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Hemingway et l'aubergiste.Tiré d'une histoire vraie.

Hemingway et l'aubergiste.Tiré d'une histoire vraie.

Pubblicato 3 gen 2023 Aggiornato 11 mar 2023 Cultura
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Hemingway et l'aubergiste.Tiré d'une histoire vraie.

 

C’était la fin de la guerre. Un soldat américain une fois quitté son bataillon qui s’était battu sur le front Vénétie se pointe une nuit  dans un îlot de pêcheurs à Venise. Il est sans le sous, cabossé par la guerre, anéanti par la perte de tant de copains et par la mort de quelqu'un qu'il aimait profondement. Tous les jours il va se saouler dans une petite auberge de la Lagune Nord, nommé Cipriani, et il loue une chambre chez l'habitant pas très loin. Bientôt il devient ami de l’aubergiste et laisse sur place sa Remington. Il commence à aller là bas pour écrire, non pas que pour se saouler.  Las années passent le jeune soldat devient  Ernest Hemingway. Tout le long de sa vie il chante les louanges de cette petite auberge sur l’île de Torcello, tout comme sa grande amitié avec l’aubergiste. Un fois qu'Hemingway est célèbre, cet endroit devient un incontournable, surtout pour les anglophones. Encore de nos jours le Prince Charles d’Angleterre ne loge que chez Cipriani quand il vient à Venise. Le vieil aubergiste se retrouve très riche. Tout le monde lui disait, de son vivant, d'un air moquer: “eh, Cipriani, tout cela n'existerait pas, si Hemingway n’avait pas fait ta fortune”. Un  beau jour le vieux s’est énervé et il a exclamé: “ mais allez tous vous faire foutre, Ce n'est pas Hemingway qui a fait ma fortune, c’est moi qui a fait la fortune d’Hemingway. Il est arrivé ici sans le sous, à moitié mort,  il n’avait pas écrit sur le front “génie de la littérature”, je n’avais jamais vu un génie de la littérature, moi. Il faut en avoir rencontré pour pouvoir les reconnaître. Moi, à l’époque je savais à peine ce que c’était un bouquin, le meilleur usage que j'avais trouvé au seul que j'avais à la maison c'était de cale pour les pieds du lit…Votre Hemingway aurait pu crever si c’était pour ce qu’il y avait autour de nous à la fin de la guerre. Si moi je ne lui avait pas filé mes fringues, offert mon pinard et la bouffe, serré entre mes bras quand il chialait, et parfois même payé sa chambre chez la logeuse, quand le mandats d'étranger tardaient, mon cul qu’il allait devenir prix Nobel, il se serait tiré une balle dans la tête bien avant!” .J’ai assisté à cette scène, quand j’étais enfant et j’ai continué à m’interroger à ce sujet.  De temps en temps je demandais au père Cipriani pourquoi il avait fait cela pour Hemingway : - les temps étaient rudes, les soldats vagabonds si nombreux, pourquoi pour lui et non pas pour quelqu’un d’autre ? Il me regardait dans les yeux, il souriait, et il me disait : “ah… si tu savais, ma petite…”. Je n'insistais pas plus que ça, puisque que Hemingway et lui c'était le secret de sa vie.. Il avait dans le regard une tendresse qui tenait presque à l'amour et cela m'a toujours imposé le respect, même quand j'étais enfant. Un soir, c’était l’été, on était dans le jardin en train de nous faire bouffer par les moustiques , qui pullulent à Torcello et le père Cipriani, - avait tempêsté : "Bon sang, qu’ils m’expliquent les curés: si Dieu existe et il est si bon, pourquoi il aurait infestés ces lieux magnifiques avec tant des moustiques?!" Je lui ai dit: " Moi j’aurais fait cela pour éviter que ces lieux magnifiques soient infestés par les êtres humains". Il s’est levé, il m’a posé sa grosse main sur la tête et il m’a dit: “Reste-là, je vais chercher de la citronnelle... et je vais te le dire à toi, pour Ernest, mais tu gardes ça pour toi. Tu vas comprendre un jour, j’en suis sûr, quand tu sera grande”. C’est comme ça que grâce aux moustiques gardiennes des eaux lacustres j’ai eu droit à la plus belle leçon de littérature de ma vie. Il est revenu et il m’a dit: “Ben voilà: on dit que les génies sont des gens bizarres, qu’ils font des choses bizarres, tout le monde vient ici pour me demander des anecdotes sur mon ami, même maintenant qu’il est mort ... comme s’il était un curiosité, une bête de foire. Et bien , je les emmerdes, tous. Ernest n’était pas bizarre, il ne faisait rien de bizarre, juste il ne faisait rien comme les autres le font, tout simplement. Jamais.  Il n’avait pas marqué sur le front “génie de la littérature” quand je l’ai connu, mais il avait marqué ça sur le front: unique. Je n’ai pas voulu laisser mourir quelques chose d’unique. Voilà tout. Il ne parlait pas souvent, mais chaque fois qu’il me parlait de quelques chose:

cette chose changeait sous mes yeux , elle existait plus qu’avant et à tout jamais...j’ai compris seulement après que c’est ça, le génie de la littérature.

Devenue grande j'ai enfin compris. J'ai passé des années dans des universités, comme élève, mais pas seulement. Pourtant la plus belle définition de littérature que j'ai récue de ma vie, la seule que je me sens de transmettre je l'ai entendue par un aubergiste:“Elle fait changer les choses sous tes yeux, elle les fait exister plus qu'avant et à tout jamais".

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