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Chapitre 19

Chapitre 19

Pubblicato 8 giu 2022 Aggiornato 24 giu 2022 Cultura
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Chapitre 19

Chapitre 19

Timéo, 3 octobre

Le lever et le coucher de soleil sont des moments magiques que les enfants du royaume ne manqueraient sous aucun prétexte. Ce soir, réunis en salle de spectacle, nous assistons au vol d’oies sauvages qui se dirigent vers l’Afrique pour y passer quelques mois en attendant le retour du printemps. Il y a quelques jours encore, les hirondelles se rassemblaient sur les fils électriques. Aujourd’hui, il n’y en a plus une seule en France. Titouan en profite pour me donner des explications.

  • Tu sais Timéo, que d’autres espèces, comme le milan noir et la cigogne blanche migrent bien plus tôt encore dans la saison ?
  • Non, je n’y ai pas prêté attention.
  • Les plus précoces partent durant le mois d’août, tandis que les plus tardives, comme les grues cendrées et les pinsons du nord clôtureront cette période de migration fin octobre.

Il est incroyable Titouan, une vraie encyclopédie volante. Il peut citer et reconnaître des centaines d’espèces d’oiseaux et son endroit préféré pour les observer est la baie de Somme, au sein du célèbre parc ornithologique du Marquenterre. Il a dit qu’un jour il m’y emmènera.

Ce soir, les enfants du royaume ont emporté de la poudre rouge avec eux. En Belgique, quand le ciel est de cette couleur on raconte aux enfants que c’est Saint-Nicolas qui fait des crêpes. Il y a aussi un dicton qui dit : « Ciel rouge le soir : espoir. Ciel rouge le matin : chagrin. » ce qui signifie que lorsque le ciel est rouge le soir, il fera beau le lendemain et si c’est le matin qu’il a cette couleur, c’est qu’il va bientôt pleuvoir. En réalité, ce sont les enfants du royaume qui sont les maîtres du ciel. Ce sont eux qui décident des couleurs, de la technique employée et même des mouvements de danse pour le colorer au gré de leurs envies. Ce qui explique les milliers de combinaisons possibles et le fait que le ciel change tout le temps d’apparence.

Réunis en salle de spectacle, tous les bébés du royaume les images retransmises par la caméra embarquée de Justin. Même si ses ailes sont réparées, il préfère se déplacer sur le dos de Jibus, le ptéranodoncraft auquel Dimitri redonne vie régulièrement grâce à la poudre d’étoiles. Dimitri et Sophie sont juste à côté de lui dans le sas d’envol. Le chef d’orchestre, celui qui supervise l’opération, c’est Kimi. Il est à la fois excité et un peu nerveux car c’est la première fois que les enfants vont exécuter la nouvelle chorégraphie qu’ils répètent depuis plusieurs semaines. J’observe cet adolescent qui s’épanouit de jour en jour. Comme Dimitri, c’est un écorché vif qui a été persécuté par ses pairs après avoir confié à une amie qu’il se sentait attiré par les garçons. Elle n’a pas pu s’empêcher de le trahir en le racontant à un autre élève du lycée, puis la révélation s’est rapidement propagée dans l’établissement scolaire et sur les réseaux sociaux déclenchant des réactions homophobes violentes. Ne supportant plus les insultes et les coups, Kimi a escaladé l’échafaudage servant à la rénovation de la façade du gymnase de son lycée et s’est jeté dans le vide. Accepté par les hommes du poste de pilotage du royaume et récupéré par nos pompiers, il lui a fallu plusieurs semaines d’adaptation avant de reprendre goût à la vie. Il paraît que ses chorégraphies sont splendides. J’ai donc hâte de découvrir son travail. Une musique douce rythmée par des accords de violon arrive à nos oreilles. Instantanément, le silence se fait autour de moi et tous les regards autour de moi se portent sur l’écran de cinéma. Justin vérifie sa caméra. Je suis hyper-excité. L’envol des enfants est un spectacle à lui tout seul avec leurs battements d’ailes multicolores qui ravissent nos pupilles. Tous sont équipés d’un bâton creux, rempli de poudre rouge, au bout duquel pend un ruban de soie. Kimi est facilement reconnaissable avec ses ailes d’adolescent rouges et noires. Je sais que ce sont les couturières de Noah qui ont confectionné les rubans et qui les ont fixés aux tubes selon les instructions de leur styliste. Dimitri et Sophie sont les derniers à s’envoler. Ils nous adressent un petit coucou en s’approchant de la caméra, mais au lieu de faire un signe de la main, ils nous tirent la langue avant de se regarder droit dans les yeux et d’éclater de rire. Même s’ils ne peuvent nous voir, nous leur répondons par des grimaces tandis qu’ils s’éloignent en se tenant par la main. Les enfants savent exactement ce qu’ils ont à faire. Ils ouvrent le tube libérant ainsi la poudre qui glisse le long du ruban et le colore. Ensuite, au rythme de la musique, ils effectuent des cercles avec leur poignet ou des ondulations avec leur bras. Ils sont devenus des experts du maniement du ruban. Par contre, au niveau de la synchronisation avec la musique, ce n’est pas encore tout à fait au point. Ca n’a pas beaucoup d’importance pour nous. Ce qui compte après tout, c’est qu’ils s’éclatent, il me semble. Mais pour Kimi, ce n’est pas suffisant. Ils devront encore s’entrainer, leur dit-il. Justin balaie l’horizon avec sa caméra et nous assistons à un magnifique coucher de soleil sur un ciel rosé qui nous laisse pantois d’admiration. Les enfants ont l’air fiers du résultat. Mon esprit s’évade et une question vient s’imprimer au fond de mon cerveau. Je me demande bien d’où vient toute cette poudre colorée du royaume. Lucas, qui s’en sert pour fabriquer des rêves, connaît peut-être la réponse. Il faudra que je l’interroge.

**

Timéo, 4 octobre

Ce matin, il fait très froid. La plupart des écoliers portent un bonnet. Certains ont même des gants ou des moufles. Hier soir, Dimitri et plein d’autres enfants ont fabriqué un magnifique ciel rouge. Par conséquent, comme le prédisait le dicton, aujourd’hui, il fait beau mais frisquet (comme disent les Belges). Titouan et Tifanie m’accompagnent.

Mon frère Jérémy est plutôt enthousiaste à l’idée de retrouver Clara sur le même banc que lui. La soirée à observer les étoiles les a rapprochés et ce matin, il espère pouvoir présenter son exposé sur le système solaire, ce qui le met de bien bonne humeur. Il sifflote et chante dans la voiture, au grand désespoir de Célia qui préférerait un peu de calme pour débuter cette journée. Distraite par la dispute de ses enfants, Maman freine brutalement. Mistrigri, le chat de Clara vient de traverser la route et a failli se faire écraser. Je suis sous le choc ; Clara aussi. J’ai observé son visage se décomposer quand Mistigri lui a sauté des bras et qu’elle a vu la voiture arriver sur lui. Maman se gare, puis sort du véhicule. Ses jambes tremblent. Elle aussi est visiblement en état de choc. Elle s’excuse auprès de Clara et de sa maman.

  • Je suis désolée. J’étais distraite. Les enfants se disputaient dans la voiture et en plus, j’ai mal dormi. Les jumeaux ont été agités cette nuit et Frédéric a un peu de fièvre.
  • Vous vous rendez compte que ça aurait tout aussi bien pu être un enfant au lieu du chat ! Vous imaginez ce qui serait arrivé si vous n’aviez pas pu vous arrêter ? Tu vois Clara pourquoi je ne veux pas que tu fasses de vélo ! Tu vois comme c’est dangereux ? Un automobiliste distrait et c’est la catastrophe.
  • Je suis vraiment désolée, répète Maman.
  • Vous pouvez ! lui répond sèchement Florence.

Dans la voiture, Frédéric est en train de pleurer, mais Maman reste là, comme tétanisée. C’est Célia et Jérémy qui la sortent de sa léthargie.

  • On y va à pied. C’est plus très loin, lance Célia. On n’a même pas de route à traverser.

Maman fait oui de la tête. Aucun son ne sort de sa bouche. Elle remonte dans la voiture où les jumeaux pleurent tous les deux. La journée s’annonce difficile pour elle, on dirait. Elle reste immobile les mains posées sur le volant sans pouvoir démarrer. C’est ainsi que Florence la retrouve quelques minutes plus tard après avoir déposé sa fille à l’école. Mistigri dans ses bras, elle fait signe à Maman de baisser la vitre.

  • Je suis désolée. Je m’excuse. Je n’aurais pas dû m’emporter ainsi, mais j’ai eu tellement peur !

Maman ne répond rien. Les cris des bébés sont insupportables, mais elle ne semble pas les entendre. Titouan, Tifanie et moi nous bouchons les oreilles pour atténuer le son. Florence ouvre la porte arrière. Mistigri saute dans la voiture. Tandis qu’elle parle aux bébés d’une voix apaisante, elle cherche leur sucette. Elle sait qu’ils en ont chacun une. Elle les a vues quand elle a récupéré Clara hier : une rose pour Alice et une bleue pour Frédéric afin de les différencier. Les deux petits se calment aussitôt en tétant. Maman semble revenir doucement à la réalité.

  • Je peux monter ? lui demande Florence en ouvrant la portière passager. Je dois récupérer mon chat.
  •  

A peine assise, Mistigri la rejoint.

  • Je suis désolée. Je suis à cran en ce moment. Clara a un cancer incurable.
  • Je suis navrée. Je ne savais pas.
  • C’est normal. Je l’ai appris ce week-end et Clara n’est pas au courant. Je compte d’ailleurs sur votre discrétion pour qu’elle ne l’apprenne pas.

Tandis que Florence caresse son chat, les ronronnements résonnent dans l’habitacle. Mistigri n’a pas l’air traumatisé. S’est-il seulement rendu compte du drame qui a failli se produire ?

  • Oui, bien sûr. Je n’ai pas l’intention d’en parler, ni à Célia, ni à personne d’ailleurs.
  • Allez ! Je vous laisse. Vous avez certainement beaucoup à faire avec les jumeaux, surtout si le petit est malade.
  • Oui, en effet ! Bon courage dans cette douloureuse épreuve. Si vous voulez discuter, n’hésitez pas. Ma porte est grande ouverte et vous savez où j’habite maintenant.

Alors que Florence ouvre la portière, Frédéric se remet à pleurer.

  • Merci, répond-elle en redonnant la sucette à mon petit frère.
  • J’ai perdu un bébé, ajoute Maman. Il s’appelait Timéo. Il me manque terriblement. Je comprends votre souffrance.

Entendre cette révélation m’attriste. Titouan et Tifanie passent chacun un bras autour de mes épaules.

  • Viens Timéo, allons voir ce qui se passe à l’école.

Dans la cour de récréation, Valentine a trébuché en jouant au foot. Sa vue lui joue de plus en plus de tours. Alors que la maîtresse nettoie ses égratignures aux genoux et aux mains et met un mot dans le cahier de liaison pour ses parents, sa collègue de maternelle qui supervise tous les élèves en son absence doit gérer une bagarre entre Jérémy et un autre garçon. Déjà un lion rouge du comportement pour les deux garçons pour débuter cette journée.

A peine rentrés en classe, les enfants sont invités à présenter leur exposé. C’est Jérémy qui inaugure cette activité. Je suis épaté par son aisance à s’exprimer et sa maîtrise du sujet. Ce garçon d’habitude si renfermé et si ronchon est aujourd’hui enthousiaste et ça fait plaisir à voir. Tandis qu’il aux questions de ses camarades de classe, la maîtresse note dans une colonne ses points faibles et dans l’autre, ses atouts. Nul doute qu’elle a les clés avec cet exercice oral pour déceler le potentiel de chaque enfant.

  • Bravo Jérémy. Je suis très fière de toi. Merci de nous avoir mis des étoiles dans les yeux avec ce sujet très intéressant.

Un sourire éclaire le visage de mon frangin.

  • Si tu restes calme et attentif pendant les exposés des autres élèves, tu pourras repasser en lion bleu à la fin de la journée.

Jérémy se rassied, l’air heureux. Je le trouve moins agité sur sa chaise que d’habitude, sans doute parce qu’il a eu l’occasion de bouger en présentant son travail. Clara lève la main.

  • Maîtresse, j’ai un cadeau pour Jérémy et c’est en rapport avec son exposé. Je peux lui donner ?
  • Oui, bien sûr Clara.

Mon frère déchire avec empressement l’emballage. En découvrant le ciel étoilé peint par Clara, il est fou de joie. Il lui fait un bisou sur la joue pour la remercier, puis il montre fièrement sa toile à ses copains de classe.

  • Là, c’est la ceinture d’Orion, explique-t-il en pointant un ensemble d’étoiles. J’ai appris à Clara à la reconnaître ce week-end et on a même vu une étoile filante.

Les élèves les envient :

  • Quelle chance !
  • C’est trop bien !
  • Les veinards !

La maîtresse reprend la parole en demandant le silence :

  • Eh bien, puisque tu es prête Clara, tu peux peut-être nous présenter ton exposé sur les rennes.

Quand elle explique que son papa qui est au ciel l’appelait « son petit renne », elle émeut particulièrement la maîtresse. Et lorsqu’elle se met à parler de Laponie et du Père Noël, elle fait rêver tous ses amis et surtout Jérémy, qui est captivé par le sujet. Il boit littéralement les paroles de sa nouvelle copine et les yeux pétillants, il intervient :

  • Moi, j’irai sûrement voir le Père Noël dans son pays pendant les vacances. Hein Célia ?

Notre sœur confirme. Ils font des envieux autour d’eux.

  • Moi, ça n’arrivera jamais, répond tristement Clara. Ce voyage coûte très cher et ma maman n’en a pas les moyens, c’est certain.

J’ai mal au cœur en l’entendant dire cela. D’autant plus que je viens d’apprendre il y a moins d’une heure qu’elle va bientôt quitter la Terre à cause de sa maladie incurable. Je me demande bien quel sera son rôle au royaume de Séraphin et si elle a un pouvoir spécial. J’imagine que oui, sinon Séraphin ne l’arracherait pas à sa famille sans raison.

Pendant les exposés suivants, Jérémy s’agite de nouveau. Pas sûr dans ces conditions qu’il repasse en bleu. La maitresse lui tend une feuille et lui demande de dessiner des planètes et des étoiles. Le voilà ravi et le stratagème fonctionne puisque pendant qu’il dessine, il écoute les exposés sans déranger la classe. Finalement, je suis confiant sur la couleur du lion du comportement aujourd’hui.

  • Bon, j’ai des bébés à faire naître, dis-je à Titouan et Tifanie. Nous n’allons quand même pas passer la journée ici.

Comme nous avons bien besoin de nous dégourdir les ailes, nous effectuons quelques pirouettes dans les airs au-dessus d’un parc municipal. Le temps froid et sec a poussé quelques joggeurs à s’adonner à leur sport favori. Titouan est taquin. Il s’amuse à me tirer par le pied. Pour tenter de lui échapper, je vole à reculons, mais au moment où je me retourne, je rentre en collision avec une maman enceinte d’environ six mois, qui est en train de se promener. Malencontreusement, mes mains ont touché son ventre. Je suis fâché contre Titouan :

  • Tu te rends compte de ce que tu m’as fait faire ? C’était bien trop tôt pour déclencher la naissance de ce bébé !
  • Je suis désolé, Timéo.
  • Tu peux, Titouan ! Si ce bébé survit, ce sera au terme d’un long combat. J’ose espérer que ça sera le cas.
  • Je suis désolé, j’ai pas fait exprès ! répète Titouan.

Décidément, quel début de journée ! Entre Maman qui a failli écraser un chat, Valentine qui s’est blessée, Jérémy qui s’est battu, Clara qui m’a attristé et moi qui ai déclenché un accouchement prématuré, j’ai bien envie que cette journée se termine tout de suite. J’aimerais bien passer directement à demain.

Quand je me suis réveillé ce matin, j’étais bien décidé à me renseigner sur l’origine de la poudre colorée. Je voulais savoir où on la trouve et comment on la fabrique, mais maintenant, je me dis que c’est peut-être plus prudent d’attendre un autre jour. J’ai eu assez d’émotion pour aujourd’hui.

            Pourtant, quand je croise Lucas, je ne peux m’empêcher de lui poser la question. Il m’apprend qu’une expédition est prévue dans quelques jours et que je pourrai accompagner les adolescents si je le souhaite. Evidemment que je serai de la partie ! J’ai bien envie de percer le secret des couleurs.

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