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Recueil Rougeur - Rouge-Baiser 1ère séquence

Recueil Rougeur - Rouge-Baiser 1ère séquence

Pubblicato 16 ago 2020 Aggiornato 17 ago 2020 Cultura
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Recueil Rougeur - Rouge-Baiser 1ère séquence

ROUGEUR.

Recueil de récits

Suite de récits  sur la poétique de l'érotisme.

A Aubervilliers, mars  1996. Révision 2020.

1er récit ROUGE-BAISER

Interlude et générique ici

Dédié à Benjamin Mimouni pour la chanson de Louise Féron qu'il a si bien traitée dans son article (ses creative rooms sont ici et ici : n’hésitez pas à butiner parmi ses bizarreries vous y ferez de drôles de découvertes sur la musique (Pop)ulaire).

1ère SÉQUENCE.

Un ciel d’aquarelle parcouru par quelques nuages laiteux annonçait le jour naissant. La femme avec son rouge-baiser flamboyant apposé sur ces lèvres souples et si vives reposait son corps solitaire sur un banc patiné au bois vieilli. Ses deux mains se croisèrent sur sa poitrine souple, les doigts fins demeurant entrelacés.

Dans la pénombre où elle se tenait était perceptible la racine de son nez qui jetait une ombre brusque sur le côté gauche de son visage. Autour d’elle, les clameurs de la foule qui l’entourait, il y avait à peine quelques secondes encore, s’étaient estompées. Vint, majestueux, un silence soudain qui s’installa avec sérénité en ce parc où ses pas l’avaient menés.

Un souffle... juste une respiration. C’était le signe qu’elle attendait. Elle se leva.

Ses lèvres enduites semblèrent s'entrouvrir légèrement. Oublieuse des convenances, elle releva sa robe avec une belle prestance et telle une danseuse étoile aguerrie, avec une souplesse inouïe, tous les membres de son corps se développèrent dans un mouvement dansant à l’issue duquel elle noua sa robe autour de ses hanches.

Le compas de ses jambes marqua, comme des aiguilles sur une horloge, quatre heure moins vingt et les pans lourds attachés autour de sa taille frissonnèrent à l'unisson... Ses membres parurent s'ouvrir démesurément, laissant apparaître au-dessus des cuisses fermes le détail soyeux de son triangle blanc... Les doigts s’emparèrent des bords de sa culotte et, tout doucement, firent descendre cette dentelle légère qui crissa sur sa chair jusqu’à sa cheville.

Cessant de danser, sa jambe gauche s’éleva. Le ruban blanc noué et emmêlé que sa culotte formait rampa sur la peau ondoyante, rencontra le genou bombé, la ligne courbe du mollet, et s’insinua ensuite le long de la ligne de la cheville pour finalement achever cette folle évasion sur la courbe du cou-de-pied… Elle se pencha la prit un instant entre ses doigts, la laissant reposer sur son pied. Elle se détendit et tout son corps à l’allant dans un mouvement brusque et fit valser du bout du peton la culotte dans l’espace.

La dentelle tortillée fit une courbe gracieuse jusqu’au haut de son cou puis elle chuta brutalement, retombant sur le haut de son genou, où elle émit, le temps d’une seconde, une sorte de chuintement délicieux pour s’affaisser tout à fait une fois rejoint le sol terreux.

Elle était à moitié nue. Dans cette lumière chatoyante d'un début de matinée, le corps était semblable à un fantôme, une apparence sans attaches… rien qui ne puisse le donner pour réel. Et cela créait en cet instant suspendu, un entre-deux fou où elle s’introduisit magnifiquement.

Elle sentait dans ses entrailles un tiraillement et son ventre souple durcit tout d’un coup. Un souffle en elle s’agitait, passait dans ses poumons, les gonflait, les détendait et les assouplissait puis cela atteignit son œsophage, son cou, et finalement parvenant à sa gorge, le son rude s’expulsa.

Une mélodie sauvage retentit. Ses lèvres rougeoyantes s’entrouvrirent de nouveau, s’arrondirent puis se refermèrent. En attente, une mélopée nouvelle s’édifia dans ce souffle qui s’épanouissait. Les sons enfin libérés par la bouche s’élancèrent dans le ciel filandreux de ce jour naissant. Toute une portée de notes résonna, celles-ci plus sensibles, s’étayèrent peu à peu sur le rivage de ses lèvres. Un susurrement doux surgit et s’éleva tout doucement. La mélodie entamée fit résonner ses portées de notes.

Elle fredonna et virevolta dès lors lentement sur elle-même, glissant ses mains le long de la chair charnue de ses jambes. Et le son qui bruissait s’enroula pour enfin former une mélodie plus limpide.

 Sa main, la droite, remonta jusqu’au sommet afin de rejoindre l’orbe d’une oreille. Le blanc rosé de ses lèvres accueillit le noir de sa langue où les vocables se trouvaient malaxés sans répit. Les dents se refermèrent sur les mots qui s’efforçaient d’échapper à sa bouche. Et l’expiration fulgurante les arracha de cette caverne et les fit tous exploser en une gerbe faisant apparaitre une corolle rougie.

Un autre signal donné.

Ce que son corps semblait attendre afin d’entamer ce premier rythme où la danse de ses membres pourra entrainer son corps dans des mouvements plus saccadés, déjà un peu plus fous.

Un autre temps s’installa.

Une mesure pleine s’étagea puis une mélodie avec un couplet sidérant éclata afin de plaquer ici tout le développement nécessaire au dénuement que le corps demandait.

Pour commencer, elle ondula très légèrement. Les mouvements qu’elle accomplissait révélaient sur l’ensemble de son corps des ondulations où, au creux, parmi les plis soyeux de son chemisier échancré, sur un rythme soutenu, se créaient des plis noirs qui s’ouvraient démesurément.  On eût vraiment crû cette étoffe douée de vie,  tant chacun de ces frémissements sur la peau qu’elle recouvrait paraissait être naturel.

Sa main gauche entrouvrit les bords du chemisier, qu'elle délaça. Un bouton, puis un autre, et encore un autre... enfin un balconnet blanc en soie apparut. Le chemisier survola à la verticale l'étendue fiévreuse du corps et rejoignit le triangle de dentelle plus aussi fier qu’auparavant, souillé qu’il était par le gris de la poussière… Les pieds de la femme les piétinèrent avec fureur.

Détail maintenant si fragile, sa robe donnait l'impression de s'être roulée sur le côté.

Si blancs derrière la soie de son soutien-gorge, les seins s'arrondissaient... Les aréoles brunies transparaissaient légèrement. Clac! Deux longs fils blancs ouvragés sursautèrent lorsque ses mains par derrière son dos firent sauter l’attache qui rougissait sa chair.

Ses doigts s’aventurèrent tout le long de ses seins, délicatement, glissant sous les globes y demeurant un instant puis ceux-ci se soudant, phalanges collées contre les autres phalanges, ils rejoignirent le creux du nombril... La peau de son corps sous cette lumière nimbée qui faisait ressortir toute sa blancheur s’illumina comme sous l’effet d’un projecteur. Elle demeura un temps immobile, ses mains nouées caressant son ventre.

 

Deux longs fuseaux pâles et lisses surmontés de pieds souples et tendres... Elle était nue, avec seulement sa robe qui pendouillait sur les côtés. Elle exultait. Et ses doigts parcoururent son corps, sa peau, son ventre, son nombril et ses lèvres avec une frénésie incroyable… jusqu’à son intériorité la plus intime. Elle  hurla sauvagement.

Il y eut, d'un coup, comme une échappée dans l'instant - une lame qui déchira le jour... Une image brisée...

C’est une suspension fragile, le corps ne s’est pas entièrement déparé. Il faut pour cela un autre acte, un dernier mouvement et pas des moindres.

Comme en attente, le parc paru avoir lui-même pour ce faire préparé tous le décor nécessaire afin de faciliter cette dernière et si complexe opération.

 Une hésitation encore… Le corps éleva ses deux mains aux nues et les présentèrent au firmament lisse qui sembla – illusion incroyable- les envelopper en son sein d’azur.

C’était le dernier signal qu’elle attendait.

Elle dégrafa ses seins et les porta aux aussi aux nuées. Puis cette acte accompli elle s'assit enfin, à même le sol, désireuse d'observer, une dernière fois, les oripeaux de dentelles et de soie qu'elle avait enfouis à même la terre et recouverts de poussière.

Ne lui restait plus que sa robe... breloque humide qui pendait contre ses jambes lisses. Breloque sensuelle qui envoyait ses feux sur les arbres aux branches entrelacées du parc où des ombres s’agitaient.

Sa silhouette féline se détendit brusquement. Elle traça des cercles sur le sol, ses jambes s’emportant, elle se déplaça et rejoignit le banc qu’elle avait délaissé depuis son arrivée en ce parc. Elle se recroquevilla. Ses yeux se refermèrent…Ses jambes si nues, demeuraient légèrement écartées laissant entrevoir par endroits la moiteur sombre de son intimité.

Et dans ce silence qui persistait encore, elle écouta en elle ce début de frémissement sonore qui se préparait, prêt à jaillir. C’était un doux murmure que sa bouche sans forcer élança à nouveau hors de sa gorge.

Fracturées, fendues en deux, comme une blessure, ses lèvres blêmissaient. Le néant s’empara de sa voix et s’efforça de l’effacer en estompant chaque corolle de notes, ce sans succès, les notes continuaient à s’ébaucher, rompant alors toutes les défenses établies.

Dents, langue et seins frémissants… Accompagné par la ronde que les notes désormais abrutissantes élaboraient, -encore, à nouveau  depuis toujours !- son corps ondula et se remit à danser.

Ne lui restait plus que sa robe... breloque pendue à ses cuisses qui s'enlaçait autour de la peau grêle et s'insinuait sur les creux et les plis des lèvres sombres qui criaient des mots soyeux. Une cigarette au bout rougie frémissait entre ses dents, comme un épieu planté au milieu de sa bouche luisante et teintée de rouge-baiser fulgurant.

Elle dansait. Des pas souples l’un après l’autre, ses jambes s’élevaient puis s’affalaient à nouveau, pieds bien plantés sur le sol noir qui les accueillait.

Jambes à l'équerre qui s'ébattaient, emmenant avec elles la breloque serrée, elle dansait.

Elle frémissait.

Des doigts légers, hésitants, s'interposaient.

Proches de l'incertitude. Que faire?

Une jouissance imperceptible pour le reste du corps naît en bas, si proche et pourtant si lointaine... inondant aussi bien le corps, la terre que les cadavres en soie.

 

Ne lui restait plus que sa robe... breloque perdue qui pendait le long de sa nudité pâle. Ne lui restait plus qu'à se regarder et à s'apercevoir, enfin nue, sans l'aide d'un quelconque miroir. Ce moment-là était tendre et d'une intense rareté. Et l'on percevait, aussi bien sur sa bouche qui soufflait que sur son corps, des larmes en soie, des larmes confuses et sincères d'où l'avidité et l'abondance à la fois surgissaient.

Elle ne dansait plus, elle rampait.

Elle ne murmurait ni ne chantait plus. Elle avait rompu le chant, ici, à son extrémité la plus fragile.

Et le silence surprit le jour ; le jour à peine naissant, un début de matinée, où sa nudité débordait des larges pans de sa robe.

Elle courait... on la voyait courir... Mais où était-elle ? Dans quelle région du monde errait-elle ?

Elle avait gommé sur son passage tous les témoins inutiles, toutes les marques insignifiantes. Cependant, quelque chose derrière elle demeurait. Les cadavres de dentelles et de soie gisaient dans la poussière.

Sa course était demeurée infinie. Elle n'avait en soi ni origine ni but, elle se déroulait simplement en suivant le cours temporel et l'effort qu'elle soutenait, ce par tous les muscles qu'elle avait tendu au risque de les rompre, n'avait au final qu’une seule destination l’oubli de sa personne.

Un autre banc, là-bas, semblait l'attendre avec impatience. Elle était essoufflée, sa respiration, saccadée.

Lui en restait-il assez afin de soutenir son élan jusqu’à rejoindre celui-ci.

 

Ne lui restait plus que sa robe... une breloque perdue qu'elle avait oubliée avoir portée. Ses jambes se levèrent, une par une. Le banc était proche. Elle posa sa jambe droite et, ainsi en déséquilibre, elle attendit. Le souffle était encore court.

Ne lui restait plus que sa robe... une breloque en attente, blanchie…

Ses mains... longs fils acérés, s’élevèrent.

Ses doigts... ses doigts dénouèrent le nœud… ce nœud qui, le long de la corolle bringuebalante, essuyait la sueur qui exsudait de ses cuisses.

Le nœud était si lourd, si serré… impossible semble-t-il à dénouer, si difficile à désarmer.

La robe en corolle recouvrit le banc. Toujours en déséquilibre, jambe droite effleurant la patine du dossier poli, elle frémit. La caresse du vent était si dure, si rêche sur sa peau ondoyante. Elle tombait, mais au ralenti. La chute était douce, lente, et les lèvres mordirent la poussière à pleines dents, à pleines lèvres ; peau de la terre recouvrant la peau nue du corps. Elle gisait. Ses lèvres se mêlèrent, s'élevèrent, frémissantes et ondulées, contractées autour des grains, autour de la poussière qui les inondaient. Et son rouge-baiser au parfum fruité goûta à l’âcreté de la terre noire.

 

Ne resta plus que sa robe... qui s'était déparée de son corps. Elle se leva, les seins blancs devenus gris, aréoles pointées vers l'arête de son nez où une ombre se jetait pour s'y recroqueviller. Ses jambes mêlées au sang de la terre se dénouèrent. Et un bras se détendit, comme s'expulsant du corps. Les doigts se nouèrent et enlacèrent le drapé flapi de la robe. Sa jambe droite, formant un arc de cercle, se releva de nouveau... Elle était assise, jambes ouvertes défiant le monde et l'espace, avec son corps pareil à un livre aux pages qui se soulevaient, enfin recouvertes de signes distinctifs et clairs.

La caméra filmait... deux genoux ronds et deux lèvres verticales et ses yeux noirs qui observaient, tournés vers le ciel, les nuages cireux qui tournoyaient allègrement au-dessus d’elle.

Ne lui restait plus que sa robe... où les mains se portaient, défaisant tendrement la serrure avec laquelle elles jouaient. Entre les doigts humectés par la source du désir, il y avait ce tissu qu’elle élevait aux nues.

La tête rencontra le cercle étroit et s'y engouffra. Les bras s'introduisirent dans les manchons écartés, les seins se posèrent, effleurant la douceur âpre de l'étoffe et le ventre réconforté se lova autour des plis serrés... imprimant la rondeur de son amande brisée en deux entre les drapés ; la robe se replia, collée... enfin, les jambes à moitié découvertes reçurent l'offrande de la corolle avec une reconnaissance émue.

NE LUI RESTE PLUS QUE SA ROBE...Apposée sur sa nudité, tel un sceau flamboyant que la bougie aurait scellé. Elle était nue sous sa robe et son sexe se recroquevillait légèrement. Abrité, invisible, il fomentait en secret –cela est-il possible- son propre conte, dont lui seul posséderait les clefs.

Le jour s’entrouvrit.

Ses seins sont ronds et si lisses.

Tout comme son sexe lisse et renflé, avec un léger bombé par où le pubis ombré surgit.

Les lèvres émues se plient : celles du dessus comme du dessous, chacune portant le signe de leur propre blessure, elles écrivent une autre histoire.

Le jour entrouvre ses pétales et les ombres en quête d'amour s'y engouffrent.

 

Ne lui reste plus enfin que sa robe... qu'elle porte avec nonchalance, non sans une certaine fierté.

La caméra meurtrie, blessée dans son orgueil, se blottit sur elle-même. Frustrée, sa lentille se déroule le long du corps dont elle essaye de violer le moindre fragment, sans résultat.

Ne lui reste plus que sa robe... qu'elle porte comme une offrande et où son corps nu explose.

Elle marche.

Les fragments irradient et la caméra implose. L'objectif qui se rue, en une dernière échappée, tente de fuir sa fin prochaine... trop tard, elle gît.

Croix plantée sur des cadavres de dentelles et de soie, à même la poussière...

              

                               Fin de la séquence.

 

                               0uverture de l'histoire.

 

Qui s'y engouffre?

                                                                             

                                                                                             

                                                                                              Mais...

Le jour!

Peut-être...

 

Et à suivre... 2ème séquence à venir plus tard.

 

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