La jeune fille de la Braye
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La jeune fille de la Braye
La jeune fille de la Braye
Elle est jeune comme un lever de soleil printanier, naïve comme une fleur persuadée que l'hiver ne viendra jamais, insouciante comme un vent dansant sur les cimes des arbres, et lumineuse comme une pleine lune éclairant les nuits d'été.
Chaque jour, elle parcourt les petits chemins verdoyants, parsemés de fleurs sauvages et d’herbes folles, peuplés d’insectes bourdonnants et curieux. Ils semblent s’attarder autour d’elle, fascinés par cette présence unique, comme une nouveauté délicate à explorer.
Les yeux mi-clos, la tête levée vers les grands peupliers, elle s'arrête pour laisser les rayons du soleil caresser sa peau. Dans cet instant figé hors du temps, elle effleure du bout des doigts les herbes et les fleurs, comme pour s’imprégner de leur essence.
Elle ne pense à rien, mais ressent tout, reliée au monde et à elle-même, à la fois en symbiose et en liberté. Chaque pas qu’elle pose sur cette terre résonne avec les souvenirs de celui qu’elle affectionne tant, qui jadis a foulé les mêmes chemins.
Fut un temps où il s’en allait ici, aux aurores comme au crépuscule, pour rejoindre la ferme de son grand-père et l’aider dans ses tâches. Aujourd’hui, c’est elle qui marche sur ses traces, prête à épauler le sien, à lui tenir compagnie, à écouter ses récits d’une enfance bucolique, pleine de joies simples et d’horizons infinis.
À travers lui, elle se sent protégée, invincible, comme si son cœur était abrité dans un écrin de sagesse. Elle admire cette vie d’autrefois, celle qu’il partageait avec sa grand-mère : un amour solide, intemporel, ayant traversé les épreuves sans jamais vaciller.
Elle rêve d’un bonheur semblable. Chaque soir, elle s’endort avec l’image d’un amour qui durerait des décennies, jusqu’à ce qu’à leur tour, ses petits-enfants viennent au bord de la Braye, comme elle-même le faisait avec son grand-père. Ces moments demeurent les plus précieux de sa tendre jeunesse, gravés dans son esprit comme des trésors éternels.
Elle se sent comme la fille de la Braye, profondément enracinée dans ce paysage qui semble murmurer ses secrets à chaque souffle du vent. Elle ne veut pas quitter cet endroit, ni ces instants qu’elle voudrait figer pour l’éternité.
Les pieds dans l’eau, elle savoure la fraîcheur de la rivière qui danse autour de ses chevilles, comme un secret confié par la nature. Elle sait que partir d’ici serait comme trahir une part d’elle-même, taire son âme et abandonner le lien précieux qui la rattache à ses racines et à ses souvenirs.