Mory Kanté, le révolutionnaire de la kora électronique
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Mory Kanté, le révolutionnaire de la kora électronique
Aujourd’hui, ce n’est pas seulement la Guinée qui pleure la légende et l’artiste Mory Kanté. C’est toute l’Afrique qui est en deuil ! Mory Kanté est mort ! L’auteur du tube légendaire Yéké-Yéké s’est éteint, le vendredi 22 mai 2020, à Conakry. Tout comme Manu Dibango et son saxophone; le griot Kanté brandit sa kora comme un arc de triomphe pour l’Afrique ! Qui était ce grand korafora, « dieu »de la kora traditionnelle, qui a révolutionné la kora électronique ?
L’artiste guinéen Mory Kanté est décédé des suites d’une longue maladie, ce matin du vendredi, dans un hôpital de la ville de Conakry. Son fils Balla qui a confirmé la mort de son père disait qu’il souffrait de maladies chroniques. Ce qui le conduisait souvent en France pour des soins. Avec la présence de la maladie à Coronavirus, a souligné son fils, ne pouvant plus effectuer le déplacement à Paris, son état de santé s’était dégradé,
Abidjan une étape importante dans sa carrière
Dans sa quête de la gloire musicale, Mory Kanté décide de quitter finalement le Super Rail Band de Bamako, pour s’établir, en 1978 à Abidjan, au bord de la Lagune Ebrié. Abidjan était à cette période une exigence pour tous les artistes voulant être célèbres et avoir une carrière internationale. Et Kanté l’avait bien compris. Mory est séduit par les moyens d’enregistrements abidjanais qu’il trouve plus professionnel comparé à ceux du Mali et de la Guinée. Sa connaissance des rythmes occidentaux enseignés à l’Institut de Bamako, la musique traditionnelle manding et de la rumba, le plonge dans un cocktail musical. Conséquence. Il enregistre en 1981 l’album Courougnègnè.
La renommée de Mory kanté avec le titre « Yéké Yéké »
Déjà, très connu dans toute l’Afrique de l’Ouest, Mory Kanté prend alors une dimension continentale. C’est le début d’une tournée européenne. En 1984, Mory Kanté était déjà une star en France. Ville parisienne qu’il décide de quitter. Selon le Français Alvarez, le déclic de la carrière de Mory Kanté vient en 1985 avec ‘’10 Cola Nuts’’ réalisé avec le producteur David Sancious, ancien clavier du E. Street Band de Bruce Springsteen. Le professionnalisme de ce dernier exigeait un sérieux de Kanté. Conséquence. Le succès critique est au rendez-vous et l’aura de Mory Kanté ne cesse de grandir pour sa vision moderniste de la musique africaine.
L‘un des grandes aides de Mory Kante à cette période fut Philippe Constantin alors président de Barclay. Avec lui, Mory Kanté enregistre l’excellent ‘’Akwaba Beach’’ en 1987. L ‘histoire de l’excellent ‘’Akwaba Beach’’, de Mory Kanté et de la France en est’’ Une’’ à savoir plus tard parce que Mory Kanté reçoit tout de même une victoire de cette musique 1988 en France. Revenons sur ce bijou, ce fameux « Yéké Yéké ». Le titre « Yéké Yéké » obtient un succès phénoménal à travers le monde. En 1990, Mory Kanté est au sommet de son sacre.
L’album Touma est enregistré avec la participation de Carlos Santana, tandis que l’artiste guinéen se produit, lors d’un concert à Central Park à New York en compagnie de Khaled. Mory Kanté est invité, en 1991, à donner un concert, lors de l’inauguration de la Grande Arche de la défense à Paris. Bien qu’enregistré en partie en Guinée, Nongo Village, en 1994 est taxé d’exploiter une formule bien rôdée et ne recueille pas les suffrages habituels. Cette situation Kanté finit pas y faire.
Son enfance et l’histoire de la Kora
C’est le 29 mars 1950 que naquit Mory Kanté à Albadaria, en Guinée dans une famille de 38 enfants. Descendant d’El Hadj Djeli Fodé Kanté, griot réputé, Mory Kanté dès son enfance avait déjà les germes de l’art de la griotique lors de l’initiation aux traditions, aux chants et aux instruments. Mory avait vu ses aînés devenus des griots.
Avec impatience, au milieu des années soixante, l’homme qui donna au monde le fameux titre a succès ‘’Yéké yéké’’, chanté en 1988, puis remixé 1996, influencé de la musique occidentale et de la rumba zaïroise décide de se mettre à la guitare. Les circonstances de la vie l‘emmène au Mali loin de sa terre natale, la Guinée. C’est le début d’un brasage de son, de technique musicale mais aussi d’inspiration entre l‘art traditionnelle mandingue, la rumba et la classique parce qu’entrera en 1969, à l’Institut des arts de Bamako comme étudiant.
Dès cet instant Mory avait déjà faire son choix. Devenir un artiste, chanteur et musicien. Les conséquences de ce choix sont bénéfiques. Il intègre en 1971 le Super Rail Band de Bamako ou 2 ans après deviendra chanteur principal en lieu place du virtuose Salif Keita, un autre ‘’Monstre’’ de la musique africaine.
Conscient de la rude concurrence entre les jeunes artistes de l’époque, Kanté décide de braver les limites. Il commence dès lors à apprendre la harpe africaine à vingt-et-une cordes, communément appelé ‘’La kora’’. Même si son ancêtre, le célèbre griot El Hadj Djeli Fodé Kanté, était génie du balafon, Mory lui avait était inspiré par la Kora, chose qui n’était pas facile pour lui parce que le balafon était pour ses parents un instrument familial à pratiquer.
Son jeu de la guitare et ces connaissances de la rumba transposés sur la kora pouvait lui rendre un très grand service dans son choix de carrière. Kanté le savait très bien. Il fallait avoir une identité musicale. Et, Mory avait fait le choix d’être identifié à la Kora.
Mory Kanté et l’électro
C’est sur ce chapitre musical que nous marquons l’‘impact de ce grand artiste et innovateur de la Kora électronique. Malgré son désir affiché de revenir à une musique plus traditionnelle, tout comme sa ‘’séparation’’ avec le balafon, c’est finalement vers l’électro que se tourne Mory Kanté. Vers la fin de la sa carrière moins de succès était son partage. De Tatebola en 1996 à Tamala en 2001, rien de s’arrange.
Comme si l’artiste mettait un terme à son inspiration, il sort un best of en 2002, qui capitalise une fois encore sur «Yéké Yéké» devenu un classique de la world music. Vers la fin de sa carrière, Mory Kanté se consacre alors à plusieurs années au centre culturel qu’il crée dans la banlieue de Bamako. Aujourd’hui, avec son décès, c’est un grand héritage musical (la kora électronique) que Mory Kanté surnommé le « griot électronique » laisse à l ‘Afrique.
Christian Guehi