Page 3 - Errance adolescente
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Page 3 - Errance adolescente
(Écrit du temps de l'adolescence)
Encore un nouveau jour au royaume des artistes torturés. La lune est chassée par le soleil, lui-même dissimulé derrière d’épais nuages. Le monde se remet doucement de la vague de froid ayant sévi durant la semaine dernière. La glace fond, enfin. Les trottoirs deviennent de plus en plus praticables et le risque de se casser la gueule ne tient, à présent, qu’à la maladresse. Le paysage, auparavant aussi blanc que la campagne de la vieille Russie, n’est plus, aujourd’hui, qu’herbes vertes et air humide. Le temps est gris, tout semble au ralenti. Ralentissons encore un peu ! Peut-être que si plus personne ne bouge, le monde s’arrêtera de tourner. Assis à l’arrière du bus, je regarde défiler maisons et voitures. Quelques passants sans visages, et des arbres. Des travailleurs dissimulent comme ils peuvent l’envie d’être ailleurs. Des gosses partent à l’école, certains avec le sourire et d’autres en limant leurs semelles de chaussures sur le bitume à chaque pas, la larme à l’œil. Il y a de la vie au dehors. Ce monde semble leur convenir. Alors en quoi suis-je différent?
Pourquoi ai-je le sentiment que ma place n’est pas ici, à cette époque moderne qui me nique le crâne? Putain de monde…
Trop froid, trop moche, trop con !
Un jour, tout ça… et puis quelle importance. Tout fout le camp, depuis si longtemps…
Et l’amour ?
Qu’est-ce que j’en sais moi… Moi je ne sais rien ! Moi, je ne suis rien. Moi ?.. Je n’existe pas.
Comment pourrais-je savoir quoi que ce soit? On ne m’a rien appris. Oh si, bien sûr, j’ai appris à lire, écrire, parler… Mais à quoi tout cela va servir quand plus rien ne sera. Quand de la connerie ambiante naîtra une société idiocratique…
Il fut un temps où l’on rêvait, où un rien nous émerveillait. Tout cela semble tellement loin, à présent. La réalité, le bitume, la pierre… Un mur entre la vie et les rêves, séparer le faux du vrai, l’imaginaire du réel. À quoi bon rêver de toutes façons ? Nous, on est grand, les rêves c’est pour les mômes.
Nous ne sommes plus des enfants. Nous avons mûri… Quelle chance nous avons là !
C’est tellement plus confortable de se prendre un mur bien réel ! Au moins, on saigne pour quelque chose…