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J'étais un enfant laid

J'étais un enfant laid

Publié le 29 févr. 2024 Mis à jour le 23 mars 2024 Musique
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J'étais un enfant laid

Je n'étais pas bien grand ou du moins tout autant que je me trouvais beau.

C’est te dire à quel point, lorsque j'étais gamin, tout me semblait si haut,

hissé sur mes pointes, pour atteindre le rêve d’une vie merveilleuse,

de mes pieds qui s’esquintent par ces gestes qui saignent les orteils des danseuses.

Et je voulais grandir, pour dépasser d’une tête, le chêne centenaire

que je voyais sourire, qui depuis ma fenêtre, me regardait de travers.

Sans doute qu’il jugeait ridicule qu’un enfant puisse un jour le courber,

je n'étais pas bien grand ou du moins pas tellement lorsque l’arbre est tombé.

 

J'étais un enfant laid ou du moins tout autant que peut l'être le monde

qui fait des champs de blé, des champs du néant sous le bitume sombre.

C’est te dire à quel point, lorsque j'étais gamin, je n’avais pour passion

que de fuir l’humain, enfermé dans l’écrin de l’imagination.

La tête dans la lune et mon ciel étoilé éclairant les images

qui dissipaient la brume, faisaient glisser la plume sur tant et tant de pages.

Sur des tapis de neiges, au royaume des proses, les pensées se reposent…

J'étais un enfant laid ou du moins imparfait comme le sont tant de choses.

 

Je n'étais pas bien fort ou du moins tout autant que je me trouvais grand,

que tu saches à quel point, lorsque j'étais gamin, tout me semblait pesant.

C'était le dos voûté que je trainais des pieds et usais mes godasses,

quand le poids d'être né venait à m’imposer cette vie dégueulasse.

Et je voulais partir, comme on prend un bateau, pour aller voir la mer.

Ne jamais revenir, et puis suivre l’oiseau qui deviendrait ma terre.

Sur mon ile au trésor, y déposer ce corps que j’avais en fardeau.

Je n'étais pas bien fort ou du moins pas encore quand le navire a pris l’eau.

 

J'étais un enfant laid, ou du moins tout autant que peut l'être l’amour

qui se plait à briser le cœur des aimants depuis l’aube des jours.

C’est te dire à quel point, lorsque j'étais gamin, je n'avais de tendresse

qu’envers la solitude, qui s’donne un mal de chien pour tenir ses promesses.

Et c’est dans les nuages valsant avec le vent que je passais mes heures,

tentant de reconnaître, dans leurs formes abstraites, un semblant de bonheur.

Quand se ferment paupières sur des gouttes de sel, le ciel se fait silence.

J'étais un enfant laid ou du moins imparfait comme sont tant de croyances.

 

Je n'étais pas bien grand ou du moins tout autant que je me trouvais fort.

C’est te dire à quel point lorsque j'étais gamin tout me semblait si mort.

Le chêne centenaire, le bateau à voile, l’amour et le monde

se donnaient des airs d’inaccessibles étoiles pour une tête blonde.

Mais quand l’arbre est tombé, que l’bateau a coulé, qu’aurais-je bien pu faire ?

Quand l’amour s’est pointé et que le monde a tourné trop vite et de travers.

Je n'étais qu’un enfant, et en un court instant, l’enfant s’est perdu.

Je n'étais pas bien grand ou du moins pas tellement quand l’adulte est venu…

Oren

 Extrait de "Nous n'irons plus voir la mer"

et "Nous n'avions que la vie devant nous''

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Commentaires (2)

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Mel il y a 1 mois

un très beau texte qui parle à tant d'entre nous, bravo!

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