Le monde brise chacun de nous, et après, certains sont plus forts aux endroits brisés.

Ernest Hemingway

Solène est née dans un monde dépourvu de toute liberté, condamnée à subir des actes répétitifs sans but réel, si ce n’est celui de la survie. Elle se sentait prisonnière d’un système sans fin, comme un pion programmé dès sa naissance pour une tâche bien définie. Un système bien rôdé qui étouffait sa vie, son mental, son bien-être.

Cette liberté à laquelle elle rêvait, n’était que chimère, au prix très onéreux. Toutes tentatives pour l’obtenir et sortir de ce système, étaient vaines. Chaque pas l’y ramenait de force.

« Quel est donc le sens de tout cela ? » pensait-elle chaque instant de son existence.

Dès son enfance, sa vie avait été toute tracée à sa place : des gestes répétitifs, des horaires stricts, des objectifs dictés par les autres. Elle ne vivait pas pour elle, mais pour un système dont elle n’était qu’une Sisyphe.

Et dans son coin, seule, le soir, comme tant d’autres, elle rêvait.

Elle rêvait de la plus grande des richesses.

Celle où elle pourrait se sentir libre, faire ses propres choix.

Chaque tentative lui valu un retour brutal à la réalité.

« Sois raisonnable ! » « C’est comme ça ! » « C’est la vie ! » « On ne peut rien faire ! » « Tout le monde fait des sacrifices ! »

Mais Solène n’était pas « tout le monde ». Elle était elle, avec ses espoirs, ses rêves, qui n’étaient pas ridicules, mais sacrés.

Elle n’était pas faite pour ce théâtre d’automates. Sa place était ailleurs. Elle le ressentait au fond de son cœur.

« Est-ce cela exister ? S’exécuter ? Survivre ? Oublier ses propres valeurs ? S’interdire de rêver ? »

Elle a refusé ce système, préférant suivre sa voie, mais le prix fut très élevé. Isolement, insomnies, anxiété et le fait de devenir « l’étrangère ». Car sortir du rang, c’est être une personne « bizarre » « incompréhensible » « critiquée » aux yeux des « autres ».

Le but de Solène n’a jamais été de chercher à plaire. Non. Son but c’était tout simplement de ressentir, d’être, de vivre.

Alors, elle a commencé à marcher seule, à renaître, à choisir une vie, peut-être incomplète, fragile, mais intensément : « sienne ».

À force d’y croire, elle a croisé le chemin d’autres rêveurs, d’autres rêveuses.

Des êtres humains, qui ont tout tenté, qui n’ont pas hésité à se jeter dans le vide pour offrir un sens à leur existence. Un sens qui pour eux avait de la valeur. Un sens qui leur apporterait le bien-être.

Elle osa. Elle brisa les chaînes de la peur et avança petit pas par petit pas.

Corinne Écrivaine

18 novembre 2025

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