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Chapitre 30 Valérie est chez ses parents.

Chapitre 30 Valérie est chez ses parents.

Pubblicato 21 feb 2022 Aggiornato 10 mar 2022 Cultura
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Chapitre 30 Valérie est chez ses parents.

En récapitulant son parcours avec sa famille et son ressenti, elle se comparait à un boulet. Aucun excès. Une intolérance de sa mère ne la cloisonne pas d'elle. Rose évinçait sa fille de sa maison sans compensation financière. Il fallut qu'elle se débrouille et ne compte que sur elle.
Dure période.
Cette situation analogue se répétait avec Didier. Auprès de Didier, elle s'était ragaillardie. Fini l'apitoiement sur son sort. Elle avait fermé sa blessure béante à l'intérieur d'elle.
Des enfants creusent avec leurs pelles et font un tas. Avec l'aide de leurs mains, ils aplatissent le sable et donnent une forme. Ce n'était pas très droit.
Elle aurait sûrement cette référence avec Rose à énumérer toutes ses fautes. Une envie de tout annuler. Plus rien ne la stimule. L'entendre radoter sur des faits anciens la dégoûtait.
Fière d'avoir fondé sa propre famille, elle ne souhaitait pas de voir tout s'écrouler d'un seul coup.
Il fallait que Didier lui pardonne. Si son clan acceptait sa venue chez eux, c'était une prépondérance d'un effort par rapport à ce qu'elle avait vécu autrefois.
Du moins, elle espérait qu'il tolère cette tâche sur leur tableau idyllique. Elle n'était pas parfaite.
Une seule pièce maîtresse déséquilibrait leur mariage.
Non, elle ne renonçait pas à se battre, pour elle, pour ses enfants.
Or, elle s'éparpillait dans sa tête. La colère lui remontait. Une envie de tirer avec une carabine sur sa mère. Elle devenait sanguine. C'était violent. Alors qu'en réalité, c'était elle qu'elle voulait tuer. Ce monstre en elle la pourrissait.
Vêtue d'une veste, elle avait en dessous un débardeur unicolore démodé à manches courtes. Le vent la pousse.
Elle pleure. Elle se sent au fond d'un tunnel.
Marionnette, elle perd son énergie et elle voit un attroupement de gamins. Ils portent un calicot inscrit dessus : centre de loisirs « les mouettes». Ils se sont rassemblés avec leurs ballons pour jouer au volley-ball. La marée est basse. Elle se lève et quitte la plage. Elle tente de se calmer pour devenir pacifique. Son sens olfactif en éveil par l'odeur de gaufres chaudes l'incite à s'en achète une et la mange avec appétit. Elle appréciait de se payer lorsqu'elle était plus jeune. Des retraités jouent à la pétanque.
Bien assise sur le banc, sa colère n'attise pas à cause de ses parents. Pourquoi avait-elle dévoilé que Pierre était le cousin de sa mère ? Quelle idée de lui dire ? C'était stupide de sa part. Cela gâchait sa relation avec Didier. Elle s'éternisait sur Quiberon et elle ne se résolvait pas à partir. L'air n'était pas chaud.
Rien ne la retient pour revenir chez elle. La synthèse était simple : récupérer Didier à tout prix. Le ciel s'ennuage de cumulus gris.
Elle se décide de partir vers Vannes. Elle se dirige vers le port. Une fois sa voiture garée sur le parking, elle marche sur l'esplanade. Il n'y a pas de trimaran. Elle se souvenait de ces écluses au pont de kérino, elle était allée avec des amies. Didier avait permis à Valérie de se réconcilier avec Rose, pourquoi hésite-t-elle encore ?
— Je n'ai pas le choix, je dois venir chez eux ! Didier ne comprendra pas si je ne le fais pas. C'est pour papa aussi.
En reprenant sa voiture, elle n'est pas loin de rentrer en collision par un manque de civisme. Elle se grise de musique pour se détendre. Une forte appréhension. C'était pour Didier qu' elle s'était durcie pendant ces années sans les voir. Cependant, la petite fille souvenait le berceau de sa naissance. Là où son existence a commencé. Elle a appris les rudiments de la vie avec eux. Elle cherchera à joindre Didier après sa visite. Elle s'oriente en direction d'Arradon, vers la maison familiale. Elle prend un raccourci pour sortir de cette circulation dense.
Lorsqu'elle pousse la grille, les vieux sentiments se raniment. Elle exécrait cette mère qui se comportait comme un sergent. Pour rien au monde, cela ne changera pas. Elle n'oubliait pas son côté irascible. Elle avait la crainte de découvrir son père alité. Jean précède Rose en marchant vers elle.
— Bonjour, papa, comme je suis contente de te voir !
— Et moi donc ! Je pensais voir ton mari et tes enfants !
— Je sais, mais c'est bientôt la rentrée, je ne voulais pas perturber.
Rose se dresse droite comme un piquet, reste taciturne et ronchonne. Jean embrasse Valérie et la serre dans les bras. Auparavant, il était si vigoureux, c'était à présent un homme malade, heureux de revoir sa fille.
— Ce sera mieux d'être en petit comité.
—Oui, je voulais une rencontre intime.
Rose sort de son silence et fait irruption dans la conversation.
— Il faut dire que vu le contexte, tu as de la chance d'avoir un père arrangeant.
Pas un bonjour.
Elle ne la salue pas.
Toujours aussi peu agréable, avec Valérie.
Pas un sourire.
Sa stature n'a pas changé et elle est bien dodue.
Elle ne fait pas dans la dentelle.
— Bonjour, maman, je suis heureuse de te retrouver. Tu restes fidèle à toi-même. Au moins, tu fais un effort, tu ne fermes pas la porte au nez.
Une aide ménagère aère la cuisine. Les vapeurs de cuissons se collent au mur. Elle passe son plumeau sur les meubles.
—Maman, je ne suis pas venue en ennemie.
Jean prend le bras de Valérie.
— Allons, je suis sûr que tu as des choses à raconter. C'est dommage que ton mari ne soit pas là, il est bien sympathique.
— Je sais, mais bon, j'ai dévoilé quelque chose sans le vouloir vraiment. J'ai cru que vous l'aviez dit lorsque vous l'avez vu.
— De quoi parles-tu ?
Valérie n'a pas envie d'en discourir.
Valérie préfère agir avec prudence et éviter de se chamailler avec ses parents.
— Papa, s'il te plaît, ne conversons pas sur un sujet qui fâche.
Rose a un sourire moqueur.
— La politique de l'autruche a toujours été ton dada !
— Rose, arrête !
— Jean, je dis ce que je veux !
Jean détecte que son épouse désire encore provoquer. Il met un terme aux propos de sa femme. Il convie Valérie à partager le repas avec eux.
— Tu vas manger avec nous, on t'a mitonné ton plat préféré !
Rose tourne le dos et s'adresse à son employé :
— Merci, Amélie, à demain !
Valérie est silencieuse, la résonance de l'horloge retentit.
—un bon dessert caramélisé, ça te plaisait à l'époque.
—Oui, cela n'a pas changé.
Rose ne reste pas inactive, elle pose les couverts sur la table.
— Ton mari est bien sympathique. Dommage que tu ne lui aies pas dit pour ton travail au cabaret.
Valérie a une petite larme qui coule. Rose continue.
— Lorsque je l'ai vu sur le coup, je demandais qui était cet énergumène qui se pointait chez nous. Contrairement à toi, il ne s'est pas dégonflé pour venir nous voir. Je notifierais même culotté.
— C'est dingue, tu raffoles à ce point pour créer une dispute avec moi ? C'est ton côté pervers.
Jean apporte le faitout à bon escient. Un plateau de rondelles de saucisson est déjà sur la table.
— On va passer aux choses essentielles.
— Tu as raison, papa.
— Ma chère fille, c'est absurde de parler du passé.
Une fois à table, Valérie a du mal à aligner trois mots. La réalité, c'était qu'elle n'était pas dans une famille de grande aisance avec l'attitude de sa mère à snober tout le monde. Les années de séparation laissent un vide dans la conversation. Sa résolution à se taire à chaque attaque verbale de Rose coûte à Valérie. Elle se sent dans un étau. Cette cassure entre elles était bien définitive. Acariâtre et braillarde, Rose prend plaisir à lui rappeler ses erreurs. Un vrai moulin à paroles. Jean a beau la reprendre, mais rien ne changeait. Cette filiation bâtarde qu'elle reprochait encore. Valérie se croit à un tribunal et condamnée à une sentence. Une fois le venin craché, Rose se calme. Trop tard, le mal est fait depuis très longtemps.
Pourrie à l'intérieur, par le mensonge, la cachotterie, la faute. Tout était scellé en elle. Damnée, selon sa mère, Rose ne valorisait jamais sa fille. Le repas se termine par des fruits acidulés. Valérie a un coup de pompe, elle demande l'autorisation de se retirer dans son ancienne chambre. Le voyage fatiguant a laissé des traces.
De sa chambre, elle voit le cabanon en bois verdi par le temps. Dans un grand carton, de vieilles lettres s'amoncellent. Avant de les relire, elle s'accorde une sieste sur son lit.
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