Ces histoires que l’on ne comprend pas - Partie 1 : Monténégro
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Ces histoires que l’on ne comprend pas - Partie 1 : Monténégro
C'est la première chose qui m'a choquée en arrivant à Kotor, une des destinations les plus prisées du Monténégro : un immense bateau de croisière dans une petite baie. Connue pour sa vieille ville et sa superbe muraille défensive, les paysages qui entourent ce site classé au patrimoine de l'Unesco font penser à un mélange entre un Fjord et des calanques.
Les gorges de Kotor ! Enfin mon ami et moi les contemplons après plusieurs heures de routes sinueuses. Nous avons pris les petits chemins, comme souvent, afin de découvrir par nous-mêmes ce coin de l'Europe que nous ne connaissons pas. Au détour d'un virage nous apercevons ce somptueux paysage. Ce n'est pas étonnant que tant de monde souhaite s'y rendre.
Mais au milieu de ce décor époustouflant, quelque chose nous dérange. Un énorme paquebot, non deux, se trouvent dans cette minuscule enclave. Sans se poser d'autres questions, nous descendons au bord de l'eau afin de découvrir l'ancienne cité fortifiée. La route est agréable et nous profitons de la vue. Après une balade dans la vieille ville, nous nous attaquons aux remparts. Problème : un navire a accosté peu de temps avant et c'est maintenant un flot de touristes qui emplissent d'un coup les rues de la petite bourgade. On est bons pour faire la queue.
Les remparts de Kotor sont beaux et la vue l'est encore plus ! Je vous laisse voir par vous-même :
Un peu déçu ? Nous aussi.
Le but de cet article n'est pas de critiquer les lieux touristiques, mais la façon dont nous consommons ces lieux au lieu de les conserver.
Nous sommes alors partis vers Budva, une station balnéaire proche. Mais ce qui est considéré comme le Saint-Tropez des côtes monténégrines est-il plus attirant ou moins "touristique" que Kotor et son histoire ? Non. Mais nous y avons découvert quelque chose de bien plus intéressant !
A l'extrémité Est de la plage de Budva, c'est-à-dire à l'opposé du centre historique et de son vieux port, nous entendons de la musique. Elle a l'air forte et plutôt entraînante. Pour ne rien vous cacher, mon ami et moi aimons bien faire la fête ! On aime surtout parler aux jeunes des pays dans lesquels nous allons et essayer de se comprendre mutuellement et d'apprendre d'eux. Et ce jour-là nous n'étions pas les seuls !
Un bar avec des dizaines (plutôt des centaines) de jeunes se dresse isolé sur le sable caillouteux. Un DJ local s'occupe de faire monter une ambiance déjà bien lancée. La musique est bonne, les boissons peu chères, et tongs et escarpins se mélangent sur la piste. Nous allons commander et nous poser au bord de l'eau. C'est alors qu'on remarque une grande affiche accrochée sur la façade :
Sur cette banderole, 6 drapeaux : le Monténégro, la Serbie, la Slovénie, la Croatie, la Macédoïne du Nord et la Bosnie-Herzégovine. Ces pays forment ensemble les Balkans dit "occidentaux". Vous savez sûrement que l'histoire récente de la région est très complexe. La chute de la Yougoslavie et les guerres qui ont suivies, on les a étudiées en Histoire au lycée. Vous avez eux une semaine de cours et vous avez appris les conflits et les divergences d'idées, de cultures ou de religions.
Mais au bord de cette plage, on a rencontré les jeunes qui viennent de ces pays. Et le message qu'ils renvoient n'est pas le même. Ils sont nés pendant ou après ces guerres et se sentent pourtant comme des "peuples frères". Des jeunes Serbes parlent du Kosovo comme d'un pays à part entière alors même que leur gouvernement, tout comme l'ONU ne reconnaissent pas son indépendance. Pendant que les albanais et les bosniaques partagent une même table, les macédoniens entament une danse qui ressemble à une Macarena locale.
Une discussion avec un groupe nous en apprendra un peu plus. Cet endroit est loin d'être unique dans cette région. Marre d'être séparés par le passé, ou par des conventions sociales, les jeunes ont décidé d'agir. Quelques soient leurs nationalités, ils se retrouvent pour danser, faire du sport, bronzer ou monter des groupes de musique ou de parkour. Comment pourrait-on croire que des peuples qui se faisaient la guerre il n'y a pas 20 ans puissent se respecter si simplement ?
Alors oui bien sûr, je suis loin de dépeindre l'entièreté des relations qui se nouent et se dénouent et je ne pense pas que qui que ce soit le puisse. Mais j'ai pu apercevoir que tous les jeunes réunis ici ne voulaient qu'une chose : profiter tous ensemble d'une bonne journée, loin des jugements et des mauvais regards, sans tenir compte de nos origines ou des frontières qui nous séparent. Et de regarder le soleil se coucher sur la mer en chantant du Bob Marley :
"One love, one heart,
Let's get together and feel alright"
Merci à Romain Legros pour les photos !
Instagram : @legrosromain
Site internet : Romain Legros