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L'apothicaire.

L'apothicaire.

Pubblicato 4 nov 2024 Aggiornato 8 nov 2024 Absurd
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L'apothicaire.

L’apothicaire observait son apprentie à travers le verre jaunâtre. Il était fier d’avoir détecté tant de talent chez une petite créature des rues, une enfant abandonnée, réduite à voler au marché pour se nourrir.

Un soir de tempête, l’apothicaire lui avait ouvert les portes de son échoppe pour qu’elle s’abrite de la pluie et du vent, et depuis, elle n’en était jamais repartie. Il avait vu ses yeux briller devant les fioles, les poudres, les livres de formules et les plantes en tout genre qui séchaient, suspendues au plafond de son laboratoire. Sa curiosité l’avait ému. C’est qu’il n’était plus tout jeune l’apothicaire. Célibataire, il n’avait jamais pris le temps de se fabriquer une descendance. Sa boutique était destinée à disparaître, ou pire, à être reprise par cet ignoble boucher de l’autre côté de la rue qui lorgnait sur son pas-de-porte depuis dix ans.

Il le savait, la première qualité d’un apprenti apothicaire c’était l’envie. L’envie d’apprendre, l’ambition de découvrir, l’audace d’inventer de nouvelles formules. Cette jeune fille avait tout cela. Il la formerait donc.

L’apothicaire était orgueilleux. Il avait passé sa vie à construire sa réputation, et désormais l’on venait de tout le pays pour acheter ses remèdes, et il faut bien le dire, quelques filtres un peu mystérieux. Amours à sens uniques, malchance congénitale, maladresse récidivante, il savait trouver les traitements les plus efficaces aux maux les plus singuliers.

L’apothicaire était un peu sorcier. Et c’est bien cette science méconnue qu’il s’était attelé à enseigner à son apprentie.

Mais, l’apothicaire était radin. Contre le gîte et le couvert (petit, le couvert), il faisait travailler son apprentie jour et nuit. Pour lui donner le goût du travail voyez-vous. C’est que les jeunes gens sont fainéants.

L’enfant courrait de livraisons en livraisons dans les maisons les plus fortunées de la ville. Ébahie par tant de richesses, elle se dit quelques fois qu’un bibelot ou deux ne leur manqueraient pas, aux riches. Mais l’apothicaire était tatillon sur le chapardage, et l’apprentie s’était parfois vue privée d’un repas ou deux, au bon vouloir de son maître. Et moins de pas grand-chose, cela ne fait pas beaucoup.

Désormais, l’apothicaire était comblé. Bouffi d’orgueil d’avoir façonné une tête si bien faite. Le temps de la retraite était venu. Apaisé et serein il observait sa relève s’affairer derrière l’impressionnant comptoir en chêne. Elle virevoltait entre les fioles avec une aisance presque poétique, marmonnant quelques formules tout en pilonnant des fleurs séchées aux couleurs indescriptibles.

 

L’apprentie était ambitieuse. En quelques années elle avait convaincu son maître de se consacrer aux remèdes les plus étranges. Ceux pour lesquels les gens viendraient de loin et dépenseraient sans compter. Ensemble ils avaient percé les secrets de l’alchimie, voyagé dans les pays les plus reculés, récolté les herbes les plus rares, consigné les magies les plus périlleuses.

L’apprentie était maintenant à la tête d’une affaire florissante. À la cour, son nom circulait dans les alcôves. Les plus grands noms faisaient appel à elle pour écarter un rival… Auquel elle vendait le remède quelques jours plus tard. Maligne l’apprentie on vous dit.

Prudent, son maître avait bien essayé de lui enseigner les limites, de lui transmettre un peu de morale. Mais que voulez-vous, l’éthique et la déontologie n’ont jamais rempli un ventre vide et l’apprentie avait passé son enfance à mourir de faim.

 

L’apothicaire était un peu sourd. Il n’avait pas entendu entrer la cliente qui s’approchait maintenant du comptoir. La dame cachait son visage sous une cape de brocard richement brodée. Il voyait bien les lèvres de l’apprentie bouger mais impossible de saisir le moindre mot de leur conversation. Quelques regards en coins vers lui le gonflèrent d’orgueil. Sûrement un problème épineux pour lequel elle avait encore besoin de ses conseils. S’il avait pu, il aurait souri jusqu’aux oreilles.

Les deux femmes discutaient. L’apprentie hocha la tête d’un air entendu. Les mains de la dame s’agitèrent et firent virevolter ses gants de soie au-dessus du comptoir. Le sujet semblait délicat. Les problèmes féminins avaient toujours rebuté l’apothicaire. Gentleman, il détourna le regard pour laisser à ces dames un peu d’intimité.

L’apothicaire avait dû s’assoupir (l’âge sûrement). Il fut réveillé par une ombre à la lisière de son champ de vision. Son apprentie était là, juste à ses côtés. Implorant son aide, probablement. Mais alors qu’il s’apprêtait à jouer les surpris avant lui accorder toute sa sagesse, les mots restèrent suspendus. Aucun d’eux ne trouvait la sortie.

L’apprentie était une excellente commerçante. Elle glissa sa main dans le bocal qui trônait sur le comptoir et récolta son artéfact le plus précieux. Les deux petits globes ébahis de l’apothicaire roulèrent et s’entrechoquèrent au creux de sa paume. Puis, elle les déposa délicatement (presque avec respect) au fond d’une petite boîte ornée d’un coussin de velours écarlate, et tendit la précieuse marchandise à sa cliente. Une fois la bourse de pièces d’or à l’abri au fond du coffre-fort, l’apprentie sourit. Elle avait toujours aimé les jeux de mots.

 

Dans sa boîte, incrédule, le vieil apothicaire comprit que cette histoire lui avait coûté les yeux de la tête.

 

Photo de Matt Briney sur Unsplash

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