Réponses et Retours (8) - G.RAYON - Poésie 02-1992 réécriture 2019-2020
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Réponses et Retours (8) - G.RAYON - Poésie 02-1992 réécriture 2019-2020
Mon recueil sur l'érotisme féminin "Rougeur" 1er récit Rouge-Baiser (générique et 1ère séquence pour l'instant) et Réponses et retours -à suivre également- sur une vision poétique en particulier de l'amour saphique à retrouver ici dans cette creative room
G. RAYON
Les prémisses sont posées
Et les lettres impatientes
Posées et insolentes
Demeurent au faîte de la page
En suspens
Errant parmi les vocables
Se mêlant aux grains de sable
Un nouveau récit s’établit
Entre les feuilles indociles…
La pause est longue
Et l’attente ne se fait pas sans frémir.
Les prémices sont déposées
Le long d'une main
Et celle-ci est en quête
D’une pauvre miette.
Les lettres se poussent encore
Avec l’encre violette
Qui les inonde…
En cette onde colorée
Les mots déposés
S’assemblent…
L’attente se perpétue
« Toi
T’attendre Toi
Qui erre en mes pensées »
Ecrivait-elle
Et elle prolongeait encore chaque lettre
Avec sa plume
Enroulant l’encre violette
Dans les pleins et les déliés
Qui se projetaient
Et éclaboussaient la feuille aplanie
« Toute attente est infinie »
Continua-t-elle
« Attendre toujours
Et penser encore t’entr’apercevoir
T'attendre toi Qui erre
En cette forêt noire bordée de bouleaux lumineux
Attendre d’apercevoir
Et y croire encore…
Ta silhouette nimbée
Ombrée et délicate qui surgirait enfin
Et tes mains tendues
Elevées graciles mais fermes
Enfin reposant contre mes hanches.»
La plume gisait maintenant dans son encrier et l’encre violette en garnissait les contours opaques.
Elle -mais était-ce bien une femme ? N'était-ce pas plutôt une ombre de nuit ?- se déshabillait face à sa glace.
Elle jouait de ses doigts nacrés avec une longue chainette en argent. Les doigts, qui s'enroulaient autour du fil argenté, s'amusaient à dessiner des signes sur le corps, sur le cœur où les mains, bien accrochées à la ligne courbée, à la naissance des aisselles, frémissaient sous le contact glacé de la forme inerte.
Sa peau si blanche grenelait sous la caresse du long serpent formé par ses mains enroulées avec la chaine d’argent se déroulant à sa suite. Et celui-ci se glissait sous chaque anfractuosité, sous les aisselles, sous les seins, sous la courbe du globe ovale.
Et ses doigts avec lui serpentaient sous le palais, sous les dents, sous les lèvres, sous les oreilles, sous la clavicule, sous les hanches, sous la ligne voluptueuse du bas de ses reins, sous le pubis ombré, près du mont de vénus bombé, sur les lèvres, la peau nacrée des lèvres, peau de l'ourlet de sa bouche d'ombre qui esquissait un sourire étrange, si cynique.
C’est en ces régions du corps que ses mains découvraient cette géographie intime et l'ombre y tremblait si douce, confiante, avec en ces bords frangés qui se relevaient sous leur caresse, une perle humide et blanche qui s'humidifiait peu à peu contenant d'autres vérités, d'autres signes à révéler
Ce qui s’ouvrait devant elle
Tout un monde fait de songes et de sortilèges
Un palais hanté et luxurieux
Qui possède ses dédales
Ses labyrinthes
Ses fantômes
Ses spectres et son minotaure.
Et parmi tous ces signes qui se délacent
Et qui s’égarent
De cette boîte qu’elle
Pareille à Pandore
Elle ouvrit laissant s’échapper
Chaque maux –mots-
Tracés
Avec le dernier posé enfin
Dessinant ses contours
Près de la marge
Elle déposa
Un mot ultime qui dévala
La peau de la feuille
Inscrivant
En son creux nacré
Un point violent et ténébreux
Et sous celui-ci une croix sombre
Semblable à un paraphe.
A suivre...