L'Acqua, un limes.
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L'Acqua, un limes.
Mi piace ascoltare il rumore dei miei passi, una specie di metronomo dei miei pensieri. Per questo le attese, che siano quelle di un treno, di una nave o di un volo non stingono mai in noia.
Santa Lucia è un terminus. A Venezia si puo' solo arrivare o ripartire, i treni non possono né transitarci, né attraversarla. Unicamente qui non cammino lungo i binari. A Venezia, so solo arrivare. Quando parto faccio finta di fare qualcos'altro. In genere leggo fino all'ultimo minuto. I libri sono il posto in cui vado quando non voglio essere da nessuna parte. Concentrata su una pagina, resto seduta sui gradini che scendono verso l'acqua. Una scalinata che comincia dove finisce la stazione. Una scalinata che non la collega alla città, ma che la separa da tutto, nettamente. Un limes. Dall'altra parte c'è la terraferma, ea tera, come la chiamano quelli che dalla laguna non escono mai, senza una ragione precisa, un'evidenza, come tante altre. I treni che ripartono da Venezia conducono ovunque, altrove, dove la vita è normale, perché spostarsi è normale. Ci sono strade, autostrade, vie, sentieri, cammini. Se vuoi andare da un posto all'altro devi solo volerlo, e puoi farlo. Non nella mia città. Se vuoi andare da un posto all'altro, devi chiederlo all'Acqua. E' lei che decide dove puoi andare, e perfino quando ci puoi andare. Ho sempre rifiutato di pieagarmi a qualunque minima prepotenza degli esseri umani. Mi sono sempre adeguata a quella dell'acqua, offrendo il mio tributo di obbedienza senza inutili rivendicazioni di vivibilità. Una rassegnazione che vale tutte le cittadinanze del mondo. Tardi nella vita ho scoperto che tutti quelli di noi che da qui non se ne andranno mai definitivamente, sono come me.
Aprile 2021
J’aime écouter le bruit de mes pas, une sorte de métronome de mes pensées. Pour cette raison, mes attentes, qu’elles soient celles d’un train, d’un navire ou d’un vol, ne virent jamais à l’ennui.
Sainte-Lucie est une gare terminus. À Venise, on ne peut que y arriver ou partir. Les trains ne peuvent ni y transiter, ni la traverser. Uniquement à Venise, je ne marche pas le long des quais. A Venise je sais seulement y arriver. Quand je pars, je fais semblant de faire autre chose. En général, je lis jusqu’à la dernière minute. Les livres sont l’endroit où je vais quand je ne veux être nulle part. Concentrée sur une page, je m’assois sur les marches qui descendent vers l’eau. Un escalier qui commence là où la gare se termine. Un escalier qui ne la relie pas à la ville, mais qui la sépare de tout, nettement. Un limes, une frontière. De l’autre côté, il y a le continent, « ea tera », comme l’appellent ceux qui ne quittent pratiquement jamais la lagune, sans une raison précise, par simple évidence. Les trains qui partent de Venise emmènent partout, ailleurs, où la vie est normale. Où se déplacer est normal. Il y a des routes, des autoroutes, des rues, des chemins. Si on veut aller d’un endroit à un autre, on n’a qu’à le décider, et on peut le faire. Pas dans ma ville. Si on veut aller d’un endroit à un autre, il faut le demander à l'Eau. C'est elle qui décide où vous pouvez aller, et même quand vous pouvez y aller. J’ai toujours refusé de m’incliner devant la moindre arrogance des êtres humains. Je me suis toujours adaptée à la volonté de l’Eau, offrant mon tribut d’obéissance sans opposer vaines révendications de viabilité. Une démission qui vaut toutes les citoyennetés du monde. Tard dans ma vie, j’ai découvert que tous ceux d’entre nous qui ne partiront jamais définitivement d’ici sont comme moi.
Atelier d'écriture Cédric Gras, Avril, 2021