Page 6 - Les choses changent
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Page 6 - Les choses changent
Jeudi matin
Le parc des Chantiers est quasiment désert.
Je viens de déposer les enfants à l’école Aimé Césaire. Il est encore tôt, l’air est frais. J’écoute les oiseaux, longe le quai Mittérant, et balance quelques rêveries dans le fleuve.
J’emprunte la passerelle Schoelcher, et me dirige vers commerce.
J’ai rendez-vous dans deux heures à La ligue des Gentlemen
Je décide de faire un détour, passe devant le théâtre Graslin, traverse le passage Pommeraye avant d’arriver à destination. Les rues sont calmes, les terrasses se mettent en place, les livreurs approvisionnent les bars, les restaurants… Les pigeons dodelinent en quête de quelques miettes.
J’ai trop d’avance,
le stylo qui me démange
et une envie de caféine.
Je cherche un bistrot pas trop loin de mon point de chute, mais les temps ont changé.
Ça faisait un bail que je n’étais pas venu. Une éternité, que je n’avais pas flâné comme ça, dans ces rues. Je découvre le nouveau centre ville. Il y a des choses qui changent : le bassin rue la Pérousse n’existe plus. À la place, une boutique de fringues dans un gigantesque bloc cubique inesthétique. Je l’aimais bien, moi, cette petite fontaine face à ‘‘l’Entrecôte’’. À l’époque, on s’y posait, ma femme et moi, pour y savourer l’incroyable ‘‘poulet aux épices’’ de la sandwicherie MIAM, tandis que les riches faisaient la queue pour un morceau de viande hors de prix. Les choses changent, et d’autres pas, comme la misère qui tend la main pour une pièce.
L’envie de café me pousse à franchir la porte d’un Starbucks, pour la première fois de ma vie. 2€40 pour un allongé ! À ce prix-là, il a intérêt à me tenir éveillé et à maquiller les ravages, qu'infligent à mon visage, mes nombreuses envolées littéraires nocturnes. Assis au salon, à l’étage, j’en profite pour coucher sur papier les quelques idées qui m’encombrent l’esprit. Mon prochain livre n’en finit pas de me torturer, de s’imposer à moi inopinément, sans se préoccuper de savoir si je suis en capacité de le recevoir.
L’heure approche, je quitte la guilde des voleurs pour rejoindre la ligue des Gentlemen. J’ai la tête vide et de la caféine dans les veines.
Le sujet que Presse Océan m’a confié, m’enthousiasme fortement : la présentation de la ligne éditoriale d’une jeune maison d’édition nantaise. Les éditions Zaleucus. En tant qu’auteur, je suis bien plus dans mon élément que le jour où j’ai dû écrire un papier sur des randonneuses retraitées. Et
être là, entre les murs de la ligue, dans cette ambiance de QG vintage d’espions british en compagnie de Julien Monnier, le fondateur de la maison d’édition et Chloé Hayek, la responsable de communication, à discuter littérature entre passionné.e.s de lecture et d’écriture… C’est ce genre de moment qui me confirment que le chemin sur lequel j’avance est le bon, que ma vie me ressemble enfin...
Il est à présent 2h du mat', j'envoie mon article à la rédac.
Merci pour la balade,
je vous souhaite le meilleur.
Teddy/Oren⚓
Odette Charlier 6 mesi fa
La réalité rejoint le revêt. C 'est ça qui est chouette.
Oren Le Conteur 6 mesi fa
Oui Odette, c'est beau