La Gazette de Gascq : interview du Docteur Moreau

Aujourd'hui notre reporter rencontre le Docteur Herbert Moreau. Ce dernier dirige l'institut Erebus dont le mystérieux bâtiment fait presque partie intégrante des entrailles de notre forêt landaise.

La Gazette de Gascq : rencontre avec le Docteur Herbert Moreau

LGDG : Docteur Moreau, vous dirigez l'Institut Erebus, qui n’est pas véritablement une clinique, quelle est donc la particularité de cet établissement ?

Dr M. : C’est un immense honneur pour moi de présider cette institution privée spécialisée dans les traitements expérimentaux. Outre les maladies rares, nous sommes à la pointe de la créativité et du soin, notamment avec notre expertise en thérapies de l’esprit. Voyez-vous, notre devise est un éclairage sur l’absolue nécessité de notre existence : « Là où la lumière de la science rencontre l’ombre de l’inconnu ». C’est beau n’est-ce pas ? Personnellement, ça me fait prendre le bistouri pour tailler dans l’immobilisme et créer de nouveaux concepts du soin. Je suis là pour guérir ce que les autres ne voient pas.

LGDG : D’où viennent vos patients, qui les orientent vers la Fondation ?

Dr M. : Ils viennent de partout où le désespoir a rendu leur situation désespérée. Notre approche de manipulation des consciences permet d’obtenir des résultats exceptionnels. Nous pouvons aller au-delà de la mort clinique pour remodeler le corps et l’esprit, et libérer les individus de leurs possessions psychiques.

« Là où la lumière de la science rencontre l’ombre de l’inconnu »

LGDG : La plupart du temps, vous fonctionnez comme un petit hôpital de campagne, mais avez-vous en ce moment des cas plus spécifiques à hauteur de vos attentes ?

Dr M. : Oui, je viens de rentrer un spécimen intéressant. Un accident de voiture banal, mais j’ai retenu une lésion crânienne prometteuse qui pourrait avoir modifié l’intégrité du cerveau. Je pense qu’il souffre actuellement de ce que j’appelle le syndrome de la fracture mnésique. C’est une amnésie post-traumatique avec fragments de mémoire résiduels incompatibles avec l’histoire du patient. Le risque est le développement d’un écho de l’impact accompagné d’un délire de substitution crânienne.

LGDG : Cela semble particulièrement délicat, avez-vous des statistiques de guérison pour ce genre de cas, en général et celui-ci en particulier ?

Dr M. : Vous savez, les chiffres ne sont que des chiffres. L’essentiel est ailleurs. L’essentiel est dans le progrès que nous faisons à chaque mort que nous avons. Remplacer des poumons nécrosés par des hybridations branchiques ne se fera pas sans quelques essais thérapeutiques. Ce n’est pas le cas ici, bien entendu, mais j’ai bon espoir qu’un étirement des circonvolutions cérébrales permettra de déméandriser les souvenirs de notre spécimen. Je travaille actuellement sur la réorganisation des méninges port-opératoire. Le but est de remettre en ordre l’ensemble de la matière dans la boîte crânienne. Vous savez probablement que lorsqu’on déballe quelque-chose, on a toujours du mal à tout remettre dans la boîte.

LGDG : Merci Docteur Moreau, je ne vous retiens pas plus longtemps, vous m’aviez dit que votre temps était compté.

Dr M. Oui, je vous remercie. Je m’en vais de ce pas visiter notre spécimen. La science nouvelle n’attend pas.