Ta mère te laissait dans ton lit, déjà bébé, petit Roni. 

Pleurant, criant, tu restais seul du début à la fin de la nuit,

Elle était jeune, pas du tout l'temps d'être maman, 

Signalement, constat de maltraitance, bébé, placement. 

Tu pars heureusement en famille d’accueil, loin des foyers, 

Surveillé de près par ta grand-mère et plus surprenant, par ta maman. 

Qui, loin de s’en vouloir du passé, décharge sa rancœur sans pitié. 

Elle apprend que tu es violé, elle s’emporte : un volcan. 

“Faites examiner mon fils, médecin légiste", je passe les détails. 

Le petit ressort, complètement traumatisé, pleurant, il déraille. 

Ta mère, pour le principe, a exigé la visite médicale. 

Juste pour dire que, pour le scandale. 

La famille d’accueil hébergeait un jeune mâle,

Au p’tit déj, tu dis qu’il a “bu ton zizi” : blanc général matinal. 

Exclusion de l’auteur, enterrement de l’affaire. 

Et ton seul soutien qui en rajoute… ta mère. 

P’tit gars, Mamie est là. 

Elle prend ta vie à bras l'corps, elle ne te lâchera pas. 

T’es mignon, la vie te sourit, j’ai confiance en toi. 

Bien consciente d’avoir vu ce dont personne ne parlera. 

Sans citer ton prénom, je fais entendre ton histoire. 

Triste, on le sait, mais surtout, taboue : pour Roni, tableau noir.