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Femme de ménage et autres illusions ...

Femme de ménage et autres illusions ...

Publié le 2 août 2024 Mis à jour le 2 août 2024 Société
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Femme de ménage et autres illusions ...

Le visage radieux et la gorge gonflée de satisfaction, une copine m'annonce qu'elle fait appel à une femme de ménage depuis plus d'un mois.

           - "Ça me soulage beaucoup, car entre les enfants à gérer, les courses à faire, les repas à préparer, le ménage, occuper les mioches tous les mercredis et en plus le travail, ça faisait trop - vraiment trop!" m'explique-t-elle.

Je la félicite de cette initiative sans y prêter trop d'attention. Puis elle ajoute cette phrase qui m'électrise :

            - " Ca va sauver mon couple, j'en suis sûre !"

J'ai fait une grimace non contrôlée en entendant cette énormité et j'ai cru percevoir un peu de vexation sur son visage. Alors je n'ai rien dit, mais j'ai pensé  :

Mais quelle idée ?!!!!

Ça s'appelle, cacher la poussière sous le tapis, puis s'autocongratuler de la propreté des lieux !

C'est accepter la soumission inhérente à ma condition de femme et faire le choix de ne pas la combattre. Au contraire, je la fais perdurer en déplaçant le problème.

Au lieu de demander à mon mari la juste part de travail accordé à notre vie commune, j'externalise une partie de ma soumission auprès d'une femme de ménage, souvent étrangère et beaucoup plus précaire que moi.

Je ne vois pas en quoi c'est une solution satisfaisante ?!

Le problème n'est pas le ménage et l'entretien de la maison en soi. Le problème est qu'il semble sociétalement convenu que le ménage relève de la responsabilité d'une seule et même personne dans un foyer. Moi qui me perçois d'abord comme un individu avec ses qualités intrinsèques puis comme une femme, voici comment je vois les choses :

Être en couple ou en famille signifie que plusieurs individus vivent ensemble dans un espace commun. Dans un souci d'organisation du groupe, il est normal qu'une répartition des tâches se mette en place.

Toutefois, il me semble que si chaque individu travaille à part égale et se soucie un tant soit peu de sa dignité personnelle, il doit alors s'inquiéter de la salubrité et du confort de son lieu de vie. C'est un soin apporté à son intimité.

Dans le film "Les Côtelettes", Philippe NOIRET et Michel BOUQUET se demandent si les socialistes ont une plus grande propension que les gens de droite à nettoyer leurs traces de merde au fond des toilettes. C'est donc bien un questionnement sur les valeurs d'un Homme!

Quel genre d'individu sous-traite, toute sa vie, le nettoyage de ses chiottes ?

C'est toute ma question. Que dire des valeurs d'une personne qui ne soigne pas son lieu de vie. Même les rats entretiennent leur refuge. Pourquoi pas nos maris ?

Accepter que son partenaire ne s'enquière pas de ce problème de dignité est grave.

C'est accepter qu'il ne respecte pas l'espace de vie qu'il partage avec les autres. C'est accepter qu'il ne respecte pas mon espace de vie, et donc c'est accepter qu'il ne me respecte pas...d'une certaine façon.

Au nom de l'instinct maternel, au nom d'une image fantasmée de la mère de famille, nous acceptons que nos partenaires se libèrent de certaines contraintes. Ils se relâchent, se détendent et prennent leurs aises pour finir par se sentir un droit naturel à déléguer des tâches pourtant essentielles à la survie du groupe et à la qualité de notre vie à tous.

Tandis qu'ils se libèrent ainsi des contingences de notre existence commune, ils réduisent les individus que nous sommes à une identité féminine plus servile, plus utilitaire. Ils nous rendent plus petites que nous sommes !

C'est ainsi que notre soumission perdure et se perpétue, tandis qu'ils décapsulent leurs bières, ivres de la satisfaction d'être bien servis par une société que nous avons fait injuste, sauf pour eux-mêmes. 

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En fait, non, je m'égare. Je me dois d'être honnête. Les hommes n'ont pas vraiment pris le pouvoir sur nous. Nous leur avons donné l'opportunité de se sentir au-dessus de nous. C'est ça le drame ! C'est pour cela que les cultures les plus misogynes sont aussi celles où l'éducation des enfants est confiée aux femmes essentiellement. Je pense au Japon ou à l'Arabie saoudite...

Me vient alors à l'esprit ce triste tryptique :

Les misogynes ont des mères de misogynes > Les hommes ont des femmes > Les femmes ont des femmes de ménage...La boucle est bouclée et rien n'a changé.

Les Sandrine Rousseau qui rêvent d'envoyer des milices dans chaque foyer pour y contrôler la répartition des tâches ménagères se trompent de combat. On pourrait réduire les hommes à leurs seuls défauts, on pourrait taper sur eux pour leurs comportements irrespectueux. Oui, le contrôle et la répression sont une idée. Une idée merdique, mais c'en est une.

Sinon on peut aussi éduquer nos enfants, garçons et filles, en se comportant de façon exemplaire devant eux. C'est une idée aussi ! Elle est moins facile mais elle est juste !

Tant que les femmes joueront au rôle que nos habitudes sociétales leur imposent, la société ne changera pas. L'expression très chrétienne "Aide-toi et le ciel t'aidera" pourrait être détourné ici :

"Change et la société changera".

En fait, Mesdames, pour que la société change, nul besoin de jouer à la féministe politisée. Nul besoin de brandir des pancartes et d'interdire le barbecue. Il y aurait juste un petit combat à mener et que beaucoup d'entre nous ne souhaitent malheureusement pas souscrire.

Il suffirait que dans l'intimité de nos foyers, nous refusions fermement de faire ce que l'on ne saurait décemment imposer aux autres. Pendant quelques jours, quelques semaines, quelques mois pour les conjoints les plus coriaces. Le jour où ils n'en pourront plus d'avoir faim, de porter des vêtements malodorants et d'encombrer le lavabo de la cuisine d'une tonne de vaisselle sale , ce jour là, ils trouveront l'énergie en eux de faire ce qu'il faut faire pour aller mieux.

Cela ne voudra pas dire que vous êtes une mauvaise compagne. Cela voudra simplement dire que vous avez fait le choix de vous respecter autant que vous respecter les autres.

En 2024, il serait temps d'y songer, non ?

Alors faites la grêve et changeons la société !

 

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