Lettre d'un battement de tonnerre
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Lettre d'un battement de tonnerre
Ô comme il est terrible d'user d'évanescents et d'autant plus pesants "et si", à la manière des artistes incompris, qui, au travers d'une fenêtre libérée sur le monde, ne le subissent pas. Ô comme j'aimerais, peindre, chanter ou écrire comme ces ivrognes du cœur. Vivre de poésie, de femmes passagères, de vins d'enchère et de vagabondage. Errer sans errer, aller là où souffle le vent, et le respirer différemment ce vent, à chaque saison embrassée, au seuil de terres outrepassées.
Je ne connais aucun poète ; mon environnement s'envahissant depuis la première aube, d'athlètes seulement. Parfois, il m'arrive, au cours de soirées de solitudes violacées, d'entrevoir quelqu'un qui me ressemble et qui poétise l'univers comme s'il l'avait créé. Ces soirées-là, le papier constitue la mémoire, la plume, le déversoir, ta fervente lecture, l'encensoir. Puisses-tu porter haut dans ta conscience, tous mes élans de démence. Tu fais prospérer cette part de moi qui fait jouer l'esprit plus que le corps.
Il m'a toujours été donné de percevoir des ciels illimités, de les sentir jusqu'à les frôler, injustement. Mais aucun ciel sous lequel je puisse un jour, délibérément vivre pour le compte de ma seule personne. Vivre par la volonté de ma seule personne et envoyer au diable les convenances, la bienséance, l'ordre et le devoir. L'homme aspire à découvrir son gueuloir, j'aurais souhaité ne jamais hausser le ton.
Il me faut rayer plusieurs lignes à ces mots aliénés. Font-ils assez sens pour toi ; je m'interroge sur mes qualités du jour, car j'ai été meilleur ; je vois des regrets là où d'autres yeux ne s'attarderaient pas. Mon ami, je t'avertis, cette lettre souffre de maux qui, tu l'observes sans doute, se reflètent dans ces flaques d'encre où je ne saute pas ; si jamais cela te plairais de t'y essayer, sans broncher je t'y rejoindrais.
Au soir du dernier des soirs à consommer ma liberté, il me semble apercevoir un nuage plus foncé que les autres. Le ciel des artistes illumine une galaxie dans laquelle je ne vis pas. La nuit s'en vient tout juste, je ne devrais pas être en capacité de voir cette obscurité, et je la vois. Je pressens une chose que je ne sais verbaliser. Imagine sans ciller, mes poils se hérisser, ma langue fourcher et mon dos se dresser à ce constat précis : je décèle dans un ciel habillé en rose pastel, un nuage qui fronce les sourcils et qui augure une abomination.
C'est une journée différente, je me réveille plus tôt, me munie plus tôt de cette humeur généralisée, celle qui accompagne les actes manqués, ces éclats d'émotions qu'on préfererait abandonner aux nuits pour ne plus jamais s'en retrouver assiégé. Tu l'auras sans doute reconnue, ma définition du regret, une masse de combat qui frappe, qui fomente une chute, je te l'ai dit avant, des ailes j'en ai vaillamment souhaitées. À mes dépends.
Je me vois extrais de la rêverie. On ne m'autorise plus le rêve, ou moi-même l'ai-je éradiqué ? Lorsque la catastrophe s'amoncelle sous le signe d'une tâche noire dans le ciel, je me demande si ce n'est pas de l'encre que j'ai laissé sur cette lettre, et que j'ai perdu en tentant de magnifier un sentiment dont je suis la désolante démesure.
Cedric Simon il y a 25 jours
Un désespoir musical.
Les mots s'enroulent sur le lecteur, tels des tentacules libérateurs, comme une musique pour un novice, qui en ressent l'intensité sans pouvoir la définir.
Bravo et merci pour cet instant.
Marissa Brugallé il y a 25 jours
Merci beaucoup pour votre écoute et vos mots.
C'est toujours un plaisir de recevoir les sentiments que peuvent procurer ce type d'écriture.
Et ça me ravie !