr, on te croit, s’esclaffe Philippe.
— Qu’est-ce qui se passe entre Guillaume et ta sœur, Jérôme ? demande Clément.
— Aux dernières nouvelles, elle avait un faible pour lui…
— Les dernières nouvelles, c’était à ses 8 ans ! Elle va avoir 18 ans dans 15 jours, je proteste, tandis qu’ils se moquent de moi.
La serveuse, une blonde d’une trentaine d’années, apporte les boissons. Elle me lance un regard admiratif, s’attarde. Je ne remarque rien, trop occupé à guetter Marie-Élisabeth qui revient. Je tire une chaise pour elle :
— Tu veux boire quoi ?
Elle lève les yeux vers la serveuse :
— Un soda, s’il vous plaît.
La blonde, distraite, me fixe. Mes collègues insistent du regard, je finis par la voir. Elle sourit :
— Ce sera tout, messieurs ?
Ils ricanent, murmurent entre eux. Je lui rends un sourire poli :
— Ça ira, juste un soda pour la demoiselle. Rapide, si possible, on veut trinquer à notre victoire !
— Un supplément pour le service rapide ? plaisante-t-elle, complice.
Antoine en rajoute :
— Si vous voulez un rencard, il est célibataire…
Elle me regarde, intimidée. Je croise ses yeux, elle rougit :
— Vraiment ? Je croyais que cette jeune personne était votre fiancée.
Marie-Élisabeth s’étouffe avec une cacahuète :
— Moi ? Oh non…
Elle tousse, paniquée. Je lui tape le dos, lui tends ma bière pour qu’elle boive. Ses joues virent au cramoisi. La serveuse s’éloigne, l’air de tirer ses conclusions. Mes collègues me scrutent, lourds de sous-entendus :
— Pas de cachotteries, hein, Guillaume ? insiste Clément.
— Sérieusement, vous êtes lourds !
— Parce qu’on t’a démasqué ? renchérit Philippe.
Marie-Élisabeth fronce les sourcils, cherche à comprendre. Puis murmure, sa main sous mon bras :
— Oh… Tu as craqué sur la serveuse ?
Je me tourne vers elle, surpris, et pose ma main sur la sienne :
— Absolument pas, n’écoute pas ces idiots. Ils racontent n’importe quoi.
Jérôme tape dans son dos, hilare :
— Et là, ils parlaient de toi, pas de la serveuse !
Elle rougit, retire sa main vivement :
— Moi ? Quelle idée… On est…
— Amis ! Oui, c’est évident ! s’exclame Antoine, éclatant de rire avec les autres.
La soirée continue, légère. On laisse tomber les taquineries. Je parle de mon poste à Perpignan. Tous me poussent à accepter, une chance pareille, ça ne se refuse pas. Jérôme est triste, comme Marie-Élisabeth l’était tout à l’heure, mais il répète son discours : 800 kilomètres ne briseront pas notre lien.

