Diptyque Nympho-Mécanique
Diptyque Nympho-Mécanique
Il était paradoxal, même lorsqu’il se prétendait cohérent.
L’aurore de son sourire se mêlait toujours à la tristesse de ses yeux, et son visage androgyne trahissait son intérieur. Car son cœur était aussi ardent que son esprit était froid. Il était une sorte de data-courtisant, comme si toutes ses données étaient au service du système : sensualité. Son regard de mire ne trahissait pas une soif d’apprendre, mais celle de vider l’autre de ce qu’il est. La société était un grand laboratoire où il usait de son scalpel ontologique jusqu’à épuisement… avant de recommencer. Il parlait bien ; sa voix maîtrisée était une berceuse pour le surmoi. Ce qui lui plaisait le plus, c’était de mettre les autres en face de leurs désirs, de les mettre à nu. Il n’était pas réellement mauvais, mais il adorait montrer qu’il en était capable. Malgré tout cela, son âme solitaire était mélancolique, dans sa bibliothèque et de fer. Oui, si je devais vous le décrire, ce serait ainsi : il avait ce don de dénuder les esprits, sans jugement aucun. La jeune Alice n’y faisait pas exception.
Elle était d’une beauté rare, même lors de ses plus grands tourments.
Elle ne pleurait pas exactement. Le sang de son âme s’échappait de ses yeux malgré elle. Oui, elle saignait beaucoup, et souvent quand j’y repense. Il s’agissait d’une sorte d’hémophilie sentimentale, et ce fluide vital ruisselait de jais le long de son visage d’albâtre, à mesure que fondait son maquillage. Ses yeux, d’ordinaire ébène, étaient alors constellés de reflets et devenaient des gemmes de la plus pure des obsidiennes. Parfois, elle s’en moquait. Son agonie, entrecoupée de tonnerres de rire, sublimait les éclairs jaillissants de ses joyaux larmoyants. Elle était… très noble dans sa vulnérabilité. Oui, si je devais vous la décrire, ce serait ainsi : elle avait ce don de faire ressortir le bon de tout mal. Le jeune Arthur n’y faisait pas exception.
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