Journal intime -J11
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Journal intime -J11
Journal Intime - Jour 11
Vous êtes bien reposés ? Moi, impeccable ! Après une bonne soirée de raclette et des fous rires avec des amis, je profite maintenant d’un moment de calme devant la cheminée, avec le tourne-disque qui joue ses derniers morceaux. Vous êtes prêts pour la suite ? Allez, ne perdons pas plus de temps !
Tim et moi avancions lentement vers notre destination : un hôtel grandiose réservé à la haute sphère des sorciers. En me glissant dans la peau de Valériane, je ressentais une étrange fierté, mais aussi une certaine pression. Ce rôle d’infiltrée était aussi exaltant que risqué.
Nous longions un chemin impeccablement tracé, flanqué de chaque côté de parterres de petits cailloux blancs et de plantes exotiques. Les végétaux semblaient murmurer entre eux dans une langue ancienne, leurs feuilles frémissant légèrement comme si elles réagissaient à notre passage. Certaines de ces plantes n’avaient rien de familier ; leurs teintes chatoyantes et leurs formes presque géométriques rappelaient des sculptures vivantes.
Une fois arrivés à l’entrée de l’hôtel, je fis une pause pour observer la structure imposante. Elle rappelait un vieux manoir gothique avec une touche de modernité propre au monde des sorciers. Des appliques lumineuses de style industriel ornaient les murs extérieurs, dégageant une lumière chaude et rassurante.
En entrant dans le hall, j’eus l’impression de plonger dans un univers parallèle. Les murs semblaient animés par des mouvements invisibles : un long couloir était tapissé de papier journal en perpétuel mouvement, ses articles changeant à une vitesse hypnotique. C’était comme une gazette vivante où les nouvelles semblaient prendre vie.
Je m’approchai pour mieux observer et découvris des articles variés, chaque ligne révélant un aspect différent du monde sorcier de la haute sphère. Il y avait des annonces de mariage entre familles influentes, des offres d’emploi pour des domestiques recherchés par les familles prestigieuses, et même des résultats d’examens des écoles réservées aux jeunes sorciers de haut rang. Certains articles traitaient de découvertes médicales révolutionnaires, publiés par des sorciers-médecins, tandis que d’autres présentaient des annonces de propriétés, des événements mondains et des rassemblements politiques.
Des sorciers de haute caste s’arrêtaient, lisant attentivement les informations devant eux, prenant parfois des notes sur des calepins raffinés ou échangeant des remarques animées sur les sujets qui les intéressaient.
Une musique douce se jouait en fond, mais ce n’était pas de simples notes ; c’était une sorte de radio parlante qui diffusait les dernières informations et rappels importants. Par moments, elle s’interrompait pour délivrer des annonces urgentes ou rappeler les réunions importantes de la journée. Le tout était aussi surprenant qu’impressionnant, comme un carrefour entre la modernité et la magie ancienne.
Les murs de brique rouge ajoutaient une touche industrielle à cet espace sophistiqué. Les tuyauteries apparentes, semblables à des sculptures métalliques, formaient des motifs complexes, intégrant parfois des petites lampes à lumière dorée qui faisaient briller les murs d’une lueur tamisée. Ces détails, parfaitement agencés, donnaient à l’hôtel une ambiance à la fois élégante et mystérieuse.
Je me surpris à m’émerveiller devant chaque détail. Ce monde, à la fois étranger et fascinant, m’invitait à en découvrir davantage. Tim m’adressa un regard complice, puis murmura, « Prête à plonger dans la haute sphère ? C’est ici que tout commence. »
Mon cœur battait un peu plus fort. Cette mission d’infiltration n’était qu’à son début, et chaque pas me rapprochait de secrets que je n’aurais jamais pu imaginer. Le monde sorcier se révélait à moi d’une manière inédite, et l’excitation montait, mélangée à une dose de crainte.
Alors que je me tenais dans le hall, une standardiste me héla doucement : « Mademoiselle Anisero ? » Sa voix suave me ramena instantanément à mon rôle, et je me rappelai les conseils de Dahlia : je devais incarner Valériane sans la moindre hésitation.
Je me retournai et découvris la standardiste, élégante dans son ensemble blazer sans manches assorti à un chemisier et un pantalon impeccables. Son sourire, rehaussé d’un rouge à lèvres bordeaux, reflétait la douceur de ses traits, encadrés par un carré auburn qui lui donnait une allure sophistiquée.
Elle me tendit un colis, accompagné d’une petite clé en forme de clé de sol, marquée du chiffre 8. « Voici un colis pour vous, Mademoiselle Anisero. » Je la remerciai en prenant la clé, et elle ajouta en souriant : « Bonne soirée. »
Un peu surprise et très curieuse, je lançai un regard furtif vers Tim, mais il fixait un point plus loin, absorbé dans son rôle de chauffeur discret.
« Où devons-nous aller ? » chuchotai-je à Tim en m’éloignant.
D’un ton calme, il me répondit : « Suis le couloir à droite. Tu comprendras très vite. »
À la recherche de la porte 8
Je me dirigeai vers le couloir indiqué. À chaque pas, le sol en spirale vert s’allumait sous mes pieds, puis s’éteignait une fois franchi, comme si le chemin s’activait juste pour moi. Autour, chaque porte arborait des motifs uniques et mystérieux, avec des gravures détaillées ou des couleurs vibrantes qui semblaient raconter leur propre histoire.
Enfin, je trouvai la porte marquée du chiffre 8. En y insérant la clé, un léger son de mélodie s’éleva, comme une note parfaite jouée sur une clé de sol, qui résonna harmonieusement dans le couloir. La porte s’ouvrit, révélant un intérieur impressionnant.
J’entrai dans ce qui était plus qu’une simple chambre : c’était une suite somptueuse. Les murs, aux tons dorés et marron, renvoyaient une chaleur apaisante, tandis que le mobilier élégant et raffiné donnait à la pièce une ambiance à la fois luxueuse et confortable. De grandes baies vitrées offraient une vue imprenable sur la ville, baignant la suite d’une lumière douce et enchanteresse.
Je restai bouche bée, incapable de cacher ma surprise. « C’est… magnifique ! » m’exclamai-je, émerveillée par chaque détail. Tim, derrière moi, avait lui aussi un sourire épaté.
« Je dois avouer, c’est la première fois que je vois un tel endroit » murmura-t-il, aussi impressionné que moi.
Des fauteuils de velours, des tapis moelleux, et un bureau en bois massif orné de petits objets anciens donnaient à l’endroit une élégance intemporelle. Il y avait même un bar miniature en acajou, décoré de carafes de cristal remplies de liquides aux couleurs chatoyantes.
Après avoir exploré la pièce, je m’installai dans un fauteuil de velours. L’endroit était si somptueux que j’en restais bouche bée. Mon regard se perdit un moment dans la vue imprenable sur la ville, illuminée par des lumières qui dansaient au rythme des ombres projetées par les nuages.
Tim, quant à lui, s’approcha du bar, curieux de découvrir ce qu’il contenait. Il prit une bouteille dont le liquide ressemblait au Romanetti (Martini) de notre monde, mais d’une couleur plus vive, presque rouge cerise.
« C’est similaire a un vin de cerise, pour votre monde apparemment » dit-il en inspectant la avec intérêt. Puis, avec un sourire en coin, il en versa dans deux verres.
« À cette étrange mission, » dit-il en levant son verre. Je fis de même, un peu nerveuse. La boisson avait un goût doux-amer, intense et agréable. Je ne savais pas si j’étais plus étonnée par la boisson elle-même ou par la scène absurde de trinquer dans une suite de la haute sphère en tant qu’infiltrée.
Mon regard retomba sur le colis que j’avais posé sur la table basse en arrivant. La boîte était là, immobile, comme une présence silencieuse au milieu de notre moment de détente.
Alors que nous nous installions dans la suite, plongés dans le mystère du colis, un léger bruit de grattement attira mon attention. Une chouette majestueuse tapait doucement à la vitre, un rouleau de papyrus attaché à sa patte. Son plumage lustré brillait dans la lumière tamisée, et elle me fixait d’un regard perçant.
Au même moment, une sorte d’avatar lumineux apparut au centre de la pièce, annonçant le repas du jour. La voix masculine et posée de cet hologramme nous informait des options disponibles. Tim, toujours pragmatique, s’approcha de l’avatar et demanda discrètement les plats que je préférais éviter.
Pendant ce temps, je m’avançai vers la vitre, qui s’ouvrit comme par magie pour laisser entrer la chouette. Elle tendit sa patte, et je récupérai le papyrus, avant qu’elle ne s’envole d’un battement d’ailes silencieux. Je restai un instant à la fenêtre, me demandant ce que ce message pouvait bien contenir. Était-il en lien avec le colis mystérieux ?
En observant le papyrus, je remarquai un sceau rouge, gravé d’un symbole étrange et inconnu. L’objet émanait une aura de mystère et de précaution, comme s’il dissimulait un secret qui n’était pas destiné à tomber entre toutes les mains. Curieuse et méfiante à la fois, je m’avançai vers le bureau pour prendre le couteau destiné aux courriers.
Au moment où la pointe du couteau effleura le sceau, une encre fine jaillit sur le papyrus comme si une main invisible écrivait, traçant des mots en une élégante calligraphie, révélant peu à peu le message devant mes yeux.
Toujours là ? Qu’en avez-vous pensé ?
À ce stade, je commençais moi-même à oublier qui j’étais, laissant peu à peu Valériane prendre le dessus. Mais la question qui résonnait dans mon esprit à ce moment-là était la suivante : qu’est-ce qui se cache derrière ce message ? Était-ce un indice, un avertissement, ou même une invitation ? Une chose était certaine : cet étrange hôtel de la haute sphère continuait de révéler ses secrets… Et si, dans cet hôtel, Valériane prenait vraiment le dessus sur Barbara ?
À suivre au Jour 12 de mon journal intime, cher curieux.