

Epilogue
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Epilogue
Samedi 12 octobre 2024
La maison semblait vide. Le temps n'était meublé que de lancinants fourmillements de doigts qui claquaient sur les touches d’un clavier. Le léger bourdonnement de l’appareil n'était perceptible qu'entre deux lâchers de phalanges.
Assis, avec les gestes précis du compositeur devant un parterre de notes, de synonymes et d'homonymes, mais avec comme seul instrument les quatre-vingt-six touches de son ordinateur portable et comme seules partitions les phrases issues de ses gesticulations cérébrales, Ronan, 36 ans, le père.
De l'autre côté de la fenêtre, une pluie molle s'écrasait sur le balcon, sur le parking de l’immeuble, et au moins sur le reste de l’avenue, à défaut du bout du monde.
Les heures avaient passé là, à pas feutrés, sans déranger… Un reste de café achevait de refroidir au fond d'une tasse.
Ronan entendit la porte d'entrée s'ouvrir, se refermer, un frisson métallique résonner le temps d'un mouvement vers une poche, des bruits étouffés de baskets et de chaussures sur la moquette.
Pierig, 14 ans, et Mathilde, 34 ans. Mathilde travaillait à temps partiel à la Direction des services vétérinaires. Ronan abandonna son ordinateur, Pierig son cartable, Mathilde n’abandonna rien du tout.
Ronan se présenta devant eux, sûr de son effet. Ils eurent un geste brusque de recul et le cri d’effroi de Mathilde se combina au rire enjoué de Pierig.
Une balafre sanguinolente au travers de la joue droite, une demi-douzaine de pustules judicieusement disséminées sur le côté gauche du visage, Ronan avait, en effet, de quoi provoquer une frayeur légitime. Il arborait pourtant un sourire épanoui que dénaturaient seulement quelques dents noires de maquillage. Même ses yeux, trop pétillants, démentaient l’horreur de la situation.
— J’ai fait mes courses, ce matin, pendant que les employés installaient le rayon Halloween…
Maintenant, la mère comme le fils étaient franchement hilares pendant que Ronan leur présentait ses bubons et cicatrices sous toutes les coutures.
— Ne me refais pas un coup comme cela ! articula Mathilde, riant toujours.
— Tu m’emmènes à l’école comme cela lundi matin ? demanda Pierig.
Mathilde posa enfin un gros sac de sport à ses pieds ; les affaires de Pierig.
— Alors, ce nouveau roman ? demanda-t-elle.
— Il avance, je te le ferai lire la prochaine fois.
Elle embrassa son fils, elle embrassa Ronan qui se lança, une émotion palpable dans la voix :
— Si tu n’as rien prévu ce soir, j’aimerais bien t’inviter, je nous ai fait à manger, comme au temps de nos jours en « di ».

