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Page 11 - Être seul à y croire

Page 11 - Être seul à y croire

Pubblicato 2 dic 2024 Aggiornato 3 dic 2024 Personal Development
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Page 11 - Être seul à y croire

J'ai toujours été quelqu'un de solitaire.


Aucune musique n'est plus douce à mes oreilles que le silence, et je barbotte dans mes heures de solitude comme un poisson dans l'eau. Évidemment, j'aime aussi le temps passé avec ma femme, mes enfants, mes rares amis et les quelques personnes que j'estime au sein de ma famille. Mais je suis ce que je suis. Je ne donne pas ou peu de nouvelles à mes proches ; j'attends toujours d'avoir matière à raconter avant d'appeler, d'envoyer un message ou d'aller voir quelqu'un. L'une des choses que je déteste le plus, c'est perdre du temps. Alors, si je n'ai rien à dire, j'évite d'en faire perdre aux autres. Par contre, je réponds toujours présent si l'on a besoin de moi, autant que possible. Et qu'importe les heures, les jours, les mois écoulés entre deux prises de contact. Quand je laisse quelqu'un entrer dans ma vie, dans mon cercle privé, c'est pour toujours.


J'ai longtemps vécu de manière autonome. Enfant, je jouais seul. Je passais mes mercredis après-midi à la bibliothèque du centre aéré à lire seul. J'ai commencé à m'exprimer artistiquement en dessinant seul, puis en découvrant et jouant du piano seul, avant d'apprendre et jouer de la guitare seul. Et puis j'ai composé et écrit mes chansons, seul. Sur le plan sentimental, j'ai été seul quasiment toute mon adolescence, jusqu'à mes 18 ans. Depuis, je vis toujours avec la même personne. 20 ans cette année. J'ai un seul véritable ami que je considère comme un frère, et quelques autres que j'aime sincèrement. J'ai pris la décision de ne plus laisser entrer qui que ce soit dans ma vie, en dehors de ces quelques "privilégiés", si j'ose les nommer ainsi, pour différentes raisons dont certaines resteront privées. Je n'ai pas de place, ni de temps pour les autres. Je suis un père, un époux, un frère, un fils, un ami, un auteur indépendant et le correspondant local d'un journal. Je porte bien assez de casquettes pour éviter l'insolation. Ne pas me disperser me permet d'être pleinement disponible en cas de besoin et d'être totalement concentré sur mon travail.


Je suis auteur. J'écris des articles pour Presse Océan, et mes propres livres. J'ai évidemment choisi l'indépendance afin d'être seul à décider de la manière dont j'organise mes journées, des sujets traités pour la presse et des thèmes développés dans mes ouvrages. Je n'ai jamais été aussi heureux que depuis cette liberté rare et précieuse. Nous vivons dans un monde qui nous a fait croire que la réussite se mesure au nombre de zéros contenus dans un compte en banque. Si c'est le cas, je suis assez pauvre. Pour moi, la véritable richesse, c'est le temps libre. Avoir du temps pour voir ses enfants grandir, pour s'asseoir dans le sable et contempler la mer sans regarder sa montre... Certes, l'argent est essentiel. Notre société est ainsi faite. J'essaie donc, pour garder la tête hors de l'eau, de me priver des quelques loisirs un peu plus onéreux, des voyages, des départs en vacances... J'évite d'acheter tout et n'importe quoi, j'apprends à vivre avec le strict nécessaire, je me débrouille pour m'en sortir seul, sans avoir trop besoin des autres. Parce que je suis comme ça, un solitaire autonome qui ne veut déranger personne.


J'ai conscience de ne pas toujours être très agréable, diplomate, avenant, joyeux... Je suis du genre râleur, tantôt ours, tantôt gardien de phare.

Je rêve secrètement d'être le fils d'Olivier de Kersauson, de Charles Bukowski, de Jean Gabin...

Mais malgré mon sale caractère - je suis le fruit d'un mariage entre la Bretagne et la Vendée - je pense être quelqu'un de généreux et empathique. Si j'ai la possibilité d'aider quelqu'un, je le fais. Si je peux offrir une écoute attentive, quelques conseils... je le fais avec cœur et sincérité. Ainsi je suis, ainsi je serai.


Malheureusement, la solitude salvatrice que j'aime tant a ses limites. Et elles ont tendance à ébranler mes espoirs, de temps en temps. Lorsque j'ai décidé de changer de vie, de m'écouter (enfin), de faire passer mes besoins avant ceux des autres (enfin), j'imaginais devenir un écrivain connu et reconnu. Ou lu, tout du moins. Parce qu'avec toute l'humilité qui me caractérise, je sais que je suis fait pour ça. Je sais que ma place est devant le clavier, derrière l'écran, entre les pages de mes livres, au cœur de mes histoires, de mes poèmes... Je ne me suis jamais senti aussi bien dans ma peau que depuis que je revendique mon statut d'artiste-auteur. Alors je poursuis mon chemin, je continue de réaliser mon rêve de gosse, en écrivant des livres. Aujourd'hui, je suis l'heureux père de deux enfants et de six bouquins. Je suis autant fier des uns que des autres. Et j'ai bien l'intention d'écrire d'autres romans, d'autres recueils... pour les enfants, en revanche, je m'arrêterai là. Mes livres se sont vendus, et les retours furent tous positifs. J'ai été suivi sur les réseaux par une communauté active de lectrices, de lecteurs, d'autrices et d'auteurs... J'ai publié régulièrement, offert mes mots gratuitement, proposé des interactions, des collaborations, des histoires inédites... J'ai animé des ateliers d'écriture, inventé des récits interactifs... J'ai montré ma tronche, j'ai "liké", "commenté", "partagé"... J'ai joué le jeu des réseaux, accumulé des centaines d'abonné.e.s... Et puis j'en ai viré la plupart, celles et ceux qui ne prenaient pas le temps de me lire, ou qui s'abonnaient seulement dans l'espoir que j'en fasse autant pour gonfler leurs statistiques... J'ai fini par perdre de la visibilité suite à de longues périodes d'inaction, de déconnexion. Parce qu'écrire un livre nécessite du calme, de la solitude. Parce que la vie de parents demande également de l'implication et de la disponibilité, et qu'il est difficile d'endosser sérieusement ces rôles en scrollant à longueur de journée pour maintenir un certain niveau d'activité.


Ces derniers mois, j'ai quitté les réseaux pour être présent auprès de ma femme qui a dû subir une lourde opération. J'ai manqué de temps pour écrire des articles, et j'ai pris du retard dans mes projets littéraires. J'ai tout de même sorti un recueil de 600 pages et je travaille actuellement sur la deuxième partie de mon premier roman. La réalité est ce qu'elle est. Je sais que certaines personnes me soutiennent, et je leur en suis extrêmement reconnaissant. Mais je me sens seul malgré tout.

L'autoédition, c'est la liberté. La liberté d'être le seul à y croire...

Je n'ai pas de community manager pour gérer mes réseaux, pas de distributeurs pour mettre mes livres en rayon ou en tête de gondoles. Je n'ai pas d'agent pour me dégoter des contrats, des rendez-vous, pour me mettre en relation avec les bonnes personnes. Je n'ai pas d'éditeur pour me vendre. Mon entourage ne me lit pas, ou très peu. On m'achète pour me faire plaisir et on me laisse fermé sur une étagère, coincé entre des auteurs mainstreams qui disposent de tout ce que je n'ai pas pour promouvoir leurs œuvres. Ai-je moins de talent ? C'est subjectif. Combien d'artistes deviennent connus, du jour au lendemain, après avoir croisé la route de la "bonne personne" ? Si l'un de mes livres tombait entre les mains d'un animateur de télé, et que ce dernier l'appréciait et en vantait la qualité à l'antenne, combien d'exemplaires partiraient dans l'heure ? Cette validation médiatique, qui soit dit en passant n'aura rien changé au contenu de ce livre, me rendra-t-elle célèbre ? Doit-on obligatoirement passer à la télé pour être considéré ? Un chanteur doit-il être diffusé à la radio pour être écouté ? Un peintre n'a-t-il de talent qu'une fois reconnu par un critique d'art ? La qualité de notre travail ne dépend-elle que du regard d'un autre ?

Mais dans ce cas, comment exister, comment être vu, lorsque l'on ne peut jouer le jeu des algorithmes, lorsque l'on manque de temps pour le social, lorsque l'on veut vivre une vie en accord avec ce qu'on est ? Lorsque l'on est un solitaire...


Je ne cherche pas la célébrité, je me demande simplement comment l'on devient un artiste aux yeux du monde si l'on est seul à y croire...


Oren



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Commento (8)

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Jackie H 2 giorni fa

Il vaut toujours mieux être seul que mal accompagné 🙂. Le temps est une fortune en soi, et rien ne vaut la liberté. De toute façon, la consommation, c'est souvent pour l'esbroufe... pour tenter d'éblouir qui ? et qu'y gagne-t-on vraiment ?

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Oren Le Conteur 1 giorno fa

Je comprends et partage ce point de vue. Le problème, c'est qu'être auteur implique, d'une certaine manière, de s'engager dans la consommation. Un écrivain qui n'est pas lu reste un écrivain, mais il demeure dans l'ombre, sans ressources, contraint de travailler sans passion dans un emploi alimentaire pour éviter de se retrouver à la rue et, dans mon cas, d'entraîner ma famille dans ma chute...

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Franck Labat 2 giorni fa

Bienvenue chez les introvertis empathiques. Pas de groupe, pas de confrérie, mais on sait se reconnaître et s’apprécier.
C’est une vie solitaire et on aime ça ;-)

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Oren Le Conteur 1 giorno fa

C'est donc ainsi que l'on se nomme ? Qu'il en soit ainsi. Merci de me souhaiter la bienvenue, ravi de faire partie de cette bande inexistante. ;)

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Odette Charlier 2 giorni fa

Ah,Oren,tu ne sais pas le bien que tu me fais en écrivant. Et ta longue confession confirme tout le bien que je pense de toi. Tu n'es pas seulement un artiste-auteur mais un homme bien . Continue à. rire en tes rêves. 😊

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Oren Le Conteur 1 giorno fa

Merci Odette. Savoir que mes mots peuvent faire du bien à quelqu'un est une raison suffisante, s'il en fallait une, de poursuivre mon chemin dans cette voie.

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Asteria Nemesis 2 giorni fa

🙏🏻🙏🏻🙏🏻🙏🏻✊️tu n'es pas seul

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