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La légende des alignements de Carnac

La légende des alignements de Carnac

Pubblicato 1 gen 2025 Aggiornato 1 gen 2025 Cultura
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La légende des alignements de Carnac

La légende des alignements de Carnac, par Juliette Norel

Elle n’aime plus Noël.

Enfin, ce n’est pas vraiment qu’elle n’aime plus Noël ; seulement, elle ne veut plus se plier aux convenances imposées par un hypocrite calendrier. Désormais, elle esquive avec le sourire les réunions de famille pour se plonger dans le travail, tête baissée. Elle en aimait les lumières, les odeurs, les saveurs et cet éclat particulier qui semblait illuminer le monde autour.

Enfin ça, c’était avant.

Avant de découvrir l'ouvrage caché dans la cheminée, devenu, depuis, son livre de chevet. Elle avait exploré certaines pages, au sens propre comme au sens figuré, se lançant seule, ou en tandem avec Gabriel. Mais il était reparti à l’autre bout du globe et elle allait seule sur le terrain, se racontant chaque jour à travers son clavier.

Elle n’avait pas vraiment prévu de partir un soir de Réveillon, elle savait d’avance que l’aventure pourrait se compliquer. Nous sommes en France, Noël est toujours plus ou moins compliqué. Mais il y eut un appel téléphonique de trop et elle boucla son sac après y avoir fourré quelques affaires à l’arraché.

C’était ça, maintenant sa vie. Ça lui avait manqué, cette liberté. Même si cela voulait dire devoir essuyer sur sa veste l’éclat de pitié qu’elle croyait percevoir dans le regard des familles qui la croisaient sur le trajet jusqu’à la gare. Comme si c’était bizarre d’être seule, sur les quais, un 24 décembre au soir.

Le vent soufflait par bourrasques glacées ; la météo prévoyait une tempête, mais en Bretagne, on le prétend souvent, pourtant, la terre ici est enracinée. Direction Carnac pour découvrir ses alignements, et surtout pour tenter de lever le voile sur la légende qui prétend qu’une armée de pierres ressuscite le temps d’une nuit, celle de la Nativité. Et c’est précisément à cause de cette histoire-là qu’Eléonore avait décidé de braver la tempête annoncée pour se rendre au pied de ces mystérieux menhirs morbihannais afin d’attendre qu’ils s’animent, l’espace de quelques instants. Peut-être parce qu’elle avait envie de sentir de la chaleur dans des cœurs prétendument figés par le granit, ou peut-être parce qu’elle avait envie de casser du mythe aujourd’hui. Mais résolue, elle s’asseya dans le train et s’abîma dans les pages de son grimoire mystique pour lire encore l’histoire de St Cornely et de son armée.

L’ouvrage raconte qu’en des temps anciens, vivait là un saint homme nommé Cornely. Ami des bêtes et protecteur des troupeaux, il parcourait les collines ondulantes, vêtu de sa modeste robe de moine, un bâton à la main. Les brebis le suivaient comme un roi sans couronne, tant il savait murmurer à leur cœur sauvage.

Un jour, alors que le soleil baignait les pierres sacrées de Carnac d'une lumière dorée, une rumeur parvint aux oreilles du saint homme. Les soldats romains, durs et impitoyables, étaient en marche, décidés à capturer celui qui avait osé défier leur empire.

Cornely, sentant la menace approcher, leva les yeux vers les imposantes rangées de menhirs qui s'étiraient à perte de vue. Ces pierres anciennes, témoins silencieux de millénaires de secrets, lui inspiraient une force surnaturelle. Il leva son bâton et entama une prière fervente, implorant la protection divine.

Le ciel s'assombrit subitement, comme si les nuages eux-mêmes ployaient sous le poids de sa supplication. Un vent mystique se mit à souffler, soulevant les feuilles mortes en une danse chaotique. Et c'est alors que le miracle s'opéra. Les menhirs, jusque-là immobiles, commencèrent à vibrer, à se mouvoir lentement. Sous l'œil émerveillé de Cornely, les pierres prirent forme humaine, leurs contours granitiques se transformant en guerriers de pierre, hauts et imposants.

À minuit, lorsque la lune d'argent illumina la scène d'une lueur spectrale, les soldats de pierre se mirent en mouvement, leurs pas lourds résonnant comme un tonnerre serpentant sous la terre. Les Romains, effrayés par cette armée surnaturelle, prirent la fuite, abandonnant leur quête funeste sur le champ de bataille de leur honneur défunt.

Saint Cornely, sauvé par la puissance de la nature et le mystère des anciens, put ainsi continuer à veiller sur ses troupeaux et à répandre la paix dans les campagnes bretonnes. Les menhirs, redevenus pierres, continuèrent de veiller silencieusement sur les lieux, gardant en leur sein le secret de cette nuit magique où le monde des hommes et celui des esprits s'étaient alliés.

Mais la légende ne s'arrête pas là. On raconte que, lors des nuits sacrées, notamment celle de la Nativité, les soldats de pierre se réunissent pour des rituels anciens et magiques. Formant des cercles, ils entament des incantations mystérieuses, des chants résonnant comme des échos d'un autre temps. Ces cérémonies, dit-on, renforcent leurs pouvoirs et protègent les terres environnantes. Les quelques courageux qui ont osé s'approcher de ces pierres en ces nuits spéciales racontent avoir vu des lumières étranges et entendu des murmures incompréhensibles.

Eléonore voulait voir, voulait savoir, pour que ce Noël-là ait une nouvelle saveur. Celle du mystère que l’on éclaire, celle qui nous emmène ailleurs, dans un autre espace-temps, précisément.

Pourtant, c’était sans compter sur cette tempête qui avait décidé de s’inviter à la fête sans y avoir été invitée.

Le vent hurlait désormais comme un monstre en furie, secouant le train avec une force terrifiante. Les arbres, déracinés par la violence de la tempête, jonchaient les voies ferrées, bloquant le passage. Eléonore sentait chaque rafale s'engouffrer dans les interstices du wagon, faisant trembler les parois de métal comme des feuilles au vent.

Les lumières vacillaient, créant des ombres mouvantes et inquiétantes dans l'enceinte du train. Les passagers, déjà peu nombreux en cette nuit de Réveillon, échangeaient des regards inquiets, murmurant à voix basse des prières ou des mots de réconfort. Mais Eléonore restait immobile, fixant son grimoire, cherchant dans les mots de Saint Cornely une réponse ou peut-être un apaisement.

La tempête ne montrait aucun signe de répit. Les bourrasques glacées s'intensifiaient, accompagnées de coups de tonnerre qui semblaient ébranler la terre elle-même. Le train s'arrêta brusquement, la voix du conducteur grésilla dans les haut-parleurs :

"En raison de la tempête, nous devons interrompre notre voyage. Nous ne pouvons pas continuer sans risquer l’accident."


Eléonore poussa un soupir. C’était comme si la tempête avait décidé de la tester, de mettre à l’épreuve sa détermination. Elle se leva et regarda par la fenêtre embuée. La campagne bretonne, habituellement si paisible, semblait aujourd’hui un champ de bataille, une scène de chaos naturel. Elle savait qu’elle ne pouvait rien contre les éléments, mais elle sentit au fond d'elle une lueur de défi. Ce Noël, elle avait décidé d’affronter non seulement les légendes, mais aussi les tempêtes de sa vie. Elle referma son grimoire avec détermination, prête à attendre que la tempête passe, convaincue qu’au bout du chemin, une révélation l’attendait.

Les heures passèrent, interminables. Elle se tournait et retournait sur son siège, incapable de trouver le repos. Chaque coup de vent faisait écho à son impatience grandissante. Elle parcourait le wagon, comme une lionne en cage, ses pensées tourbillonnant avec la même intensité que la tempête à l'extérieur.

Enfin, vers 4 heures du matin, le train redémarra doucement, poussant lentement à travers les débris laissés par la tempête. L'arrivée sur le quai de la gare de Carnac fut marquée par un silence étrange, une sorte de calme après la fureur des éléments. Éléonore, épuisée mais résolue, descendit du train, son sac sur l'épaule.

La ville dormait encore, enveloppée dans le brouillard épais du matin. Elle marcha vers les alignements de menhirs, guidée par une force intérieure, un appel d'une irrésistible puissance, comme si elle reconnaissait le chemin.

Arrivée au pied des mystérieux mégalithes, elle se tenait là, seule, face aux pierres immobiles. Le calme après la tempête semblait irréel, surnaturel. Ici, rien n’avait bougé. Les menhirs, figés dans la pénombre, semblaient attendre, comme elle, le moment où le mystère se dévoilerait. Alors qu'elle s'approchait des pierres pour les étudier à la lumière de son téléphone, Eléonore remarqua quelque chose d'étrange. Le sol autour des menhirs était étrangement remué, la terre fraîchement déplacée. Elle s'accroupit, touchant du bout des doigts la terre meuble, sentant la fraîcheur et l'humidité contre sa peau. Des marques dans le sol, presque imperceptibles, semblaient indiquer que les immenses pierres avaient bougé.

Elle resta là, à observer les menhirs, ses sens en éveil. Un frisson la parcourut alors qu'elle imaginait ces géants de pierre se mouvant lentement sous la lune d'argent, accomplissant des rituels anciens. La preuve était là, sous ses yeux : la terre déplacée, les traces mystérieuses. Les menhirs avaient bel et bien bougé.

Il était trop tard pour assister à leur danse de minuit, mais Eléonore savait qu'elle reviendrait. Peut-être l'année prochaine, peut-être avec Gabriel à ses côtés, qui sait ? Pour l'instant, elle restait là, savourant l'étrangeté de la situation, certaine d'avoir effleuré un mystère ancien qui n’aspirait qu’à se dévoiler.

Le retour à la gare se fit en silence, le cœur étonnamment léger malgré l’échec apparent de la mission qu’elle s’était donnée et l'esprit empli de nouvelles questions. Le mystère des menhirs de Carnac ne faisait que commencer, mais elle saurait. C’était un serment.


Photographie : Johanneke Kroesbergen-Kamps sur Unsplash


La légende des alignements de Carnac, par Jean-Christophe Mojard

Au cœur du Morbihan se joue la vie d’un homme,

Puisque Saint-Cornély, protecteur du bétail,

Se trouve poursuivi par les soldats de Rome

Qui veulent lui ouvrir le corps jusqu’aux entrailles.


Il court à perdre haleine au milieu des bovins,

Mais se trouve acculé entre l’eau et la terre.

Il en appelle alors à ses pouvoirs divins :

Dans un grondement sourd les change tous en pierre.


Quand le temps passera sur la lande bretonne,

L’histoire en deviendra légende, et ce faisant, 

Les gens s’étonneront de ces alignements.


Mais les nuits de Noël, aux blancheurs monotones,

Réveilleront l’armée des hommes pétrifiés, 

Le temps de les laisser pour un an s’abreuver.

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Commento (12)

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Juliette Norel 1 giorno fa

merci pour ces jolis commentaires ⚘️

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J'y passé des centaines de fois... sans avoir la curiosité de la légende de Saint Cornely.

Bon, je suis évidemment ravi qu'il s'agit encore d'une histoire de protecteur et de bêtes... ;-)

Très très jolie variation !

Bon, allez, je m'en vais faire des mathématiques Chère Plumes de légendes...

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C’est un peu l’un des buts de ces variations. Éveiller la curiosité des lecteurs afin d’aller au-delà de cette découverte et d’approfondir par eux-mêmes ces légendes.

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Margot Eden 1 giorno fa

merci beaucoup, je vais lire tout ça surtout que j'aime beaucoup les légendes bretonnes. Mes parents avaient un livre sur les légendes bretonnes suivant les lieux et c'est très intéressant.

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En effet, il devait être particulièrement intéressant. De quoi s’immerger en profondeur dans l’intimité historique de la Bretagne.

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Margot Eden 1 giorno fa

oui tout à fait. J'adorais me plonger dans ce livre.

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Margot Eden 1 giorno fa

Belle écriture qui accroche bien. Je suis bretonne et je connais bien les alignements de Carnac et j'étais curieuse de connaître cette histoire.

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Margot Eden 1 giorno fa

Et la Normandie est très belle avec de belles prairies vertes. J'ai aussi visité la Normandie avec mes parents avec les plages du débarquement, on avait fait un grand tour.

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Je connais bien ces pierres, terres et eaux… bon, là le vin me fait loucher mais c’est la faute de ma mère ! 🤣

(updated)

J’ai un certain penchant pour la Bretagne. Elle a d’ailleurs ouvert les portes de ces variations.

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