Or, encens et poussière
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Or, encens et poussière
Or, encens et poussière, Valerio Varesi, Agullo, 2020 (traduit par Florence Rigollet)
Parme, une nuit, dans un brouillard si dense que la vision ne dépasse pas deux mètres. Un carambolage sur l'autoroute, des animaux en vadrouille : vaches, cochons, taureaux. Des pneus qui brûlent ajoutant l’opacité de la fumée au brouillard et l'odeur. Des gitans aperçus en train de piller des véhicules d'après des témoins. Une musique de fête foraine au loin, qui parvient à percer le brouillard. Et le commissaire Soneri, dépêché sur place, car il est celui qui connaît le mieux l'endroit, qui se retrouve nez à mufle avec un taureau en sortant de sa voiture. "Tout lui semblait factice, à l'image de la fête foraine dont la musique se diffusait à l'arrière-plan. Et lui, défiant son Minotaure, noyé dans un brouillard aux improbables couleurs de foire." (p. 17) Et dans cette nuit, la découverte d'un corps carbonisé.
Le roman débute par la description de cette nuit incroyable. La scène est forte et l'on y est presque à sentir odeurs et gouttelettes du brouillard. Il est bien difficile d'en sortir pour les flics comme pour nous. Ensuite, Le commissaire Soneri enquête sur ce cadavre ainsi que sur la mort d'un vieil homme dans un car de tourisme en provenance de Roumanie. Il lie ces deux histoires sans que rien ni personne ne puisse permettre de le faire. Mais il fonctionne comme cela Soneri, à l'instinct, au ressenti. Il n'enquête que peu, se contente de recueillir les témoignages de témoins ou de personnes assez éloignées de l'histoire mais qui lui permettent de prendre du recul pour mieux recoller toutes les pièces plus tard. Il collecte aussi les informations plus prosaïques de ses collègues : identités des victimes, empreintes, comptes bancaires... tout ce que fait un flic pour connaître les victimes et leur entourage.
Puis, même s'il est à fond dans cette histoire, peut-être même trop impliqué, comme à chaque fois, Soneri doit faire face à une situation personnelle peu confortable : Angela, sa compagne s'éloigne de lui et se rapproche d'un autre homme, plus jeune, plus séduisant.
Je n'ai pas tout aimé dans ce roman que je trouve parfois répétitif et long, mais Soneri détonne dans le milieu du polar et ça c'est drôlement bien. Valerio Varesi prend son temps et outre la première scène mémorable narrée ci-dessus, il y en a pas mal d'autres qui marquent. Ses personnages sont denses, même les seconds rôles qui jouent parfaitement leur partition à savoir mettre le héros sur la bonne voie et lui permettre de réfléchir et d'avancer sur sa vie personnelle. Le marquis, Sbarazza, qui, ruiné, mange les restes des femmes dans les restaurants est l'un de ceux-là.
J'ai déjà lu et moyennement aimé Le fleuve des brumes du même auteur avec le même commissaire. Or, encens et poussière me fait comprendre que j'ai sans doute raté un truc dans le précédent et pourquoi certains lecteurs sont fans du commissaire Soneri et de ses aventures.