Nouvelle Nuit d'Halloween đ
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Nouvelle Nuit d'Halloween đ
Une légende contemporaine pour "plumes, contes et légendes" #2024PEUR
Je n’aime pas rester seul le soir pendant le mois d’octobre. Son humidité suintante cache quelque chose. Je le sais depuis cette nuit d’Halloween que je vous ai conté il y a quatre ans. Pourtant, que les couleurs de l’automne sont belles !
Le petit appartement au sixième étage a laissé place à la grande maison au milieu des pommiers. Mais dans le fond, les yeux rouges me guettent toujours. Vous n’y croyez pas ? Pourtant, ils attendent patiemment leur heure. Vous croyez qu’ils attendent le bus ? Mais non, ils attendent ce moment où les réalités peuvent se mélanger, où notre esprit est prêt à basculer, et où ce qui se trouvait bien sagement de l’autre côté du miroir commence à traverser.
Avant de partir, Madame me disait entendre des petites voix qui disaient : “Mangez-moi ! Mangez-moi ! Mangez-moi !”
Suivant ses indications, j’ai soulevé le couvercle de la grande boîte en fer. Et là, les madeleines me tendirent leurs petits bras en criant : “Papa !”
En refermant la boîte, je remarquais une inscription inhabituelle : “Ne pas tremper dans le lait les soirs de pleine lune.”
Croyez-moi, vous ne voulez pas vivre ça.
Alors, je me suis réfugié dans mon bureau, cette pièce à mon image, avec son mobilier en bois massif, son côté musée du jouet ancien, la douce chaleur dégagée par l’ordinateur, le ronronnement des disques de sauvegarde et mes deux chats de garde. Je ne sais pas si c’était la meilleure chose à faire. Mais on s’en moque. J’avais l’impression d’être en sécurité.
En parlant de cette histoire publiée, il y a quatre ans… N’étais-ce pas l’occasion de la ranger dans la nouvelle catégorie Horreur ? D’autant que cette catégorie était là depuis assez longtemps, maintenant. Je n’imaginais pas un instant que soient possibles les choses que je vous conte ici. Quand leur évocation m’oppresse trop, je ferme les yeux et j’essaie de penser à des choses positives… Pas des petites filles en robes roses avec des ballons, surtout pas. Surtout pas les ballons rouges… Non, plutôt des chats mignons. Mais pas les blancs avec de grandes oreilles et des grands yeux ronds. Je ne suis même pas certain que ce soient des chats… J’essaie. Mais ça ne fonctionne pas toujours de manière optimale. Sachez-le.
Je sais qu’à vous relater ce qui va suivre, je risque l’enfermement à Montdevergues, l’hôpital d’aliénés. À sa création, on l’appelait hospice des insensés. On dit qu’il s’y passe de drôles de choses. Ce ne sont que des rumeurs. Enfin, je crois. Comme je crois, ou plutôt en suis-je persuadé, de l’importance de témoigner des choses que j’ai vu de mes propres yeux et qui ne sont pas des rumeurs. Peut-être ne sont-elles même pas des choses de notre plan astral. C’est un peu confus. Je vous ai dit que je n’aime pas rester seul le soir en octobre ?
J’étais donc devant la première histoire dont je n’arrivais pas changer la catégorie. Surtout, n’allez pas la lire. J’ai vu des ombres étranges sur mon écran bien que j’étais seul dans la pièce. Enfin, pas vraiment seul. Les chats étaient présents. Ils regardaient fixement vers l’endroit où aurait dû se trouver ce qui générait les ombres.
Cela vous fait-il froid dans le dos ?
Ce n’était pas Demie-Face, le monstre au profil entier. Non, c’était autre chose. Je revois encore les mots de la publication maudite danser devant mes yeux sur l’écran pour former rondes et gigues insensées. Les chats sont sortis du bureau pour avoir une explication avec quelqu’un. Ce ne pouvaient être les Monstrelettes. Elles n’étaient pas là de la semaine. Mais c’était les mêmes rires. Les créatures d’il y a quatre ans étaient revenues. Soudain, j’eu une révélation !
Il FALLAIT que je ferme la publication maudite, celle dont je ne pouvais changer la catégorie.
Impossible ! Les mots étaient toujours là. Et plus je les regardais, plus l’horreur s’en dégageait. Je pris conscience qu’ils ne s’affichaient pas en français, comme je les avais écrits. Mais dans une langue totalement inconnue, ancienne et malsaine. La même langue que celle de la boîte à madeleine. Mon salut résidait dans les papillotes. Pour les atteindre, il faut traverser le couloir, tourner à droite, passer devant la grande vitrine, descendre l’escalier, tourner à gauche et se diriger vers le grand buffet du fond. Le buffet est sous le grand miroir.
Je ne sais pas ce qui peut m’arriver et si j’y arriverai. Alors si vous trouvez ces lignes que j’ai écrit avant de quitter le bureau. N’ouvrez surtout pas “Nuit d’Halloween” sur le compte "Auteurs Confinés".
Illustration de couverture par Daniel C. Muriot. Tous droits réservés.