

Lucie
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Lucie
La nuit s’abattait sur le monde,
quand elle a poussé la porte d’entrée.
Le bar était déjà très sombre,
et la vie plus amère que jamais.
Elle a replié son ombrelle,
dénoué le lien dans ses cheveux,
retiré son caban pastel,
et m’a salué du coin des yeux.
Puis elle s’est assise,
là où s’assied toujours la solitude,
sous une lumière qui se tamise,
un mirador en désuétude,
d’où l’on peut voir sans être vu,
où l’on peut boire
quand rien ne va plus.
Elle ne dira pas un mot,
et ne restera guère longtemps.
Le temps d’un solo de moineau,
d’une gueulante de goéland.
La chair, déposée, là,
sur la vieille chaise en bois,
leurrant ceux-là qui ne voient rien,
qui passent et ne regardent pas.
Comme une ombrelle,
son corps mis de côté,
comme un caban pastel,
étendu sur un dossier,


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