Conversation avec Minh Lan et Jean Luc sur les identités systémiques
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Conversation avec Minh Lan et Jean Luc sur les identités systémiques
Avant même qu’il ne soit paru, deux de mes amis Minh-Lan Nguyen et Jean Luc L’oiseau avaient commenté le brouillon de mon dernier billet :
https://panodyssey.com/fr/article/politique/identites-systemiques-5qdpct4hcgjq
Minh Lan Nguyen, Expérimentée en stratégie, explore les dynamiques d'inclusion et d'exclusion dans les organisations et collectivités.
Merci Jean Louis Muller pour ces réflexions. Il paraît clair que certains gouvernants font appel en ce moment aux peurs profondes de l'autre pour inciter les citoyens à un repli nationaliste ou identitaire. Tout autant qu'à un rejet de l'autre en pointant du doigt ce qui nous différencie aux points les plus extrêmes de comparaison. Cependant, ce mouvement les excluent-t-il vraiment d'une logique systématique ? D'un point de vue théorique oui, mais de leur perception peut-être pas puisque leur système existe, ils s'unissent dans le rejet de l’autre et leur système est "juste" finalement très restreint (en nombre, en variété, en échanges avec les autres)? Nous sommes tous le produit de multiples systèmes et participant à différentes échelles à des micro ou macro cosmes. Cet état de fait à un instant donné peut cependant changer si l'on choisit de s’isoler complètement (ou d essayer) comme le font les survivalistes ou les ermites. Ce qui est intéressant dans ces deux derniers cas, c'est que l'isolement est motivé non par le rejet des autres humains (enfin je crois) mais par la volonté de se retrouver dans un autre écosystème. L’écosystème primitif.
Ce que m’inspire ton commentaire.
Minh-Lan Nguyen, merci, ton commentaire m’inspire des voies que je n’avais pas exploré. Il existe de nombreuses personnes et groupes à l’identité très marquée qui pourtant ne développent pas de peur/haine vis à vis des autres. Les ermites, les sages, les moines bouddhistes - pas tous- des tribus et autres que je ne connais pas.
La quête des origines et des racines semble préoccuper les individus et les peuples, car probablement elle permet de construire sa vie dans une dialectique où se mêlent fidélité et affranchissement. Et c’est justement cette dialectique bien vécue favorise l’émergence des identités systémiques capables de sortir de l’exclusivité des relations symétriques pour adopter aussi des relations complémentaires. Nous sommes à la fois essence, trajectoire et liens.
Les relations symétriques lient celles et ceux qui pensent que ceux qui se ressemblent s’assemblent. Dans des entreprises, par exemple, des experts ne communiquent qu’avec des experts du même domaine. Et parfois ils s’adonnent à des querelles d’experts. Celles et ceux qui adoptent des identités systémiques développent actualisent leurs expertises tout en rentrant dans les modèles du monde des autres. Ils sont à même de piloter ou contribuer à des projets transversaux multidisciplinaires.
Jean Luc Loiseau, expérience de plus de 25 ans dans l'édition de logiciels pour des sociétés américaines en France et à l’étranger. Créateur d’ une société d'édition.
J'ai le sentiment intime que tout groupe par nature est xénophobe, ce phénomène s'est créé quand l'homme est passé d'être errant seul à la meute et la tribu. La tribu exilait les êtres non conformes, le système était intra tribal dans un monde dominé par la loi du plus fort et la guerre.
Pour dépasser la tribu, il fallait un système plus grand, plus inclusif respectueux d'identités diverses ouvrant les portes à d'autres ; et un souci d'humanité également...
Or les pulsions identitaires liés aux crises sociales, économiques, politiques, redefinissent la notion systémique : " la guerre est la continuité de la diplomatie par d'autres moyens ". Ou peut-être que l'affrontement et la guerre sont intrinsèques au système
Et si ce fameux système était finalement une matrice...
Ce que m’inspire ton commentaire
Jean-Luc, en effet l’histoire connue est marquée par des conflits et guerres fondées apparement sur les identités. Je dis apparement car il y avait aussi des enjeux territoriaux et économiques. Ceci étant dit, se battre au nom de ses racines, d’une race, d’une croyance religieuse se révèle être « plus mobilisateur » pour engager les peuples dans ces conflits. Les identités figées, qu’elles soient conquérantes ou victimaires ont tendance à s’enkyster. Pour faire face aux défis économiques, sociaux et écologiques actuels, il est tentant de vouloir revenir à l’âge d’or où nous partagions les mêmes pratiques et croyances garantissant l’ordre du monde.
Je pense que les civilisations humaines sont censées nous affranchir des lois de la nature. Nous nous organisions en hordes il y a des millénaires et petit à petit, nous avons créé des villes, des états et des empires où cohabitent des identités différentes et mouvantes. Aujourd’hui la tendance est au retour des « états nations » supposés protéger les identités des peuples apeurés par les effets hybridants et déroutants de la globalisation économique et culturelle. Plus le système se mondialise et plus certains sont tentés par des petits territoires où règneraient la paix, l’harmonie et la civilité entre personnes partageant les mêmes modes de vie. Vaine quête...