Chapitre 17

Timéo, samedi 2 octobre

Pour son anniversaire, Célia a invité toute sa classe. A part trois absents, tous les autres sont au rendez-vous. Pour des raisons pratiques évidentes, mes parents ont choisi de le fêter dans leur restaurant, plus adapté à ce genre de fête que leur maison. Ce n’est pas la première fois que je m’y rends, mais je prends le temps d’en observer tous les détails. Quand on rentre, on se retrouve face à un comptoir qui sert de la petite restauration à emporter. Les plats à emporter sont écrits à même le mur. Sur la gauche, en prolongement de ce comptoir se trouvent un congélateur à glace et une vitrine réfrigérée remplie de desserts maison. J’ai cru comprendre que les mousses au chocolat et les tiramisus ravissent particulièrement les papilles de nombreux gourmands, petits et grands. A l’angle, un bar avec des sièges hauts où j’imagine que les premiers clients du matin prennent leur café. Du côté gauche de ce comptoir se trouve la salle de restaurant. Des nappes recouvrent les tables qui sont déjà dressées pour le service du soir. A cette heure de la journée, cette salle n’est pas ouverte au public. Il faut prendre un couloir situé à droite du comptoir pour accéder à la salle réservée aux familles qui veulent profiter d’une sortie au restaurant avec leurs enfants. Un module de jeux géant pouvant accueillir une vingtaine d’enfants remplit un quart de cette pièce. Le mercredi et le samedi après-midi, elle est réservée aux goûters d’anniversaire. Une grande table est prête à accueillir la joyeuse classe de Limes. Gobelets multicolores, sets de table à colorier, bonbons et ballons égaient ce coin décoré pour l’anniversaire de Célia. Je me doute que les rires vont animer cet après-midi festif. Les premiers cris stridents se font déjà entendre alors que les enfants dévalent le toboggan. Heureusement, une animatrice habituée à l’exercice rappelle tous les bambins afin de leur expliquer les règles : on ne mange pas dans le jeu, on ne remonte pas le toboggan à l’envers, on ne bouscule pas ses camarades et surtout, on ne crie pas. Elle insiste sur ce dernier mot :

• On a le droit de parler, de rire, de sauter mais on ne CRIE pas ! Le premier qui désobéit sera exclu du jeu. Compris ?

Les enfants hochent tous de la tête en signe d’acquiescement avant de repartir joyeusement dans le module de jeux. Je me dis que la reprise des anniversaires d’enfants, sans obligation pour eux de porter le masque est une petite parenthèse de bonheur au milieu de la pandémie et une belle bulle d’oxygène pour mes parents qui ont pu rouvrir le restaurant au mois de juin après environ une année de fermeture.

Juliette, l’animatrice de l’anniversaire a prévu pas mal de petits jeux pour occuper les enfants. Après les avoir laissés se défouler dans le module, elle leur propose de faire deux équipes. Célia et Clara sont désignées comme capitaines d’équipe. Cette fois-ci, Valentine est choisie en premier. Depuis qu’elle a montré ses talents à la course, les enfants se battent pour l’avoir avec eux. Elle intègre donc l’équipe de Célia qui a l’honneur de choisir en premier puisque c’est son anniversaire aujourd’hui.

Juliette leur propose une course relais chronométrée à travers le jeu. Afin d’éviter les bousculades, les deux équipes jouent à tour de rôle. C’est l’équipe de Valentine et Célia qui gagne ce premier round. Ensuite, pour corser les épreuves, Juliette donne une petite cuiller à chacun des participants et pose un œuf en plastique sur celle de Valentine qui est la première à s’élancer pour ce deuxième challenge. Le but est de tenir la cuillère en bouche sans faire tomber l’œuf. Le seul moment où les enfants peuvent s’aider de leurs mains, c’est quand ils glissent dans le toboggan. Autant la première épreuve a été facile pour Valentine, autant celle-ci se révèle particulièrement périlleuse. Elle fait rapidement tomber l’œuf et, en raison de ses problèmes de vue, éprouve de grosses difficultés à le récupérer pour continuer son parcours. Autour d’elle, les cris de ses coéquipiers fusent :

• Vite, Valentine !
• Dépêche-toi !
• On perd du temps !
• Là, devant toi !
• Un peu plus à droite !

Stressée par les cris, le chronomètre et l’angoisse de ne pas retrouver l’œuf, Valentine perd ses moyens et se met à pleurer.

• Ce n’est pas grave, Valentine ! crie Maman pour couvrir le brouhaha. Puis s’adressant à Célia qui attendait le relais : « Va l’aider ! »

Pendant ce temps, le chronomètre continue à faire défiler les secondes sans se laisser perturber par la détresse de la petite fille qui sort du jeu en larmes. En lui servant un verre de limonade, Maman l’invite à aller s’asseoir.

• Tu sais Valentine, lui dit Célia. Ça ne fait rien si notre équipe perd. On avait gagné la première manche de toute façon. Comme ça, on sera à égalité. C’est bien aussi. En plus, tout le monde sera content. C’est chouette pour mon anniversaire.

L’arrivée du gâteau d’anniversaire et de la traditionnelle chanson entonnée par tous les enfants met fin au drame. A peine les bougies soufflées et le gâteau avalé, vient le moment de déballer les cadeaux. L’excitation gagne tous les enfants qui attendent avec impatience l’ouverture de leur propre cadeau pour voir la réaction de Célia. C’est celui de Clara, de toute évidence, qui lui plaît le plus : un set complet pour peindre, comprenant des gouaches, des pinceaux de différentes tailles, des modèles, une toile et un chevalet. Tandis que Célia remercie tous ses copains de classe, l’un après l’autre, je m’éclipse pour rejoindre Titouan et Tifanie au royaume.

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