Ce trouble au bout du fil# extrait voix"Si je t'ai pas, personne ne t'aura"
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Ce trouble au bout du fil# extrait voix"Si je t'ai pas, personne ne t'aura"
Poser des mots par écrit et analyser ses émotions, c’est comme dépoussiérer l’intérieur de soi et ouvrir des fenêtres rouillées depuis longtemps. La lumière éclaire chaque recoin du grenier où nos souvenirs étaient relégués. Nous les regardons pour la première fois en face, les yeux grands ouverts, sans peur de nous brûler. Au moment où le chemin de cet homme, qui avait accompagné le mien sur des sentiers parallèles sans que nous nous croisions réellement, s’est séparé du mien, j’ai réalisé pleinement combien il comptait pour moi. Bien plus que je n’aurais osé me l’avouer il y a encore quelques jours, puisque la question ne se posait pas alors. Toujours derrière un combiné, sa voix en fil d’Ariane, je le percevais comme immuable. Pourtant, maintenant que j’apprenais son départ, l’idée de le perdre me paraissait incongrue. Et résonnait dans mon esprit, en embuscade, aux moments les plus insensés. Sous la douche, dans les bras de Dorian, sur le trajet de la crèche, ou lorsque mes paupières se ferment pour la nuit et que mes pensées vagabondent entre terre et ciel. Comme un de ces refrains qui accompagnent mon quotidien dans une obsession incontrôlable. Comme des notes fredonnées au piano, alors qu’on ignorait jusqu’alors être capable d’en jouer. Je tourne en boucle, nage en rond au fond de mon bocal en tempête, ressasse les phrases que je n’ai pas su trouver, ou pu poser. Comme si une virgule, un silence ou un mot avait pu faire mouche et changer les choses. Je tente de me raisonner, de me rappeler qu’il s’agit d’un banquier parisien, un de ces êtres bénis des dieux qui n’a probablement jamais craint le lendemain ni redouté la fin du mois, en comptant les aurores comme on énumère les moutons, en attendant l’éphémère soulagement de la paie mensuelle. Il est l’antithèse exacte de la femme que je suis, un simple fantasme qui m’attire uniquement parce qu’il est mon Yang, mon opposé parfait. Pourtant, rien ne semble apaiser la griffure causée par ce départ que je n’ai pas su anticiper. Elle devient le bruit de fond de mes heures de solitude et de mes moments de transit entre deux obligations de ma vie aux multiples facettes. Qu’aurais-je pu dire ou faire de plus ? Probablement rien. J’avais franchi des frontières tacites, ouvert mon cœur sur un simple carton de Bristol, assurément plus que pour certaines personnes qui avaient pourtant partagé mes draps. Et c’était juste le silence, fracassant de violence, qui me revenait en boomerang. L’absence de réponse, le vide de tout, rythme douloureusement les jours qui s’étiolent dans une cinématographie bien huilée mais ridiculement dissonante. C’était juste un banquier, après tout ! Non ? |
Luce 2 mesi fa
c'est le mental qui se demande, le petit personnage qui croit qu'il a la main mise sur sa vie et sur les évènements, qui se rend malade pour "j'aurais pu", "j'aurais du " et qui en oublie de vivre.
Juliette Norel 2 mesi fa
oui...je le connais bien ce diablotin
Luce 2 mesi fa
J'aimerais bien échanger avec toi par sms. J'ai écouté tes vidéos et lu tes textes ce matin. Si jamais tu trouveras mon numéro sur le groupe whats app qu'a fait Alexandre ;-)
Juliette Norel 2 mesi fa
j'ai pas trouvé....
Luce 2 mesi fa
"Comme si une virgule, un silence ou un mot avait pu faire mouche et changer les choses" :
Un jour, j'ai envoyé une carte postale à Virgil, qu'il n'a jamais reçu. Sur un ton ironique, il m'avait dit " bien sur c'est LA carte postale qui aurait tout changé"...
Je me souviens de son ton, légèrement ironique, et de ma prise de conscience que, bien sur, non, ça n'aurait rien changé...
La croyance qui tombe à ce moment là... Tu sais comme la vitre qui s'effondre derrière Guillaume Depardieu dans les apprentis ;-)
Juliette Norel 2 mesi fa
je crois que...quand la mélodie de la vie manque un accord, on se demande toujours si un note ou un arpège aurait pu changer la symphonie...