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Chapitre 20 Le malaise de  Pierre

Chapitre 20 Le malaise de  Pierre

Pubblicato 31 gen 2022 Aggiornato 12 feb 2022 Cultura
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Chapitre 20 Le malaise de  Pierre

Depuis l'intrusion de Pierre, Matthieu ne décroche pas un mot à sa famille. Heureusement que la musique comblait le vide. Pierre est un peu mal à l'aise d'être à l'origine. Valérie entrecroise ses doigts. Matthieu ne regarde personne à part son assiette. Les autres plats sont posés sur la table.
— Pierre, tu veux peut-être toi aussi une crêpe.
— Je me laisserai bien tenter.
La serveuse entendit. Matthieu soupire.
— Ne m'attendez pas pour manger par contre, c'est meilleur chaud !
Matthieu se jette dessus ; attrape son couteau et sa fourchette ; la découpe en petits morceaux. Il n’espère pas l'approbation de l'un de ses parents. Stéphanie saisit l'occasion pour l'imiter, elle a hâte de retrouver ses amis. Didier et Valérie finissent par se joindre à eux, lorsque la crêpe de Pierre est enfin sur la table.
— Alors, elle est bonne Matthieu ?
— Il ne faut pas se plaindre !
Ils restent de nouveau silencieux, occupés à mastiquer. Une fois l'assiette vide de Matthieu réclame de rentrer chez lui. Stéphanie proteste. Valérie se manifeste.
— Matthieu, tu n'es pas le nombril du monde. Ta sœur a ses amies ici. Nous avons le droit d'en profiter. Une sortie en famille, c'est agréable, non ?
— Tu crois peut-être que j'ai accepté avec joie de venir ?
—Vu la tête que tu tires depuis que tu es ici, j'ai du mal à discerner un enthousiasme.
— Tu n'as pas tort. Je te rappelle que l'on m'a imposé.
Matthieu est déjà debout. Les mains posées sur la table, le visage tendu, ses sourcils se froncent.
— Tu es avec ton père biologique. Il va devoir que tu l'acceptes.
Pierre temporise.
— Valérie, ce n'est pas grave. Il ne faut pas brusquer. La nouvelle est toute fraîche. Laissons le temps accomplir son travail. Il se révolte contre toi, tu ne dois pas lui en vouloir. Il ne connaît pas notre histoire.
Matthieu mate Pierre avec insistance. Il le dévisageait ses traits plissés. Possédait-il des points communs physiques ? Il ne pouvait pas juger sur ses cheveux grisonnants. Cependant, ses yeux saillants, un timbre de voix tonitruante, le nez busqué et une taille charpentée, c'était l'apparition de sa propre image.
— Il m'a viré de sa vie.
— Bien, parfait. Ce sera ma dernière intervention pour renouer avec toi Matthieu. J'ai échoué, je démissionne. Je suis revenue à cause de Pierre…
Valérie se lève de son banc.
— Je suis dégoûté !
Matthieu ricane. Didier a des yeux de furibonds. Stéphanie se sent dans ses petits souliers. Pierre a une mine déconfite.
— Je suis confus de ce désordre et bouleversement pour Matthieu. Je voulais qu'il sache. Je ne serais pas éternel. C'est une main que je te tendais mon fils.
Didier intervint :
— Ce n'est pas à vous de le faire sans autorisation de Valérie, c'était ensemble et en accord.
— Ah oui ? Cela aurait été quand  pour lui dire? J'ai le cœur malade, je ne vais pas tenir longtemps ! Je ne voulais pas mourir sans qu'il ne le sache ! C'est mon droit et c'est justifié. J'ai cru qu'elle ne reviendrait jamais. Valérie est fragile.
— J'en ai assez qu'on se focalise sur moi ! Punaise, je ne suis pas responsable de tout !
Matthieu pousse son assiette et s'en va. Les deux hommes restent ensemble.
— Je vais rentrer chez moi, ce sera mieux pour tout le monde.
C'était un échec.
Pierre montre des signes de fatigue. Didier le voit vaciller et se tenir la main sur sa poitrine. Il respire différemment et il s'essouffle.
— Je vais vous raccompagner avec Valérie, je dois la trouver.
Pierre se cramponne à la table. Didier l'aide à se relever. Il l’empoigne par le bras. La foule  l'étourdit et oppresse la respiration. Valérie erre. Stéphanie est prise par ses amies et Matthieu est déjà parti.
— Valérie, je dois le ramener.
— Je t'accompagne.
— Et les enfants ?
— Je ne me préoccupe pas d'eux, ma priorité, c'est Pierre. Matthieu s'est envolé ou quoi ? Je ne le vois plus.
Valérie n'avait jamais vu Pierre dans cet état et cherche désespéremment Matthieu.
— Dépêchons-nous. Il faut qu'il soit dans un endroit calme.
— Je suis désolée, Pierre, je n'aurais peut-être pas dû t'inviter ici.
Valérie est en plein désarroi, elle a peur de le perdre. La voiture de Pierre n'est plus qu'à quelques mètres.
Pierre fait signe de s'arrêter pour s'asseoir sur le muret. Valérie lui tient la main.
— Tu es épuisé, c'est la chaleur. Je suis vraiment à côté de la plaque pour t'inciter...
Pierre tente de parler. Mais la douleur comprime la poitrine. Valérie lui humecte le visage avec un mouchoir en papier imbibé d'eau de sa bouteille. Ce moment d'intimité entre eux est apaisant pour Pierre, mais gênant pour Didier.
— Je ne voudrais pas vous presser, mais le frais serait plus bénéfique pour vous.
Pierre était si bien auprès de Valérie. Il la revoyait adolescente.
Le lien familial.
L'amour entre eux était un péché mortel.
Impossible.
Inacceptable.
Son bras se paralysait. Mourir dans ses bras serait la mort la plus douce. Son visage se déformait par la douleur. Les rythmes cardiaques devenaient plus faibles. Il prenait conscience qu'il la perdait. Son esprit n'était plus présent, les sons des voix s'éloignaient. Valérie panique de le voir s'en aller petit à petit. Elle ne pouvait plus rien pour lui. Son corps bascule sur le côté. Valérie et Didier le rattrapent, Pierre tombe dans les bras de Valérie. Il ne répond plus à ses appels. Elle suffoque dans les larmes. Didier le dégage et le pose sur le sol terreux. Didier est sous le choc.
— On ne va pas laisser comme ça !
— Valérie, je le sais. Il faut le constat d'un médecin.
Valérie est sous le choc et elle a mal. Elle fixe Pierre et elle ressent toujours l'amour pour lui. Sa voix se brise. 
— On ne va pas l'exposer ainsi à la vue de tout le monde.
Didier est brutal en répliquant :
— Valérie, si tu es capable de soulever 80 kilos...
Valérie culpabilise :
— On aurait dû appeler les secours !
— Tu crois vraiment que c'est le moment.
— Tu n'es pas obligé de me parler durement. Je ne suis pas bien.
Didier se rapproche d'elle. Il l'élance en l'entourant autour de sa taille. Elle enfonce ses ongles dans la peau de son homme. Elle ne veut pas le lâcher. La vue de Pierre la peine.
Didier est toujours aussi maladroit, mais il est déstabilisé par la situation :
— Il m'a parlé tout à l'heure de ses soucis de santé. Tu as raison, j'aurais dû réagir autrement. Je voulais le ramener chez lui. Je ne pensais pas qu'il mourrait si vite.
— Il t'a confié ça. Pourquoi ce n'est pas à moi...?
Didier met ses mains autour de la tête de Valérie :
— C'est le fruit du hasard. Je me suis retrouvé seul avec lui.
— Il est mort sans pouvoir se ...
Didier ignore comment rectifier le tir avec sa femme.
— Arrête, tu te fais du mal.
— Ce voyage en Australie, c'était une bêtise.
— STOP !
— Mais enfin Didier, avoue que tu es d'accord. Je suis partie pensant qu'avec Matthieu, cela irait mieux, mais c'est pire. Et ce sera davantage...
— NON ! Nous sommes un couple et nous gérons ensemble Matthieu. Et c'est pour Pierre.
— Déjà qu'il apprit la vérité sur sa naissance et là, son père est mort.
— Je suis là, j'étais son père pour lui jusqu'ici et ça ne changera pas. Va rejoindre Stéphanie, je te rejoindrai plus tard.
— Je n'ai pas la tête...
— Je sais. Notre fille va s'inquiéter si elle nous voit plus.
— Oui, c'est la vieillesse qui l'a tuée. Je ne suis pour rien.
— Bien sûr, allez , va !
Didier l'incite à rejoindre sa fille. Des personnes passent à côté d'eux et ne se soucient pas pour Pierre. Valérie s'apitoie et envahit de remords. Elle vivait mal la mort soudaine de Pierre. Elle s'effondre dans un coin du préau encore sous l'émotion. Elle se sentait perfide avec son mari, Matthieu et sa Stéphanie. Pierre emportait avec lui le secret. Sa mort risquait de révéler en plein jour. Cette épreuve allait être décisive quant à son avenir dans sa famille.
 
 
 
 
 
 
 
 
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