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Chapitre 2.2 : Exaspération

Chapitre 2.2 : Exaspération

Pubblicato 13 giu 2025 Aggiornato 13 giu 2025 New Romance
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Chapitre 2.2 : Exaspération

« tfggggggggggggggggggggggggggggggggggggggggggggggggg… »

Un son strident réveilla Ronan. Sa tête avait basculé sur le clavier et une série de lettres avait saturé la mémoire tampon de l'ordinateur. L'écran avait suivi tant qu'il avait pu, mais la machine avait fini par se plaindre.

« Julie aussi venait de se réveiller. Un coup de sifflet l'avait sortie de sa torpeur. Le train était arrêté, son voisin était debout, regroupant ses affaires.

Quelques voyageurs quittaient déjà le wagon et rejoignaient la sortie. Julie regarda par la vitre : Gare de TGV Meuse.

Le paysage avait encore changé, les lignes s'étaient aplaties, ici les champs ne risquaient pas de se pavaner dans un manteau de neige fraîche.

Dans la rame, quelques personnes se demandaient où elle pouvait bien aller avec ses skis. Apparemment, elle ne se décidait pas à se lever. Un nouveau coup de sifflet retentit, le pendant du premier, au cours duquel le chef de bord annonçait le départ. Le prochain arrêt était Champagne-Ardenne TGV, là il n'y aurait plus aucune chance pour elle de trouver une piste de ski ouverte…


Les portes se refermèrent. Le train démarra de nouveau et reprit de la vigueur. Ses voisins évitèrent de croiser son regard. »


Ronan s'était ressaisi, lui aussi. Devant lui, la ligne plongeait résolument vers l'ouest : Paris, Le Mans, Rennes, Saint-Brieuc et Guingamp. La courbe finale serait son apothéose, le dernier tour de piste de sa victoire, en quelque sorte.


Aujourd'hui, jeudi, Mathilde rentrerait à midi. Ronan aurait tout le temps d'imprimer les pages nées de ce matin, puisque Mathilde voulait les voir. Avec des gestes pompeux, il chargea des feuilles blanches comme l'angoisse dans le magasin de l'imprimante, appela le sous-menu « édition » depuis la souris et, le doigt tremblant sur la touche de mise à feu, attendit que s’extirpât de sa propre indécision l'ordre ultime qui aiguillerait son destin sur sa voie, celle-là même sur laquelle il avait déjà envoyé Julie chargée de toute son amertume. Elle était un « bagage accompagné », que l'on expédie quelques heures avant soi, afin de le retrouver à son arrivée.


Une bribe de mauvaise humeur rejaillit en lui, une bouffée de colère roula jusqu'à ses doigts et entérina son choix. Aussitôt, les mots s’alignèrent les uns après les autres, comme autant d'impacts de balles crachées sur une vie, sur un passé commun.


Ronan s'empara des sept ou huit pages qui composaient son état d'esprit, les ajusta lentement en une pile sèche, rigoureuse et les mit sous enveloppe. Puis, avec en main les motifs de sa propre exécution, il monta les escaliers, soufflant à chaque marche, non pas d'essoufflement physique, mais d'angoisse et d'incertitude. La crainte de l'inconnu le tenaillait, cet inconnu à qui il avait donné rendez-vous de l'autre côté, comme un condamné.


Pierig revint le premier, Athos retrouva son humeur de chien et fit la fête à l'enfant. Mathilde entra juste après lui. Un instant, Ronan crut qu'ils étaient revenus ensemble. Il déchanta en voyant Mathilde passer à côté de lui et regagner sa chambre sans le voir.


Mathilde disposait seulement d’une heure et demie avant de retourner à sa tâche. Ronan n'avait rien préparé. Mathilde redescendit, son téléphone à la main et l'enveloppe dans l'autre ; elle remit à charger le premier sur une prise de la cuisine et posa la seconde sur la table, puis elle se mit à concocter son repas.

Pierig la regarda faire et Ronan tapota des doigts sur sa cuisse. La tension chez lui avait atteint un palier. Il sentait bien que si Mathilde avait décidé de prendre son temps, il ne lui resterait plus, lui, qu'à prendre son mal en patience.


Il se laissa doucement définir par les bruits ordinaires de la cuisine comme s'il se fut agi des contours de sa respiration et il eut brusquement envie de pleurer. Les yeux baissés, le dos tourné, il semblait pitoyable, comme un enfant à qui l'on a dit cent fois « non » et qui pourtant insiste encore par sa présence muette. Il entendait le grésillement de l'huile qui chauffait dans la poêle, le bruit de la persillade finement hachée qui viendrait relever le goût d'une viande. Conséquemment à l'ouverture d'un bocal de haricots verts, il devina le glissement plastique du bac à légumes dans le réfrigérateur, en déduisit la salade, s'attendit à l'égouttoir, pressentit la vinaigrette, guetta enfin le crissement du placard à vaisselle ; une assiette, un verre, une fourchette et un couteau.

« C'est tout ? » pensa-t-il.


Il se retourna pour découvrir Mathilde attablée devant son couvert posé sur la table. A côté d'elle, une tranche de faux-filet cuit à point, des légumes pour une personne et un tout petit saladier.


Pierig dit à son père :

— Je vais nous sortir quelque chose du congélateur.

Le choix fut rapide car, à son retour, Ronan dodelinait encore doucement de la tête comme s'il n'avait pas fini d'acquiescer à l'initiative de son fils. Pierig avait opté pour une boite de douze crêpes fourrées jambon béchamel et il les vida d'un geste décidé dans un plat à gratin. Les crêpes tombèrent avec un bruit de dominos et il glissa le tout au four. Il programma la température en augmentant de moitié celle indiquée sur le paquet avec l'espoir insouciant de diminuer d'autant la durée de cuisson. Il avait été parmi les premiers de la classe en fractions.

Puis, comme Ronan semblait toujours aussi déconnecté, Pierig mit la table pour lui et son père en marmonnant que s'il avait su…


Ronan n'entendait rien, n'écoutait rien ; tout en mangeant, Mathilde venait d'ouvrir la lettre, sa lettre. Ses yeux à lui suivaient ses yeux à elle sur les lignes qui apparaissaient comme des barreaux grisés au travers de la feuille, des barreaux qui délimiteraient leur quotidien à présent. Pierig tâta quelques avocats sur le buffet, en trouva un dont la consistance le désignait comme une victime prochaine et s'en empara, le coupa en deux, s'y prenant à deux fois pour séparer le noyau qui lui glissait des doigts, puis en donna une moitié à son père. Après une rapide perquisition dans le réfrigérateur, un ruban de mayonnaise orna les contours du fruit dans son assiette.


Ils mangèrent en silence pendant que Julie finissait sa lecture sans rien laisser paraître de ses émotions, pour mieux se réserver sans doute. Ronan fulminait. Pierig bondit brusquement de sa chaise et sortit les crêpes du four en catastrophe ; elles avaient passé le cap de la dorure depuis un moment déjà. D'office, il en versa six dans l'assiette de son père et six dans la sienne. L'instant d'après, il plantait sauvagement les quatre fers de sa fourchette dans la crêpe la plus ventrue qu'il avait pris soin de se réserver.


Déception. A peine la pâte traversée, la fourchette bloquait sur plus dur qu'elle. Pierig s'acharna dessus avec son couteau et mit enfin à jour un pâton de béchamel encore congelé. En maugréant, il dépiauta chaque crêpe et engloutit la pâte calcinée en laissant à chaque fois de côté le pâton de béchamel avec les morceaux de jambon qui dépassaient.


Quand Ronan à son tour s'attaqua au contenu de son assiette et s'aperçut du massacre, il se laissa soudain aller, lâcha ses couverts d'un geste brusque, comme pour blâmer l'inexpérience culinaire de son fils et lui faire implicitement porter les conséquences de son inexpérience conjugale à lui.

Pierig sentit une fois encore que l'on avait vite fait de se décharger sur lui et il se jura qu'on ne le reprendrait plus à se rendre utile. Il prit pourtant l'assiette de son père, décortiqua les crêpes comme il l'avait fait pour les siennes, réunit les douze pâtons gelés qu'il plaça dans le four à micro-ondes avec la ferme intention d'en faire de la bouillie. Et c'est ce qu'il fit.


Pierig et Ronan finirent leur repas à la cuillère, l'un mélangeant ce qui lui restait de pâte au gruau de béchamel fumant dans son assiette, l'autre sauçant avec du pain pour faire durer le plaisir.

La sonnerie du portable de Ronan retentit brusquement dans le salon. Il releva la tête. Mathilde avait son appareil à l'oreille. Ronan et Pierig s'observèrent un instant, indécis, puis Pierig se leva.

— J'y vais, dit-il simplement.



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