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Les Aïnous, peuple aborigène du Japon

Les Aïnous, peuple aborigène du Japon

Pubblicato 6 set 2020 Aggiornato 3 nov 2020 Cultura
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Les Aïnous, peuple aborigène du Japon

Si les Premières Nations d'Amérique du Nord et les Aborigènes d'Australie ont maintenant droit à une certaine exposition sur la scène internationale, le peuple aïnou au Japon reste relativement méconnu. Cela n'a rien d'un hasard puisque jusqu'en 1997, les Japonais ont voulu les assimiler de force et "étouffer" leur existence dans un pays que le gouvernement aurait voulu "mono-ethnique". Pourtant, ce peuple possède encore des traditions et une culture qu'il est bien décidé à préserver au mieux.

Rapide histoire du peuple aïnous

Les origines ethniques de cette population restent plutôt floues. Elle serait arrivée au Japon depuis le nord de la Russie pendant la préhistoire et se serait installée sur l'île de Sakhaline, les îles Kuriles et sur Hokkaido, l'île nord du Japon. Certains Aïnous se sont également aventurés sur Honshon, mais la densité est moins marquée. Ce n'est que mille ans plus tard que les Wa, les ancêtres de l'ethnie majoritaire japonaise sont arrivés au Japon depuis la Corée. Pendant des centaines d'années, les deux peuples se sont côtoyés sans heurts et ils ont même établi des relations commerciales cordiales.

Mais petit à petit, les Japonais ont commencé à repousser les Aïnous vers le nord et à s'emparer de leurs terres. Pour eux le sol n'est pas une propriété et ils ne se sont donc généralement pas battu pour lui, préférant migrer pacifiquement. Quelques guerres et révoltes ont bien eu lieu, mais les Aïnous les ont toujours perdues. Cependant, jusqu'au début du XIXe siècle, cette technique de "fuite" a permis à une grande majorité d'entre eux de rester hors du système administratif japonais. Cette indépendance relative est définitivement mise à mal avec la conquête des territoires d'Hokkaido par les Shogun, les chefs de guerre bien décidé à contrôler la moindre parcelle de terre.

Commence alors une période de pauvreté, d'exploitation et d'assimilation forcée pour ce peuple autochtone : leur mode de vie basé sur la chasse et la cueillette est interdit et le gouvernement leur fournit des terres à cultiver qui se révèlent insuffisantes. Ils sont alors forcés de travailler dans des conditions peu inviables, notamment dans le domaine de la pêche. Leur langue, uniquement orale, est elle aussi proscrite ainsi que tous leurs rites et leurs traditions.

 

Préservation de la culture aïnou

Pendant des années, les Aïnous ne peuvent subsister qu'en secret et beaucoup préfèrent se fondre dans la masse pour éviter les discriminations et les problèmes. Il faudra attendre 1997 pour que Shigeru Kayano, un homme politique d'origine aïnoue, parvienne à faire voter la "Loi pour la promotion de la culture aïnoue" avec le soutien de l'ONU.

Cette loi donne le droit aux Aïnous d'organiser des activités, de monter des projets et des structures pour promouvoir leur culture et leurs traditions. Si certaines initiatives ont un côté "parc d'attraction touristique" (comme en témoigne le village Akan Kotan ), d'autres sont directement destinées à la population. Ainsi des émissions de radios bilingues sont proposées, des cours de danses traditionnelles, de musique et de chant également.

Pour certains artistes modernes, c'est l'occasion de mettre en avant leurs racines dans leurs compositions. C'est le cas du groupe Imeruat qui utilise des instruments traditionnels et des rythmes aïnous dans ses chansons.

À Shiraoi, un parc aïnou a vu le jour et regroupe plusieurs bâtiments ainsi que des espaces en plein air pour présenter la culture aïnoue, très liée à la nature et l'environnement. On peut y voir des représentations de danses et de chants ainsi qu'un grand nombre d'objets du quotien et de l'artisanat.

 

Culture et mode de vie

La vie des Aïnous était organisée autour de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Ils avaient développé de nombreux outils à ces effets : pièges, armes, filets, outils de transport, etc. S'ils ne pratiquaient pas l'élevage, ils avaient tout de même des chiens de race Hokkaïdo pour les accompagner à la chasse à l'ours. Ce peuple était également porté sur le commerce et échangeait autant des marchandises que des savoirs.

Les villages, appelés kotan étaient composés de maisons personnelles et de lieux communs comme des garde-manger, des séchoirs à viande, etc. L'espace le plus important d'une habitation était le foyer central. C'était là que la nourriture était préparée et les invités reçus.

D'un point de vue religieux, les Aïnous sont animistes : ils considèrent que chaque chose est habitée par un esprit divin qu'ils appellent kamuy. Lorsqu'un être vivant meurt sur terre, le kamuy qui l'habite peut rejoindre les territoires célestes. Partant de ce principe, les Aïnous ont développé un rituel aujourd'hui controversé autour de l'ours. Ils capturaient un jeune ourson, l'élevait soigneusement, puis le mettait à mort en lui tirant des flèches dessus afin que le kamuy puisse se réjouir à l'idée de rejoindre les cieux. Pour eux, il s'agissait d'un acte religieux respectueux et positif. Après la mise à mort, des danses et des chants avaient lieu afin de guider la divinité vers le monde des esprits.

Une autre caractéristique du peuple aïnou est celle des tatouages, particulièrement chez les femmes. Les premiers tatouages s'effectuent au début de la puberté et ils sont ensuite complétés au fur et à mesure des étapes de la vie. Le plus visible et connu est celui qui se fait autour de la bouche des femmes. Il évolue lorsqu'elles se marient, puis lorsqu'elles ont des enfants, donnant ainsi des informations sur le statut de la femme qui les porte.

Art et artisanat

Les Aïnous aiment beaucoup la danse, la musique et le chant. Souvent simplement accompagnés de claquement dans les mains ou de percussions, les danses et les chants racontent des histoires de chasse ou du quotidien et célèbrent la vie.

Ce peuple est également devenu expert dans l'utilisation du bois. Ils ont d'une part une longue tradition de sculpture sur bois, mais les fibres utilisées pour tisser leurs vêtements sont issues d'écorces d'arbres. Des plumes et autres décorations naturelles viennent compléter les ornements.

L'art de la gravure est considéré comme aussi important que celui de la chasse et tous leurs meubles et fournitures sont décorés. Les Aïnous utilisent également des bâtons de prière qui sont décorés afin de plaire aux divinités.

Aujourd'hui, 25'000 Aïnous sont officiellement reconnus au Japon, mais les métissages compliquent les estimations : beaucoup ignorent sans doute tout de leurs origines ou ne souhaitent pas les revendiquer. Quoi qu'il en soit, leur culture est maintenant mieux prise en compte et reconnue que ce soit au Japon ou dans le monde.

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