Chapitre 32
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Chapitre 32
Chapitre 32
Timéo, samedi 4 décembre
Ce week-end, en Lorraine, on fête Saint-Nicolas. Maman a descendu toutes les décorations de Noël du grenier et Papa a été chercher un sapin chez un petit producteur à Robelmont. Il a acheté un Nordmann, ce sapin naturel dont les aiguilles ne piquent pas et ne tombent pas.
- Idéal quand on a des enfants, a déclaré le marchand.
Maman commence par poser les guirlandes lumineuses, puis passe le flambeau à Jérémy et Célia qui y ajoutent des guirlandes pailletées de couleur grise. Pour un décor harmonieux, Maman a préparé des boules rouges et des blanches ainsi que des petits Père Noël en bois. Alors que Célia s’applique à accrocher les boules sur les branches, Jérémy, dont les doigts ne sont pas si habiles, préfère renoncer et jouer avec les personnages tout de rouge vêtus. Ses troubles dys ont été mis en évidence par les tests chez les spécialistes et les premières séances de rééducation commencent à faire leur effet. Maman a bien compris que Jérémy devra toujours travailler plus que les autres pour réussir et qu’il devra sans doute continuer à voir l’orthophoniste à l’âge adulte pour écrire sans faute. En parallèle, pour pallier à ses problèmes de dyspraxie, il travaille sa coordination et sa motricité fine avec un kinésithérapeute spécialisé. Il a fait de gros progrès en lecture et en écriture et forcément, il se sent mieux dans sa peau. En classe, il n’a quasiment plus de lions orange. Il en a même obtenu des verts, pour sa plus grande fierté. La maitresse a constaté également que son hyperactivité avait quasiment disparu avec sa confiance en lui qui grandit. Il lui reste de temps en temps des accès de colère, surtout quand il n’arrive pas à réaliser une tâche, mais comme il travaille aussi la gestion de ses émotions avec Maman, il progresse dans ce domaine également. Grâce à un livre sur les émotions, il a appris à reconnaître les signes annonciateurs de la colère, comme les sourcils qui se froncent, les poings qui se serrent ou sa bouche qui se fâche. Dès lors, quand il en prend conscience, il est autorisé à sortir pour évacuer son stress. Dans une pièce dédiée, il peut alors jouer avec une balle, frapper dans un punching-ball ou s’isoler dans une tente, en fonction de ses besoins.
Frédéric et Alice, sont enfermés dans le parc pour éviter qu’ils ne viennent mettre le bazar dans les décorations de Noël. Depuis qu’ils marchent à quatre pattes, Maman passe son temps à réparer leurs bêtises. Ils vident les placards, portent tout à leur bouche et éparpillent leurs jouets sur le sol. Parfois, ils veulent le même jouet au même moment et se l’arrachent des mains. Maman doit alors les séparer, mais dès que l’un des deux ne voit plus l’autre, il semble perdu, si bien qu’elle n’a d’autre choix que de les remettre ensemble. Souvent, ils éclatent de rire pour un rien et comme leur joie est communicative, ils la propagent dans toute la maisonnée. Même moi, quand je les vois rigoler, je ne peux m’empêcher de les imiter. Ils sont tellement drôles et tellement complices que je suis souvent ému de les observer. Ce qui me fait bizarre, c’est qu’ils sont plus grands que moi désormais alors qu’ils sont nés après moi. Ils resteront toujours mon petit frère et ma petite sœur, mais contrairement à moi, dont le physique est figé depuis que j’ai quitté la Terre, eux, vont évoluer au fil des mois et des années. Ils deviendront même sans doute un jour adultes. J’ai un peu de mal d’imaginer cela.
Maman invite Jérémy et Célia à s’asseoir sur le canapé.
- Venez voir. J’ai quelque chose d’important à vous expliquer.
Les deux enfants accourent en abandonnant les décorations du sapin, puis s’installent de chaque côté d’elle.
- Vous vous rappelez quand Timéo est parti au ciel ?
Ils acquiescent de la tête.
- On n’en a pas beaucoup parlé ensemble car c’était très difficile pour moi. Je sais pourtant que votre petit frère vous manque et que vous avez sans doute besoin de l’exprimer.
Célia acquiesce en regardant tristement le sol. Alors que l’émotion remplit ses yeux, Maman l’attire à elle et Jérémy se colle à elles deux. Maman les serre bien fort dans ses bras, du mieux qu’elle peut, puis elle reprend :
- Quand Timéo est sorti de mon ventre, une photographe spécialisée est venue prendre des photos de votre frère dont certaines avec Papa et moi…
Célia s’écarte de Maman pour la regarder droit dans les yeux.
- Oh, j’aimerais tellement les voir. J’aimerais trop voir Timéo.
- Moi aussi, moi aussi, ajoute Jérémy en sautant à genou sur le canapé.
Il y a quelques semaines, j’ai surpris une conversation de Maman avec sa thérapeute. Elle lui disait regretter de ne pas avoir invité ses enfants pour les photos. Elle lui expliquait que ça s’était révélé au-dessus de ses forces, quand la photographe le lui avait bien suggéré. Elle était déjà assez réticente à faire cette séance-photo, il était hors de question pour elle que Jérémy et Célia soient présents. Depuis, la psychologue l’a aidée à déculpabiliser et je constate avec bonheur qu’aujourd’hui Maman se sent prête à montrer mes photos à Jérémy et Célia. Je sais que c’est une grande étape pour elle et je suis fière du chemin qu’elle a parcouru.
Elle sort une boîte blanche en forme de cœur à l’intérieur de laquelle sont stockés les clichés, mais aussi tous les souvenirs qu’elle a gardés de ma naissance. Du bracelet de la maternité avec mon nom, à une mèche de cheveux, en passant par un bout d’étoffe dans laquelle j’avais été emmailloté et un bonnet. Je découvre le contenu en même temps que mon frère et ma sœur et en suis tout ému. Les photos me font un peu mal au cœur, surtout celles avec le visage de Maman en pleurs. Je devine sa douleur et sa colère. Celles de Papa sont plus douces. Il semble plus serein malgré sa tristesse.
- Il est trop mignon, Timéo, annonce Célia. Je trouve qu’il ressemble beaucoup à Frédéric. T’es pas d’accord, Maman ?
Elle ne répond pas. Une larme coule sur sa joue.
- Pleure pas Maman, lui dit Jérémy en la serrant dans ses bras. Ne sois pas triste. Timéo est heureux et il veille sur nous depuis le ciel.
Maman ne peut toujours pas parler. Ses joues servent de toboggan aux gouttelettes de tristesse que ses yeux ne peuvent contenir. Elle serre Jérémy contre elle, puis Célia les rejoint. Au bout de deux minutes environ, Maman se lève pour se moucher et revient avec une boîte contenant des boules de Noël. Elle se rassied sur le canapé.
- Regardez les enfants ! arrive-t-elle à articuler.
Célia et Jérémy découvrent les cinq boules personnalisées. Jérémy déchiffre les prénoms :
- Célia, Frédéric, moi, Timéo et Alice, lit-il.
Célia entoure Maman de ses bras et pose sa tête contre sa poitrine.
- Quelle bonne idée tu as eue ! Nous allons être réunis tous les cinq sur le sapin. Même Timéo sera avec nous. C’est trop bien, Maman. Je t’aime et j’aime Timéo.
- Moi aussi, moi aussi, répond Jérémy en enlaçant à son tour Maman.
C’est à ce moment que Mamie fait son apparition dans la maisonnée. Elle ne s’attendait pas à tomber sur une scène aussi émouvante à peine la porte franchie. Elle dépose un bisou sur les joues des jumeaux qui lui tendent les bras.
- Attendez mes petits chéris. Mamie dit bonjour à tout le monde et elle vient s’occuper de vous.
- Regarde Mamie, les belles boules de Noël, s’empresse de lui raconter Jérémy. Il y en a même une pour Timéo.
- Et on a même pu le voir en photo aujourd’hui, ajoute Célia. Tu veux le voir toi aussi, Mamie ?
Elle ne sait quoi répondre et interroge Maman du regard.
- Oui, je viens de leur montrer les photos de la maternité. Je n’avais jamais osé les regarder ni rouvrir cette boite de souvenirs jusqu’à aujourd’hui. J’ai décidé de le faire en leur présence.
- Je comprends mieux pourquoi toute cette émotion sur vos visages.
Mamie s’approche de Maman et la serre chaleureusement dans ses bras.
- Félicitations. Tu es bien courageuse et je pense que c’était important pour les enfants.
- Oui, j’aurais sans doute dû le faire plus tôt.
- Ne dis pas ça. Aujourd’hui, c’est parfait. C’est le bon moment.
Blottie contre Mamie, Maman se laisse aller. Elle évacue je pense la pression accumulée depuis de nombreux mois. Elle vient de franchir une étape très difficile et je suis très fier d’elle, surtout quand je vois le visage radieux de Célia qui ne peut détacher ses yeux de mon visage. Elle embrasse ma photo avant de la poser contre son cœur. J’en rougis. Je réalise que c’est la première fois qu’elle me fait un bisou et moi, ça ne me laisse pas indifférent.
- Bon, et moi, je pourrais voir mon petit-fils ? demande Mamie. Moi aussi, j’ai bien envie de voir à quoi il ressemble.
- Oh, on dirait Frédéric. C’est fou comme ils se ressemblent !
Assis dans le parc, ce dernier s’impatiente. Il s’accroche aux barreaux et tire désespérément sur ses bras pour se lever, en gémissant en direction de Mamie tandis qu’Alice pleure de désespoir.
- Oh mes pauvres chéris ! Mamie arrive.
L’après-midi défile à toute vitesse. Maman termine de garnir le sapin tandis que Mamie, Célia et Jérémy préparent des sablés à la cannelle. A l’emporte-pièce, ils donnent forme à des étoiles, des sapins, des boules et des lutins. A la sortie du four, ils les décorent avec du chocolat, du glaçage au sucre et des pépites de chocolat multicolores.
Il est déjà l’heure pour les enfants de se rendre à la salle des fêtes pour y retrouver Saint-Nicolas et son fidèle compagnon, Père Fouettard, deux personnages qui intimident quelque peu les gamins. Tandis que le premier distribue des bonbons aux enfants sages, l’autre a pour rôle de donner des coups de baguette aux enfants turbulents. Heureusement, il n’en fait jamais usage. Cette sortie, c’est l’occasion pour mamie de prendre la traditionnelle photo de famille. Sur les jambes de Saint-Nicolas, Alice pleure tandis que Frédéric tire sur sa barbe. Célia, elle, essaie tant bien que mal de consoler sa sœur et Jérémy, de son côté, tente de faire lâcher sa prise à son petit frère. Difficile pour mamie de prendre une photo correcte. Maman filme la scène pour pouvoir la leur remontrer dans quelques années.
Je repense à la fête de Saint-Nicolas de l’année dernière qui avait propulsé Murielle dans notre royaume et ça me fait froid dans le dos. J’ai croisé une fois son ex-conjoint, Cyril, le jour où il est passé par la machine à purifier. Il me semble qu’il s’occupe de la maintenance du poste de pilotage et qu’il restera à jamais invisible pour Murielle qui passe ses journées aux côtés de Boris.
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