CHAPITRE XI
Su Panodyssey puoi leggere fino a 30 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 29 articles da scoprire questo mese.
Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis!
Accedi
CHAPITRE XI
CHAPITRE XI : Où la prudence d’un adjoint se révèle fondée
Le 3ème adjoint a bien démissionné du Mouvement autonome de Promotion Unitaire du Centre Extrême[1].
Il exige un rendez-vous auprès du Maire pour l’en informer de vive voix et obtenir des subventions pour lutter contre la dérive anti-écologiste de la Mairie.
« Monsieur le Maire, je suis tellement désolé de devoir vous informer de ma décision. Je me vois contraint de démissionner du parti pour lequel je me suis tant battu, et avec lequel j’ai toujours soutenu, fidèlement et avec constance, votre mouvement.
« J’ai, avec mes compagnons, défendu, même parfois contrairement à mes propres options, vos projets et décisions »
« Mais, les dérives de satisfaction d’intérêts personnels et de clientélisme, sont devenues insupportables au sein de mon ancien parti. ».
« Alors que j’avais sollicité l’investiture pour la législative partielle, le patron local du parti a obtenu du secrétaire départemental que ce soit son adjoint qui soit candidat ! »
« Et qui est son adjoint ? Le propriétaire des murs de sa supérette !!! »
« Celle de la rue Fontanes Durge ? » interroge le Maire.
« Tout à fait ! C’est une tâche indélébile sur les oripeaux de ce parti fasciste ! » s’indigne le 3ème
« J’ai rejoint un parti aux idéaux proches et respectueux de mes valeurs : le Parti Écologiste des Communes Unies de Lutte Environnementale. [2]»
« Ce parti se bat pour imposer et faire payer une taxe de 15 % de leur CA à toutes les entreprises polluantes qui ne font pas 100 % de télétravail avec fourniture d’éolienne aux salariés concernés, et le versement direct de cette sanction aux associations affiliées. »
« L’un de ses membres a monté un projet de lutte écologiste. »
« Ce professeur des écoles qui dispose des compétences pour ce type d’étude, a démontré en son rapport que la rue Monorgueil se devait d’être végétalisée totalement. Comme il habite, au 100, sur la partie centrale de la rue, il a vraiment une vision complète de la situation et des besoins.»
« Il a passé plus d’un an pour fixer l’ensemble des besoins, et comme il est en longue maladie pour burn-out, vous pouvez concevoir la masse de travail que cela représente ! »
« Avec le soutien du 14ème sous-directeur de la préfecture chargé de mission auprès des associations, il a déposé les statuts de l’Association Normative d’Études et de Réalisation d’Initiatives Écologistes, pour rendre la rue Monorgueil, piétonnière, avec plantation de 150 arbres fruitiers, création d’une piste cyclable, et installation d’un kiosque à musique. »
« Le responsable préfectoral, s’est engagé à soutenir le projet et à faire signer l’arrêté de déclaration d’intérêt général, par le Préfet. »
« Ce dernier a commis, en son précédent poste, une bévue à l’encontre de la communauté gay, et ne pourra refuser de signer un projet porté par des membres de cette communauté. »
« Le sous-directeur est gay ? » interroge le Maire.
« C’est même vous qui l’avez marié à l’initiateur du projet, le professeur des écoles, monsieur HERME»
« Je dois dire que ce projet est parfaitement adapté à notre commune, mais que, même si nous avions un doute quant à sa qualité, je ne prendrais pas le risque de le refuser alors que la commission de surveillance des discriminations et de défense des minorités, manque de dossiers sur la discrimination des orientations sexuelles… »
Le Maire ne manque pas de se souvenir de son envolée lyrique, lors de la réunion de la veille, qui devient à cet instant une grosse C…
Il cherche à se souvenir du nom du délégué qui l’a bousculé et entrainé dans cette galère. Il trouvera un moyen de le sanctionner lourdement.
Depuis des mois, il apprend pourtant que le silence est d’or !
« Que proposez-vous ? »
« J’ai reçu le projet directement et en ai fait l’analyse. Je vous fais parvenir mon rapport, et tiens à votre disposition le projet complet. »
« Il est particulièrement touffu ».
« Je crois que vous devriez le faire inscrire à l’ordre du jour du prochain conseil et exiger de la commission budgétaire que l’on inclut une ligne dans le prochain budget. Le montant est tout à fait raisonnable et une subvention européenne à hauteur de 70% est directement applicable dans le cadre européen de la Directive de l’Écologie Végétalisante et d’Irrigation Économe et Raisonnée.[3] »
« Je ne doute pas du vote favorable de la majorité des adjoints, sous réserve que l’adjoint à l’environnement (Je vous remercie de noter qu’eux-mêmes procèdent par raccourcis !), dispose de moyens supplémentaires en budget et en agents, pour assumer ce projet, tout comme le service voirie. »
Au sortir de cette entrevue, particulièrement instructive, le Maire s’installe à son bureau pour lire le rapport de son adjoint.
Au bout de quelques minutes, il songe à convoquer l’adjoint au service de la voirie pour en discuter.
Au moment de faire son numéro interne de téléphone, il se souvient que le 3ème adjoint a défendu le budget des adjoints à l’environnement et à la voirie.
Il s’agit, à l’évidence, d’alliés de cet individu qui, sans le trahir concrètement, n’en est pas moins passé dans l’opposition officieuse.
Au vu de l’équilibre des forces au sein du conseil, cela amènerait le basculement de trop nombreuses voix.
Il croit pouvoir compter sur le soutien du nouveau délégué à la Commission de surveillance des discriminations et protection des minorités, qui devrait suffire à convaincre l’adjoint en charge.
Celui de la Commission de gestion des interventions devrait pouvoir l’appuyer.
Le Service parcs et jardins pourrait, peut-être, refuser, si nécessaire, un surcroit de travail.
Il pense, tout d’un coup à la caserne des Pompiers. Un coup de fil à sa secrétaire pour confirmation, et l’idée lui parait lumineuse.
Le Service de secours et d’incendie ne pourra jamais accepter que la caserne, qui est bien rue Monorgueil, n’ait pas d’accès direct sur une voie de circulation.
Il appelle immédiatement son adjoint au budget, pour lui annoncer le projet, faire état de la difficulté pour la caserne et lui soumettre le montant nécessaire.
Inquiétant ou diplomatique ? L’adjoint ne montre pas d’opposition marquée au projet.
Son intuition et son inquiétude seront validées dans l’AM, lorsque le 3ème adjoint, parfaitement informé, lui passe un coup de fil, pour lui indiquer que la solution de sortie des pompiers est aisée à mettre en place.
Le Maire se sent tout d’un coup bien seul et sa démarche et sa posture voutée ne montrent plus la sérénité antérieure lorsqu’il quitte son bureau, vers 22 heures.
Il prend conscience de sa solitude affective et commence à regretter sa séparation et le divorce en cours.
[1] Acronyme MAPUCE
[2] Somme d'argent économisée peu à peu.
Argent qu'on acquiert par son travail, mais dont on ne peut disposer que dans certaines conditions.
[3] Un verbe qui peut être intransitif et transitif