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Jōhatsu, les disparitions volontaires au Japon

Jōhatsu, les disparitions volontaires au Japon

Pubblicato 24 gen 2021 Aggiornato 25 gen 2021 Curiosità
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Jōhatsu, les disparitions volontaires au Japon

Chaque année au Japon, on estime que près de 80’000 personnes disparaissent. Parmi elles se trouve un certain nombre de disparus volontaires appelés “Johatsu”. Souvent suite à un licenciement, une situation financière inextricable ou encore une honte publique, ces gens décident de s’évaporer et de vivre en dehors du système, sans identité. Si le phénomène existe ailleurs dans le monde, il est particulièrement marqué au Japon à tel point que des entreprises, appelées yonige-ya, sont spécialisées dans l’aide à la disparition.

 

Perdre la face au Japon 

J’évoquais dans mon article sur l’hypocrisie au Japon à quel point l’image que l’on renvoie en société est importante. Perdre la face est un traumatisme dans toutes les cultures mais au pays du soleil levant, il est particulièrement violent. La notion d’honneur est encore très présente et les Japonais n’hésitent pas à stigmatiser ceux qui contreviennent à la norme. Le phénomène est notamment visible sur les réseaux sociaux. Ils n’hésitent pas à filmer le moindre comportement inapproprié pour l’afficher sur internet. Certains cas ont donné lieu à des licenciements et des amendes de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour les employés ayant nui à la réputation de l’entreprise. Le téléjournal japonais s’est même emparé de certains cas pour en faire des reportages.

Que ce soit un étudiant qui échoue dans ses études, un employé qui se fait licencier ou une personne endettée, la pression sociale est donc énorme et omniprésente. C’est pour cela que certains Japonais préfèrent tout “simplement” disparaître pour échapper à cette honte sociale.

Vivre en marge de la société

Le phénomène des johatsu est tellement répandu au Japon que des quartiers connus pour accueillir ces disparus se sont formés. Ce sont généralement des zones gérées par les yakuza, les mafieux japonais. Il est possible d’y travailler sans présenter de pièce d’identité et en étant payé cash. Le coût de la vie y est généralement très bas et pour ces disparus volontaires, il est donc plutôt facile de s’y installer. Après 5 ans hors du système, les dettes d’un individu sont effacées et il arrive que certains disparus reviennent à la vie normale.

C’est aussi probablement cette organisation qui rend les disparitions si nombreuses. Des entreprises se sont spécialisées dans les déménagements “discrets” afin de permettre à leurs clients de s’évaporer du système en toute quiétude. D’autres vont même jusqu’à proposer des nouvelles identités complètes. 

Kamagasaki, un quartier d’Osaka connu pour être peu regardant sur l’identité des habitants.

 

Les disparitions volontaires, un tabou

Malgré l’étendue du phénomène, les disparitions ne sont pas un sujet qu’on aborde volontiers au Japon. Tout comme les maladies mentales ou tout autre comportement qui sort de la norme, les familles de disparus évoquent très peu les victimes. C’est généralement une honte qui se vit dans un cercle proche. On suppose ainsi que beaucoup de disparitions ne sont tout simplement pas rapportées à la police et qu’aucune recherche n’est entreprise.

Dans leur livre “Les Évaporés du Japon” Léna Mauger et Stéphane Remael partent à la rencontre de disparus et de familles qui ont connu cette perte. Ils expliquent que bien souvent, les personnes qu’ils interviewaient parlaient de leur histoire pour la première fois. Proches comme évaporés, ils n’osaient se confier à personne et continuaient à vivre le poids du passé. 

 

Ce phénomène de disparition volontaire reste mal connu et par nature plutôt flou, mais il est particulièrement présent au Japon. Le besoin d’échapper à une situation trop pesante pour l’individu y prend des formes extrêmes comme ces disparitions ou le repli sur soi des hikikomori. Pour certains, disparaître reste le meilleur moyen pour recommencer sa vie et, qui sait, lui donner un nouveau souffle en évitant de commettre les mêmes erreurs.

 

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