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Chapitre 44

Chapitre 44

Pubblicato 8 giu 2022 Aggiornato 25 giu 2022 Cultura
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Chapitre 44

Chapitre 44

Timéo

Nous y sommes enfin. Je vais savoir aujourd’hui ce qu’est l’opération Kingo qui m’intrigue depuis plusieurs mois. Les adultes du royaume se sont presque tous donnés rendez-vous au même endroit. Seules les personnes d’astreinte au poste de pilotage ne sont pas ici. Les opérations de recrutement d’Humains ne s’arrêtent jamais. Il faut donc continuer à décider qui nous rejoint et qui reste sur Terre. De mon côté, j’assiste aux derniers préparatifs de l’opération Kingo parce que je n’ai pas beaucoup dormi et que je suis réveillé depuis longtemps, trop impatient de découvrir la surprise. Des milliers de motos volantes sortent des entrepôts avec à leurs commandes des adultes du royaume. Ils se rangent en deux files espacées de plusieurs mètres. A l’avant se trouvent Séraphin et Stéphane, le papa de Clara.

La jeunesse du royaume est réveillée. Elle est invitée à se placer entre les deux rangées de moto : les ados en tête du cortège suivis des enfants, puis des bébés. Clara rejoint son papa sur la moto de tête et Séraphin m’invite à m’asseoir derrière lui. Je n’en reviens pas. Je bombe le torse, fier d’être l’élu. A peine assis, je l’entends parler dans un talkie-walkie.

  • Bonjour Kingo. Ici, nous sommes prêts. Et vous ?

Une voix lui répond :

  • Chez nous aussi. Tout le monde est au courant de votre arrivée imminente.
  • C’est parti ! annonce Stéphane.

C’est la première fois que les adultes quittent notre royaume car sans ailes, ils sont condamnés à y rester en permanence. Grâce aux motos volantes, ils retrouvent de la liberté, comme Gaston avec le jet-pack de Justin. Les mamies ont l’air inquiètes, mais très vite, elles se détendent. Séraphine m’impressionne. Elle est aux commandes d’une moto et semble s’éclater. Elle me fait rire. Nous nous dirigeons vers un nuage qui donne sur un tunnel bleuté.

  • Bienvenue au royaume de Kingo !

Un tricératops nous ouvre la voie. Je comprends très vite que c’est ici que les animaux qui quittent la Terre arrivent. Comme ils n’ont pas d’ailes, excepté les oiseaux et quelques rares espèces, je me demande comment ils rejoignent ce royaume. Séraphin m’explique que ce sont des vaisseaux spatiaux qui les récupèrent. Nous sommes accueillis comme des rois par une haie d’honneur. Tous les habitants de notre royaume écarquillent les yeux. Intimidés, personne ne parle, puis de nombreux animaux, les girafes en premier, nous invitent à monter sur leur dos pour nous faire visiter leur monde. Clara se dirige naturellement vers les rennes tandis que Titouan est attiré par les marcassins. Je le rejoins, ravi de revoir ces petits que j’avais été si triste de trouver abandonnés par leur maman sur Terre.

  • Regarde Titouan, tous les petits marcassins.
  • Oui, ça me fait plaisir de savoir qu’ils sont ici tous ces bébés qui n’ont pas survécu.

Dimitri et Justin se dirigent vers les dinosaures. Ça ne m’étonne même pas. Je connais leur fascination pour ces êtres préhistoriques qui ont disparu de la surface de la Terre depuis très longtemps. Sophie, elle préfère aller câliner des koalas.

Un chat vient tourner avec insistance autour de Clara.

  • Viens là, Minou, lui dit-elle en tendant la main vers lui et en s’agenouillant. Tu sais que tu ressembles beaucoup à mon chat, Mistigri, toi ?

En réponse, il la fixe droit dans les yeux, puis saute dans ses bras. C’est alors qu’elle le reconnaît. Aucun doute, c’est bien Mistigri. Elle colle sa tête contre la sienne et je l’entends ronronner. Quelle triste et merveilleuse histoire à la fois : son chat qui a quitté la Terre et qui la retrouve ici. De mon côté, je ne sais pas trop vers quel animal me diriger. Je m’envole sans grande conviction, puis tout à coup, c’est une évidence pour moi. J’aperçois une biche et deux faons. Je revois la boule de cristal de Murielle et Boris, celle grâce à laquelle elle savait que ma maman attendait deux bébés. Je me rappelle comme ça m’avait frustré de ne pas savoir déchiffrer la signification de cette biche allaitant deux faons et Boris qui avait refusé de me donner le sexe du bébé. Evidemment, à la naissance d’Alice et Frédéric, j’avais compris pourquoi ils m’avaient caché la vérité. Quel merveilleux souvenir de découvrir que j’avais un petit frère et une petite sœur, les deux à fois. Je souris en y repensant. Je m’arrête près de la biche. Avec son museau, elle m’invite à m’installer sur son dos. J’ai très peur en repensant au renne et à ma chute dans la neige hier. La biche n’a pas de bois où m’agripper. Je préfère jouer avec ses petits. Tifanie nous survole, poursuivant une nuée de papillons multicolores. Dans mon dos, j’entends des rugissements. Effrayé, je me retourne vivement et découvre, stupéfait, que Séraphine et une lionne sont en train de se chamailler gaiement. Elles enchainent les roulades et des prises qui ressemblent à celles de judokas. Décidément, je découvre une facette insoupçonnée de la maîtresse de notre royaume. Je la croyais effacée, dans l’ombre de Séraphin. Je constate qu’il n’en est rien et qu’elle y est sans doute pour quelque chose dans l’harmonie et la douceur qui règnent dans notre royaume, « une main de fer dans un gant de velours ».

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