

A la cueillette du bonheur 3/3
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A la cueillette du bonheur 3/3
« Tu es qui toi ? demanda-t-il en la fixant avec des yeux ronds.
-Je m’appelle Louva, répondit-elle d’une petite voix.
-Et tu viens d’où ? De la clairière ? demanda-t-il encore, en regardant derrière elle.
-La clairière avec l’arbre vivant ? Je viens d’y passer, j’étais avec des gens de mon village, ils sont tous morts, dit Louna dans un sanglot.
-Ah, oui, c’est Chimène, soupira l’homme, j’espérais que tu serais sa fille. »
Louva le regarda sans comprendre. Il lui fit alors signe de le suivre, et après une bonne heure de marche ils sortirent de la forêt. Ils étaient à flanc de montagne, un flanc si abrupt que le meilleur grimpeur n’aurait pas osé s’y aventurer. Une petite hutte était collée à la paroi, l’homme se dirigea vers elle et ajouta une buche sur le feu qui était là. Il fit signe à Louva de s’asseoir.
« Je m’appelle Ourq. Pourquoi tu étais dans la forêt ? »
Louva lui raconta alors son histoire, pleurant à chaudes larmes. Ourq la regardait avec de grands yeux tristes, et elle se dit qu’il n’était certainement pas comme les hommes qui avaient attaqué son village. Il avait l’air… bête. Mais d’une très grande gentillesse par la même occasion, ce qui ne lui faisait pas de mal.
« Les hommes passent parfois par la forêt avec des enfants, mais je ne sais pas pourquoi. C’est triste pour ton village. »
Il n’avait pas beaucoup de conversation, mais il était définitivement gentil. Louva repensa alors à leur rencontre et l’interrogea :
« Tu as dit que l’arbre s’appelait Chimène, et que tu espérais que j’étais sa fille, tu peux m’expliquer ?
-Chimène était une mandrise, je l’ai rencontré il y a deux ans. Elle ressemblait à un enfant, mais plus fin et plus petit. C’était la première que je rencontrais, je ne savais pas ce que c’était. Elle m’a aidé alors que je mourrais de faim et elle a été blessée. »
L’homme caressait les feuilles bleues d’une plante en pot avec une tendresse incroyable.
« Lorsqu’une mandrise est blessée, elle prend racine et se transforme en arbre. Elle devient folle et dévore les vivants qui passent près d’elle. Seul un éclair peut les libérer. L’arbre se fend et une nouvelle mandrise vient au monde. J’ai promis à Chimène d’attendre son enfant et de l’accompagner dans son voyage. »
Louva avait les larmes aux yeux en entendant le récit d’Ourq. Il y avait tant de bonté en lui ! Il la regarda en souriant, et lui tendit un bol en bois. Il y versa un liquide qui mijotait sans avoir l’air bien ragoutant, mais Louva s’en fichait bien, et elle vida le bol rapidement.
« Tu peux rester avec moi si tu veux » proposa Ourq.
Louva réfléchit aux possibilités qui s’offraient à elle. Retourner dans son village ne lui apporterait rien, il n’y avait plus personne et les champs avaient pâti de la mauvaise saison. En plus, il y avait tous ces morts sur la place du village, et elle ne voulait plus jamais en voir. Les hommes l’emmenaient de l’autre côté de la forêt pour aller vers un maître qui scarifiaient ses hommes avec son sceau, ce qui n’avait guère l’air enchanteur. Retraverser la forêt à l’aveugle pour atteindre le dernier côté ne l’enchantait pas davantage, elle avait trop peur des créatures qui y vivaient. Au final, Ourq et sa cahutte étaient les meilleures options qui soient. Il avait l’air gentil, les environs n’étaient pas dangereux et la nourriture, bien que peu goûteuse était présente.
« Je veux bien rester. Je sais cueillir des plantes et des racines, même si je ne connais pas trop celles qui sont dans la forêt. »
Ourq sourit et lui ouvrit la porte de chez lui. Il sépara les peaux qui lui servaient de lit et en posa une sur le côté.
« Ce sera ton lit, jusqu’à ce qu’on arrive à en trouver d’autres. »
Louva se roula en boule sur sa fourrure et s’endormit presque aussitôt.
Un énorme claquement de tonnerre la réveilla en sursaut. La porte était ouverte, Ourq regardait le ciel. Des éclairs tombaient à intervalles réguliers, suivis à chaque fois par une détonation assourdissante. Le temps entre le tonnerre et l’éclair se raccourcit jusqu’à ne plus exister, et Louva eut l’impression que ses tympans se déchiraient à chaque nouvelle détonation. L’orage s’éloigna enfin, et elle put se détendre. La forêt fumait, des arbres avaient dû être touchés. Ourq ramassa une massue et une lance et se dirigea vers la forêt alors que la nuit était encore noire.
Lorsqu’il revint, plusieurs heures plus tard, il tenait par la main une créature humanoïde de la taille d’un enfant, mais d’une finesse bien plus grande. Ses traits étaient adultes, et on se demandait presque qui accompagnait qui. Louva regarda l’être et comprit avant même qu’Ourq n’ouvre la bouche.
« Tu es la fille de Chimène ?
-Oui, je m’appelle Soràn. Ourq a dit qu’il allait m’accompagner dès demain pour mon voyage. Tu viens aussi ?
-Ton voyage ? Quel voyage ?
-Les mandrises sont nomades. Elles ne peuvent pas rester plus d’une journée au même endroit, sinon elles se changent en arbre. Comme Chimène. Donc je reste ici jusqu’à demain, et après je m’en vais »
Le monde tournait autour de Louva. Elle venait de trouver Ourq, et il allait partir. Ce n’était pas juste. Une larme roula sur sa joue, et elle alla se recoucher sur sa fourrure. Elle entendit Ourq et Soràn préparer leur départ, mais elle n’y prêta aucune attention et finit par s’endormir.
Lorsqu’elle se réveilla, les deux compagnons étaient prêts et le soleil était haut dans le ciel. Ourq la regarda avec ses grands yeux innocents et lui proposa à nouveau de les accompagner. Louva déclina la proposition en secouant la tête et les regarda s’éloigner, main dans la main. Ourq avait prévu depuis deux ans tout le matériel pour leur voyage. Il tirait de sa main libre une chariote avec des vêtements, des provisions et la plante bleue. Ils avaient presque atteint la forêt lorsque Louva se mit à courir. Elle les rejoint alors qu’ils avaient déjà pénétré la forêt, attrapa la main de Soràn, et sans un mot, s’enfonça avec eux vers l’inconnu.

