Chapitre 11 - Bon ou mauvais présage à la chapelle Saint-Languis...
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Chapitre 11 - Bon ou mauvais présage à la chapelle Saint-Languis...
Le lendemain, Augustine se réveilla sous les douces caresses de sa mère. La première chose qu’elle vit, fut ses yeux remplis d’espoir. Elle souffla à sa fille qu’il était temps de reprendre son bâton de pèlerin, une autre chapelle les attendait sur la rive de l’Elorn. Avant de partir, Augustine entra dans la chapelle et inséra sa pierre ronde dans l’un des orbites de la statue de Saint-Jean-Baptiste afin que de futurs pèlerins puissent aussi bénéficier de ses bienfaits sur la vue.
Lorsqu’elle sortit de la chapelle, c’est plus d’une centaine de personnes qui l’attendait avec impatience, pour savoir qu’elle serait la suite des événements. Augustine fendit la foule, suivie de sa mère, et commença à marcher vers l’ouest, sur les bords de l’Elorn. En file indienne, ils arrivèrent au Froud et entrèrent dans le bois de Kererault. Entre les rochers et les cascades d’eau, baignés de nature, les pèlerins firent vœu de silence et autour d’eux, les oiseaux chantaient à tue-tête à leur passage. Ainsi accompagnées, Augustine et sa mère se sentirent revigorées, en harmonie avec la nature qui les entourait… même si ce bois leur rappelait aussi que c’était ici qu’avait été le dernier refuge de leur Mammig(1). Arrivées au hameau du Passage, Augustine et sa troupe se rendirent compte qu’il y avait déjà du monde dans la plus petite chapelle de la Presqu’île.
Souvent visitée par les Plougastel et les voyageurs de passage, on venait à la chapelle de Saint-Languis pour prier que la traversée en bac sur la rade se passe sans encombre, contre vents et marées. Cette chapelle était d’autant plus honorée qu’il s’y produisait un phénomène étrange dans le puits attenant. Quand c’était marée haute, l’eau du puits descendait et à marée basse, elle montait… mais sans jamais que l’eau n’ait un goût saumâtre ! Mais ce n’était pas pour cette raison qu’il y avait tant de monde ce jour-là… Les miracles répétés d’Augustine commençaient à faire du bruit jusqu’à dans Landerneau, et des femmes avec leurs enfants malades, s’étaient retrouvés là dans l’espoir de la rencontrer pour qu’un miracle se produise sur leur enfant. Au pied du calvaire, les habitants du Kordennad(2) avaient déposé des fruits de leurs vergers et ainsi, tout le monde put reprendre des forces. Au sommet de son bâton, Augustine y planta une belle pomme pour la manger plus tard. Elle fit ensuite trois fois le tour de la chapelle, dedans et dehors, mais Augustine n’y vit aucun signe… mais elle sentit une force l’appeler encore plus à l’ouest.
La foule d’une centaine de personnes la suivit en silence et ils se retrouvèrent à un kilomètre de là, à l’ouest, près du Cap. Sur la grève, au pied d’un rocher, Augustine se mit alors à genoux et creusa de ses mains nues. A force de persévérance, une eau bourbeuse jaillit. C’est à ce moment là qu’une femme, sortie de nulle part, approcha. C’était une Naïg Ar Vengleuz(3), devineresse qui vivait en ermite dans les bois. Elle prédit à l’assemblée :
- Si vous souhaitez savoir si votre enfant va vivre ou mourir, enlevez lui sa chemise et donnez-la moi. Saint Languis nous dévoilera la volonté de Dieu.
Ainsi, les enfants et leurs mères passèrent, à tour de rôle, entre les mains de la Naïg. A chaque enfant, le même cérémonial se déroula. Elle plongeait la chemise dans le trou d’eau et selon que l’une ou l’autre des extrémités surnageait, la Naïg en tirait un bon ou un funeste présage. Elle remettait ensuite la chemise mouillée sur l’enfant et tous retournaient, plein d’espoir ou de désespoir, à la Chapelle Saint-Languis, allumer un cierge et prier. Une fois que toute la foule fut passée, la fontaine s’était tarie et la Naïg avait disparu. Augustine retourna alors dans la chapelle retrouver les autres et demanda à neuf femmes, toutes appelées Marie, de donner une obole pour faire dire une messe à Saint-Languis afin que la langueur des enfants cesse définitivement. Quelques jours plus tard, la messe fut dite par le curé Baod, qui oscillait toujours entre la construction du calvaire et les enterrements collectifs. La cérémonie se termina par une envolée de cloches… Etonnée par tant de vacarme, l’assemblée sortit de la chapelle à la hâte et eut juste le temps de voir une cloche s’envoler, comme par miracle, vers le bourg. Tous se mirent à genoux face au calvaire, pour remercier la clémence de Dieu.
(1) Mammig : Petite mère en breton
(2) Kordennad : Division de paroisse en breton
(3) Naïg Ar Vengleuz : devineresse en breton